les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mardi 21 mars 2017

pepe les costards et la republique


Pépé, les costards et la république



Toute mon enfance a été bercée par un débat récurrent qui animait les repas ou les soirées familiales et qui était très étroitement lié aux activités professionnelles de mon pépé. (Eh ! Oui ! J’ai eu aussi un formidable pépé, digne de ma mémé). Il était tailleur dans une grande enseigne perpignanaise, il adorait son métier, le faisait avec beaucoup de goût et de passion : il était sapé comme un ministre (intègre) et il aurait voulu que tout le monde le fût (sapé et intègre). Mais malheureusement pour lui les années 50 ont vu  le prêt-à-porter (on disait aussi la confection) remplacer le sur-mesure : la qualité des costumes s’en est ressentie. Les tailleurs sont partis à la retraite, pleins de rancœur pour un métier qui les avait trahis et qui n’habillait pas les hommes avec toute la classe, tout le chic, tout le soin que les artisans-tailleurs y mettaient.

Sapé, mais intègre ?

C’est sans doute pour renouer avec une tradition qui, selon lui, devait avoir du bon, que Fillon a gardé le goût des beaux costumes, et que, plus d’un demi-siècle plus tard, il continue à se faire tailler des costards très haut de gamme dans de grandes maisons parisiennes. Il se les fait payer par un « ami » à un prix si exorbitant que mon pépé  s’est retourné dans sa tombe. Fillon, sapé, certes, mais intègre, pas sûr !

Tout ce que mon pépé aurait pu payer à sa famille adorée s’il avait eu de tels clients ! Mais ses clients à lui travaillaient normalement pour des salaires sans doute convenables, mais sans plus. Ils appartenaient à une société provinciale, soucieuse de ses valeurs, de son paraître et de son être.

L’intégrité, zob !

 Aux antipodes de la bande de prévaricateurs cupides qu’une finance triomphante essaie de propulser aujourd’hui dans les plus hautes charges de l’état pour en perturber les valeurs républicaines et fondatrices. Et je te vends ma conscience et tu m’achètes des costumes. C’est cadeau ! Et je fais « travailler » ma femme, ma fille, mon fils. Et j’encaisse. Cadeau !  L’intégrité, zob !

Et pour d’autres (du même acabit) je pompe dans la caisse du Parlement européen pour engraisser mes affidés. Cadeau ! Je m’assieds sur les règles des finances publiques pour faire ce qui m’arrange. Les lois ne me concernent pas. Vous avez reconnu l’aboyeuse d’extrême droite. L’intégrité ! Re-zob !

Pépé, le monde a bien changé

Quant au jeune homme, BCBG, que tous les medias adorent,  lui aussi, il aurait un peu pioché dans les finances du ministère pour se faire un nom. Re-cadeau ?

Dé-moralisation

Heureusement, paraît-il, nous avons une loi de moralisation de la vie politique, depuis Cahuzac. Mais avec le spectacle en cours, nous sommes plus près de la  dé-moralisation profonde et durable des citoyens.

Mais ne s’agit-il que d’argent ? Ne s’agit-il que de tremper sans vergogne ses doigts dans tous les pots de confiture qui se présentent ? Ce qui aurait déjà, révolté mon pépé ! D’autant plus que la confiture fait cruellement défaut au plus grand nombre auquel on impose une austérité de plus en plus féroce, des sacrifices de plus en plus grands comme une fatalité inexorable.

Je crois cependant que le plus insupportable en la matière est dans l’attitude de ceux qui refusent de voir que leurs actes sont non seulement délictueux, mais une négation de l’humaine condition citoyenne, fondatrice de la république,  dans la mesure où le déni et le cynisme  dans lesquels ils s’enferment signifient qu’ils refusent que leur comportement soit examiné et jugé pour ce qu’il est, dans la mesure où la loi commune n’a pas de sens pour eux et qu’ils s’abritent derrière un suffrage universel susceptible de les conforter et de les absoudre. Ils le dénaturent, en ferment d’autocratie, en s’en servant ainsi.

Ils bafouent la démocratie.

In-to-lé-ra-ble !

Pépé, va, au Panthéon des hommes intègres et lucides, réveiller Montesquieu pour qu’il rappelle à tous qu’il ne peut y avoir de république véritable que dans le respect des lois et  dans une scrupuleuse séparation des pouvoirs.

Jean-Marie Philibert










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