Guignols !
Bienvenue
en guignol-land ! La campagne électorale en cours que les observateurs
patentés disaient pliée, achevée, au soir des primaires remportées par un
François Fillon triomphant, nous entraîne chaque jour un peu plus dans une
course folle (dans tous les sens du terme) où tous les impossibles deviennent
possibles, même les pires. Le citoyen, au mieux, reste perplexe, au moins pire
indécis, au plus pire sur le cul devant une situation politique surréaliste.
Le
sortant se sort tout seul ; le successeur officiel se fait sortir par son
propre camp ; un ministre-banquier, ni-àdroite-ni-àgauche, quasiment
inconnu il y a quelques mois se prend pour Bonaparte et se jette avec succès
dans la bataille ; le Fillon que l’on pensait intouchable a commis le
péché mortel de trop toucher… au pognon ; la Marine rumine son délire
xénophobe dans son coin ; jusqu’à Mélenchon, fin politique par ailleurs, qui semble oublier que, pour gagner une
élection, il vaut mieux être unitaire.
L’affolement des fourmis
Beaucoup
de politiques sont troublés.
Enfant,
j’aimais observer les fourmilières et l’organisation qui régnait dans la vie de
ces bestioles, elles suivaient des voies tracées à l‘avance pour rapporter en
file indienne dans leur trou la pitance récupérée et assurer les menus de
l’hiver. Un petit coup de pied dans la fourmilière et c’était le chaos. Sauve
qui peut ! Et chacune de partir dans toutes les directions.
Qui
a ainsi donné un coup de pied dans la fourmilière des présidentielles ?
Dans la classe politique ça part dans tous les sens à la recherche du nouveau
sauveur. C’est courage fuyons ! Ils sont nombreux à perdre le nord et le
sud, la gauche et la droite, à oublier ce qu’ils ont été, ce qu’ils ont dit,
défendu pour se parer d’une virginité politique retrouvée, grâce à un fringant
même-pas-quadra. Virginité profondément comique quand on est plus proche de la
ménopause ou de l’andropause que de l’adolescence. Guignol est de retour !
Et Macron est son idole.
Se macroniser sans vergogne
C’est
sans aucun doute l’aspiration à retrouver une jeunesse enfuie, ouverte sur des
perspectives que l’on pensait perdues qui propulse beaucoup de ces fourmis en
perdition dans les bras d’un Macron qui se prend à rêver. C’est aussi la
crainte d’une déculottée sévère, à droite, comme au PS qui joue un rôle
important dans les évolutions en cours. Ajoutons-y une absence totale d’amour-propre, un mépris profond pour son électorat, le reniement systématique de la
parole donnée, un cynisme à toutes épreuves et une conception de la politique
où la place occupée et tout ce qui va avec (pognon, avantage, faveurs et
gloriole…) compte mille fois plus que les valeurs, la démocratie, à défendre.
J’oubliais sans doute l’essentiel : un attachement indéfectible aux
pouvoirs de la finance !
Et vous aurez compris pourquoi un Cresta, un
Perben, un Bayrou, la garde rapprochée de Hollande, un le Drian, un Robert Hue
se macronisent avec enthousiasme et sans vergogne. La liste des recrues
(vieilles biques et jeunes loups) sera quotidiennement à mettre à jour.
La rationalité… tu
parles !
Le
plus surprenant en la matière n’est pas dans le retournement de veste (plus
clairement dit : la trahison) : un grand classique de la vie politique.
Il est dans la rationalité dont chacun veut parer sa propre turpitude.
Les
catalogues de la mauvaise foi offrent toutes les méthodes souhaitables pour
sortir d’une impasse où la conscience d’une certaine dignité, la fidélité
aux engagements, le simple souci de
l’honnêteté pourraient conduire.
Le
tout avec le sérieux nécessaire et l’argumentaire-béton qui justifie
l’injustifiable. Quand Guignol, et tous ces pantins deviennent philosophes pour
nous convaincre, la sottise et la malhonnêteté font leurs affaires …sur notre
dos.
Jean-Marie
Philibert.
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