Assassinat
De la métaphore… Il fut un temps où le terme d’assassinat et
en particulier d’assassinat politique relevait d’une réalité historique où les
coups de poignards, les empoisonnements mystérieux, les disparitions soudaines
et inexpliquées pouvaient advenir sans qu’on s’y attende ; d’ailleurs les
puissants de ces temps obscurs s’y préparaient, s’en protégeaient, ou même
parfois (souvent ?) y participaient à l‘encontre de rivaux dont on pouvait
craindre le pire et pour lesquels on préparait donc le pire. Le vingtième
siècle a vu ces pratiques disparaître, encore que l’histoire récente bruisse
quelque fois de morts inexpliquées.
Injustifié
L’assassinat est devenu métaphorique dans la bouche de
François Fillon quand il évoque le sort qui lui est fait, mais à ses yeux il
paraît tout aussi scandaleux et arbitraire. Il juge en effet totalement
injustifié les poursuites judiciaires, policières dont il est l’objet. Il
considère que le gouvernement, les médias, les juges ont voulu sa mort
politique et que rien n’est plus injuste, pour lui, pour sa famille, pour sa
famille politique, la droite, et bien sûr pour la France.
Mais en même temps il refuse systématiquement de répondre sur
le fond du dossier, non pas sur le fait qu’il ait employé sa femme comme
attachée parlementaire, sa fille, son fils idem, à des salaires fort
honorables, sur des fonds publics, mais sur celui qu’en contrepartie, ils
n’aient rien fait, rien de rien. Le travail était fictif, les salaires ne
l’étaient pas. Aucun début de preuve, de témoignage, qu’il pourrait en être
autrement.
Le
suicide ?
Alors que les questions pleuvent, que les micros sont tendus,
que les caméras enregistrent, rien pour prouver le contraire, pour donner la
parole à ceux qui ont ainsi « travaillé », à l’expérience qu’ils en
ont retirée, aux contacts qu’ils y ont tissés, au point que l’on peut se
demander s’ils savent qu’ils ont travaillé. Le déni, comme seule défense, la
victimisation, l’enfermement dans des affirmations qui choquent, y compris ses
soutiens, les volte-face incompréhensibles au point que l’on se demande si
l’assassinat politique n’est pas en train de se transformer en suicide,
métaphorique bien sûr. Je ne souhaite la mort de personne, et la vie d’un homme
vaudra toujours plus que les euros partis en fumée.
Avec la manifestation de dimanche, à vouloir poursuivre
l’aventure, le suicide semble devenir
collectif et massif. A mes yeux, trop
massif pour paraître honnête. Certes la dimension personnelle est
indéniable : il y a du bourricot chez Fillon. « Je ne reculerai pas,
je ne reculerai pas, je ne reculerai pas ! »
Le mort
n’est pas celui qu’on pense
Il s’inscrit dans un processus de droitisation sans fin de la
société qui vise (rappelez-vous son programme), non seulement à faire
disparaître, y compris des consciences, tout perspective de transformation
progressiste d’un désordre dominant qui marginalise, ghettoïse, précarise,
appauvrit le plus grand nombre, mais aussi à mettre à bas les valeurs
émancipatrices qui bon an, mal an,
avaient traversé les siècles pour fonder un projet au cœur des luttes sociales
et politiques du pays. Ce projet pouvait aussi largement débordé de nos
frontières. Les gouvernements « socialistes » ont apporté leur
savoir-faire démobilisateur à l’entreprise de démolition, l’Europe a servi
d’alibi. Ils ont même mis en place des relais possibles (voir Macron) pour
poursuivre la besogne. La vraie victime est là : la volonté populaire d’en
finir avec la galère !
Inquiétude
Je m’interroge cependant sur ce comportement qui au-delà de
la carrière de Fillon concerne son clan,
son parti, la droite, mais aussi l’ensemble de la sphère politique, le rapport
que les citoyens ont avec le politique, et bien sûr la démocratie. J’ai des
inquiétudes sur ce qui peut en sortir.
Toutes les pistes sont
brouillées : l’électorat est dans l’embarras (euphémisme…) au point qu’à
quelques semaines des élections, tout semble possible, et même le pire. La
gauche (PS-Hamon et Insoumis-Mélenchon) continue à vivre hors sol, en refusant
la seule issue possible d’une union incontournable pour nourrir un début
d’espoir. Préfèrent-ils se fracasser sur le mur du premier tour ?
Assassinat, suicide, la mort (métaphore) rode. Soulignons les efforts plus que
louables et courageux du PCF pour défendre les droits de la vie.
Jean-Marie Philibert.
PS : au moment où j’écris ces lignes, lundi 6 mars, 11 h
30, tout bouge, mais… pour que rien ne
bouge.
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