Nous
sommes, tous, les fils du Père Noël
Petit papa Noël, j’ai besoin d’une idée pour commencer mon
billet d’humeur. Je n’en ai aucune et depuis plusieurs jours, c’est le vide. A chaque
essai c’est le bide : ce n’est plus de l’humeur, c’est de la désespérance
à l’état pur. Je tente de prendre du recul, j’observe, j’écoute, je me dis que
cela va venir… Rien ne vient, si ce n’est les effluves de la sinistrose
ambiante. Pourtant à y regarder de près le monde bouge.
La
magie ?
Le papa Noël opèrerait sa magie…
Regardez, même les rues de Perpignan se remplissent d’un
monde que Mister Nobody-Pujol avait renvoyé dans les proliférantes surfaces
commerciales de la périphérie. L’embellie durera-t-elle ? Je pense qu’il
faudra plus que quelques éclairages pour redonner du lustre à une cité qui a
des atouts, une histoire, une culture, mais qui traîne un lot de misères,
d’exclusions, d’inégalités profondément enkystées dans le tissu social :
les politiques municipales menées en ont fait leur terreau.
Jouissons de ce qui peut peut-être
ressembler à des promesses et servons- nous en pour y manifester notre
collective soif de vivre. Tout compte dans un monde troublé. Merci papa
Noël ! La pire des choses serait de se laisser gagner par le défaitisme
ambiant. La résistance est notre lot et l’humour peut parfois nous y aider.
Regarder les péripéties du Centre del Mon. Là, le papa Noël
semble impuissant, il rigole sous sa cape rouge. On avait une gare qui grâce à
Dali connaissait une gloire internationale qu’elle ne méritait pas, elle était
campée depuis des décennies sur un pôle de la ville qu’elle contribuait à
animer. Des élus, des urbanistes, des financiers ont cru que le tgv allait la
transformer en source inépuisable de pognon, en la retournant dans l’autre
sens, en lui faisant tourner le dos à la ville, en lui donnant un petit air
Manhattan. Et puis patatrac ! Le fiasco complet, rien ne marche, ni les
commerces, ni le quartier, ni les tgv pour Barcelone, ni le tunnel qui y
conduit. Un naufrage du Titanic local pour lequel le quotidien local vous
promet toujours un miracle. Papa Noël, pitié ! Fais quelque chose !
Que
peut-il ?
Que peut le Papa Noël face à l’incurie, à Perpignan, comme
ailleurs ? Il peut nous aider à occuper notre temps en conjectures fantaisistes. Il peut donner le change !
Il peut nous aider à passer le cap d’une année 2016 où un gouvernement
socialiste aura poussé à son terme sa capacité d’autodestruction et son autisme
très profond aux aspirations du peuple.
Il peut inspirer des one-man-shows de haute volée et d’un
comique imparable de Manuel Valls sur la nocivité du 49-3 qu’il va,
promis-juré, jeter dans les poubelles de l’histoire après en avoir usé et
abusé.
Il peut faire comprendre à François Fillon que sur la Sécu
(mais aussi sur le reste) il a dit de très grosses bêtises. Il peut mettre la
zizanie dans la famille Le Pen, en leur faisant sentir que la haine des autres
peut commencer au sein de la famille. Mais là il ne fera qu’amuser la galerie,
il ne s’occupera que de l’écume des choses.
Toucher à
l’essentiel
Le père Noël n’est vraiment utile que quand il touche à
l’essentiel, c’est la raison qui conduit tous les enfants à y croire mordicus,
quand il rend possible l’impossible, quand il régénère le besoin d’utopie qui
fonde notre humanité. Ce besoin passe par des voies simples. La certitude qu’il
vaut mieux être unis que désunis, que l’action sociale, syndicale,
politique ne sont rien sans cette
aspiration à l’unité. La conscience que la lutte des classes traverse la
société et qu’il faut choisir son camp. L’obstination à tenter de construire un
monde solidaire, juste, fraternel, libre. Pourquoi pensez-vous que le père Noël
s’habille de rouge. Et si nous étions tous, un tout petit peu, les fils et
filles du Père Noël.
Jean-Marie Philibert.
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