La grande
métamorphose
Un des signes que nous vivons des temps troublés : tout
bouge à la vitesse grand V. N’évoquons que pour mémoire toutes les technologies
qui si tôt apparues se retrouvent dans les marchés aux puces de France et de
Navarre. Regardons, par exemple, le visage des villes : des centres
urbains anciens, actifs et beaux sont devenus des morts-vivants. Observons la
vie paysanne qui a animé pendant des siècles nos campagnes, nos
montagnes : des friches, des larmes et des souvenirs. Attachons-nous aux
rapports humains, aux relations que les femmes, les hommes pouvaient nouer dans
les lieux publics, sur les places, dans les rues, lieux de convivialité…
Actuellement ils sont traversés par des zombies solitaires qui surtout ne regardent pas leur voisins
pour se concentrer sur leurs téléphones portables qui leur permettent de dire
qu’ils vont incessamment rentrer à la maison.
Ne plus
savoir qui est qui
Mais nos modes de vie ne sont pas les seuls à subir la grande
métamorphose : les êtres que nous sommes, ne sont plus exactement ce
qu’ils sont, comme emportés dans un tourbillon qui nous conduit à ne plus
exactement savoir qui est qui.
Certes la transparence absolue n’a jamais été de mise, et le
changement, c’est la vie. Mais la convergence d’évolutions brutales qui
tourneboulent toute une société est une caractéristique actuelle. Et la vie
politique nous en offre une animale illustration.
La chienne
est une oie
Observons l’échiquier politique, la Marine le Pen n’est plus
le roquet fascisant et aboyeur qui n’a de cesse de faire peur à tout ce qui
l’approche pour préserver l’enclos barbelé que son père avait construit pour
elle, elle y avait rassemblé des chiens tous aussi patibulaires les uns que les
autres, et ils y menaient une sinistre sarabande. Tout ça a totalement disparu,
la chienne est devenue oie blanche qui s’offre à tous les regards pour dévoiler
sa séduction, sa grâce et sa pureté. (Enfin faut aimer l’esthétique « oie »!)
Les
pioupious et l’aigle
Le discret Fillon, ombrageux homme de l’ombre, collaborateur
silencieux, est devenu en quelques semaines un chef de guerre sociale,
intrépide et inspiré. Vous allez voir ce que vous allez voir ! Juppé et
Sarkozy ont déjà vu s’effondrer leur surpuissance : les cadors ont perdu
leur superbe, leur faconde et leurs illusions. Ils croyaient être tout, ils ne
sont rien. Les paons deviennent vulgaires pioupious pendant que la pie voleuse
se prend pour un aigle.
Quant à la biche Macron qui nous la jouait façon bambi.
« Je vais enjoliver vos vies, vous envelopper d’une atmosphère féérique,
vous faire croire au père Noël quel que soit votre âge ». Les propos
qu’elle tient sont d’une vieillerie sans nom : « la gauche et la
droite c’est tout comme, et je suis les deux à la fois ». Ils la transforment inexorablement en vieille
bique gâteuse. Son temps est compté, tant et si bien qu’il n’est pas sûr
qu’elle vive encore à la fin de ce billet d’humeur.
Anda toro
Un animal quasi sauvage ne cessait de s’agiter dans le
toril : Torrrro Manuelito ! Il n’attendait pas que las muletas
s’agitent pour charger. Il avait fait fuir de l’arène tous ceux qui voulaient
l’approcher. Il fonçait cornes en avant sur toutes les banderoles syndicales
qu’il voyait et qu’il déchirait rageusement, il était arrogant, vindicatif et
fier… Ne voilà-t-il pas qu’il a perdu en quelques heures los cojones de son
arrogance. Il est devenu doux comme un agneau. On lui donnerait le bon dieu
sans confession. Avec tous les agneaux, l’âne, marie, joseph, et le
caganer, on pourrait même le mettre dans
la pessebre de noël. C’est la saison. Le taureau devenu bœuf décoratif !
Mais on le mettrait à gauche du petit jésus. Parce que
Manuelito est à gauche, bien sûr. C’est grâce à ce genre de petits détails que,
dans le monde de la grande métamorphose, on ne se perd pas tout à fait.
Jean-Marie Philibert
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