les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 26 février 2018

wauquiez for ever


Parole inconvenante et discours convenu



L‘épisode rocambolesque de Laurent Wauquiez, le nouveau grand sachem des  Républicains, devant les étudiants de l’Ecole de Management de Lyon  me conduit à m’interroger sur la distance qui existe, en politique comme ailleurs, entre le discours convenu et la parole inconvenante. Vous remarquerez aisément que le titre de mon billet d’humeur est d’une tout autre hauteur que les propos du dit Wauquiez sur ses petits copains. Il aurait été aisé de le parodier et d’en rajouter dans le cynisme, la goujaterie et la mégalomanie.

 MOA

«En dehors de MOA : Tous des incapables ! Juppé, il dilapide le pognon ! Pécresse : quelle conne ! L’assemblée nationale : une bande de larbins ! Macron et sa bande : des tordus ! Darmanin : une lope ! La France : une dictature !  Le sauveur : MOA ! Mais chut il ne faut pas le répéter, l’enregistrer. Il ne faut pas m’écouter, m’entendre. Je parle aux murs, mais je sais qu’ils ont des oreilles parce que je connais les journalistes. Je les déteste, ils sont pires que tout. Mais MOA je n’ai peur de rien. Ici, je parle vrai ! Pas comme à la télé où, comme tout le monde,  je « bullchie » dans la colle… »

Il ne l’a pas dit comme cela, il a dit « bullshit », c’est un mot bien élevé ( ?) pour dire « connerie » et notre homme, sans doute spécialiste de la chose, est bien élevé !

On pourrait tartiner ainsi longtemps.

Il me semble surtout utile de réfléchir à ce que l’événement révèle de nos mœurs politiques, de notre immaturité politique.

Les circonstances

Rappelons d’abord les circonstances : Wauquiez est chargé par les dirigeants de l’Ecole de Management de Lyon d’un cours, il promet à ses futurs managers  de dire tout ce qu’il pense vraiment, ce qu’il ne dit pas à la télévision, en public, avec ses troupes d’affidés… sans doute pour déniaiser ces futurs petits chefs et leur apprendre une fois pour toutes ce qu’est la politique. Mais grand naïf, il leur demande de ne pas  garder traces de ce qu’il va dire, de ne rien enregistrer, de ne parler à personne de ce qu’ils vont entendre. Sans doute, grand ignorant,  ne sait-il pas que dans la poche de ses auditeurs les smartphones sont prêts au démarrage. Et ne voilà-t-il pas qu’il se lâche. Des journalistes, d’habitude cire-pompes, voient là une occasion de se payer un lider minimo, de faire le buzz, de touiller le caca politique. Ils récupèrent les enregistrements et balancent le tout… Le mal est fait !

L’inconvenance

L’inconvenance de cette parole, elle est là, dans l’image que le responsable d’un « grand parti » se permet de donner de la politique, une image telle qu’elle peut servir à provoquer toutes les aventures susceptibles de tordre le cou à la démocratie. Faut-il être malhonnête et aveugle pour ne pas mesurer les risques de ces dérives, qui malheureusement ne se limitent pas à l’hexagone ? Au-delà des jeunes femmes et hommes auxquels s’adressait Wauquiez, c’est la désespérance de la jeunesse qui est l’objectif, (et sans doute pas seulement de la jeunesse) c’est son exclusion du terrain politique vicié et vicieux par nature, c’est l’enfermement sur les destins individuels parce que rien n’est à attendre de l’engagement dans la vie de la cité, de la « polis », comme disaient les grecs. Cette inconvenance-là est le discours le plus convenu des réactionnaires de toutes sortes pour désarmer un peuple.

Le bien commun

Il y aurait pourtant tant à faire.  Le bien commun à partager, à gérer, à développer, à embellir, à faire croître et proliférer dans l’engagement citoyen de chacun et de tous, avec l’ambition qu’une juste répartition des richesses est possible, souhaitable, par une exigence volontaire, organisée, unitaire de ceux qui les produisent. Cela a un nom : c’est la lutte politique et sociale. Cela a une histoire, la nôtre. Et nous ne cèderons rien sur ce terrain. Les convenances et les inconvenances n’y changeront rien.

Jean-Marie Philibert.

mercredi 21 février 2018

le bac nouveau: un chiffon ?


Le bac nouveau : un chiffon ?

Une des grandes acrobaties à laquelle se livre le gouvernement et plus particulièrement son ministre de l’éducation est de mettre en œuvre des réformes, qui sont censées améliorer une situation déficiente avec le souci que le grand public, comme on dit, y voit des améliorations tangibles par rapport à ce qui existe et, sous ces apparences flatteuses, comme un mauvais commerçant qui ne pense qu’à se débarrasser de ses vieux rossignols, de fourguer une marchandise frelatée, qui traîne dans les poubelles du ministère depuis des lustres, et qui enfoncera toujours un peu plus le service public dans les difficultés et l’austérité.

 Ce qui se prépare pour les lycées et le baccalauréat est de cet ordre-là.

Un formidable besoin de formation

Il y a un formidable besoin de formation dans le pays, pour beaucoup de familles et de jeunes, elle est l’arme essentielle pour asseoir un avenir qui échapperait un peu aux incertitudes de la précarité. Aujourd’hui la mixité sociale, le vivre ensemble, la démocratisation, la réussite pour le plus grand nombre, le maintien et le renforcement d’enseignements de haut niveau, en prise directe avec les réalités d’aujourd’hui, la mise en œuvre de méthodes de travail modernes et adaptées, la force et la valeur des diplômes obtenus pour favoriser toutes les poursuites d’études supérieures possibles, l’élitisme républicain devraient être les soucis majeurs d’un ministre conséquent. Avec l’ambition de s’attaquer à l’opacité d’un système, à ses divisions, ses ségrégations, ses lourdeurs. Comment un ministre, qui, de plus, a connu l’institution à différents postes éminents de responsabilité, peut-il oublier qu’il faut y mettre de la clarté, de la stabilité… et aussi des moyens humains et matériels.

Il fait le contraire.  Il est le roi de l’esbroufe !

Ça a commencé avec le supérieur dont on se sert pour bien faire comprendre aux futurs bacheliers que le bac n’est plus le sésame qui ouvre les portes de l’université. Le droit d’entrer à l’université avec le bac, c’est fini. « Parcoursup » est fait pour ça : le bac n’ouvre aucun droit. Il pouvait donner le sentiment d’avoir perdu de sa valeur. Là il a tout perdu. Il n’est rien.

Blanquer attaque son caractère national, général, anonyme, juste, clairement identifié, aux disciplines équilibrées (le plus souvent). En le découpant en tranche, du français en fin de première, des épreuves de spécialités au milieu de la terminale, plus le contrôle continu toute l’année, enfin, la philo, et le grand oral (la grande nouveauté !) en juin, on fabrique une usine à gaz qui contraindra les enseignants à passer leur temps en évaluation au détriment de la formation.  Les notes des disciplines hors examen intervenant pour 40 % : le bac deviendra un diplôme local et accroîtra les discriminations entre les lycées. Les bahuts « populaires » le seront un peu plus, les élitistes le seront toujours plus et les établissements privés  utiliseront tous les subterfuges pour attirer la clientèle fortunée.

Librement vers l’incohérence

De plus dans un monde où la part de la science est de plus en plus grande quelle aberration que de sortir du tronc commun, dès la première, les maths, la physique, la SVT. Mais les lycéens auront librement ( ?) choisi eux-mêmes un enseignement à la carte, modulaire, comme on dit, où les séries auront disparu, où le futur bachelier picorera de ci de là des embryons de savoirs et de formations dont la cohérence risque de poser problème. Malheur à ceux qui auront fait les mauvais choix. Une architecture telle qu’elle ne sera comprise que par les initiés. Il va sans dire que tous les lycées n’auront pas la possibilité d’offrir tous les choix : il y aura les riches et les autres. Avec à l’arrivée, pour tous,  moins d’heures d’enseignements, donc des postes en moins et le contrat rempli pour le ministre de réduire le nombre de fonctionnaires.

Il commence dès 2018 en diminuant le nombre de postes aux concours.

Une des clefs pour juger la réforme est là. Toujours rogner sur les dépenses tout en faisant croire qu’on fait le maximum et ripoliner la façade au nom d’une réforme in-con-tour-na-ble. Dont la jeunesse de ce pays fera les frais. Rien que cela !

Jean-Marie Philibert.

mardi 13 février 2018

to be or not to be


To be or not to be

To be or not to be social ?

To be or not to be moral ?

To be or not to be pauvre ? riche ? capitaliste ?

To be or not to be craputaliste ou crapulatiste, comme vous voulez ?

Nous ne cessons d’être confrontés aux alternatives dans un monde où ils sont nombreux à tenter de nous faire croire que toute alternative a disparu, qu’il n’y a qu’une voie à prendre celle de la soumission,  de l’admiration pour les génies qui nous gouvernent, et du remplissage des poches pour ceux qui nous exploitent.  Comme ils ont le pognon, ils utilisent tous les moyens à leur disposition pour nous bourrer le crâne, en distribuant de grasses prébendes à leurs serviteurs les plus zélés qui répètent à satiété : Shakespeare a dit des bêtises, to be or not to be est un « énaurme » mensonge, vous n’avez pas le choix, vous ne l’avez jamais eu, vous ne l’aurez jamais.

Pas le choix

L’objectif ? Toujours le même nous empêcher de voir le monde tel qu’il est, la lutte des classes telle qu’elle se perpétue, la société éclatée telle qu’elle prolifère. Nous faire croitre à la bienveillance des pouvoirs qui ne sauront que toujours nous échapper. Mais ce n’est pas grave ils sont bienveillants. Quand ils seront discrédités, ils trouveront les subterfuges pour nous convaincre d’une possible résurrection de la bienveillance chez des sbires qui ont les mêmes ambitions : nous faire suer le burnous et nous faire taire, sans autre espoir que de continuer à suer. De Sarkozy, à Hollande et jusqu’à Macron, ça roule toujours comme avant. Vous n’avez pas le choix !

Les mauvaises graines

Et ils vont dézinguer avec une constance inébranlable et une cuistrerie sans limite tous ceux, socialistes, utopistes, philosophes, intellectuels lucides, hommes/femmes en lutte… Tous ceux qui ne pensent pas comme eux. Ils veulent enterrer l’espoir de ne jamais voir le retour de ceux qui ont semé les mauvaises graines. Ils vont les baigner d’une telle sauce qu’on n’y comprendra plus rien jusqu’à nous perdre dans un embrouillamini où la gauche et la droite, c’est kif-kif, ou  ni-ni, où l’extrême droite n’est plus si extrême que ça.

Et bien sûr dans le burnous vous suerez toujours autant et même un peu plus, quant aux SDF, ils seront de plus en plus nombreux à se les geler, les sans-papiers, ils seront toujours traqués sans répit. C’est la crise, il n’y a plus d’argent, on ne peut pas nourrir toute la misère du monde… Par contre on peut réduire les impôts des plus riches.

Un système grippé ?

Mais le système n’est pas si bien organisé que cela. Il peut arriver qu’il se grippe et que des éclairs de lumière viennent de lieux inattendus, de temples de la réaction. Ainsi chez nos « amis » les banquiers, Natixis pour ne pas les nommer, voilà ce qui circule dans une note dont l’auteur Patrick Artus n’est pas connu dans la sphère RRRRRévolutionnaire. Il est responsable des études économiques de la banque.
 Il voit quelque chose qui l’inquiète : « une baisse de l’efficacité des entreprises des pays de l’OCDE », (le Monde du 6 Février) en clair une réduction du rendement du capital qui pour éviter de perdre des sous s’attaque aux salaires et aux salariés, mais avec une limite, ne pas les affamer totalement… Comme cela ne suffit pas, on est contraint de spéculer sur n’importe quoi. Jusqu’à ce que le système explose. Le petit Patrick rejoint le grand Karl (Marx, bien sûr !).

Le choix

Capitalistes, tremblez la crise est devant vous !

Il y aurait donc des alternatives : le désordre capitaliste établi ou l’espérance d’une répartition équitable des richesses, la justice sociale ou l’injustice, un peu de morale dans un monde de brutes ou pas de morale du tout, la lutte ou la docilité, la liberté ou la servitude… Etre ou n’être pas. Le choix !

Jean-Marie Philibert.

vendredi 2 février 2018

A vos plumes


Mai 68 : A vos plumes !



Un billet d’humeur précédent, celui consacré à la commémoration du cinquantenaire de Mai 68, a eu quelques échos ; nous a été suggérée l’idée de ne pas en rester là et de profiter de l’occasion pour donner la parole à tous ceux qui estiment avoir un témoignage à apporter, un souvenir à faire revivre, des éléments d’analyse à proposer à la lumière de ce qu’ils ont vécu, vu, entendu au cours de ce qui reste comme un mouvement social exceptionnel. L’espace d’une vie n’en offre pas  à profusion : il faut donc profiter de ceux que l’on a pour en tirer les enseignements politiques aptes à éclairer les évolutions, celles d’hier, comme d’aujourd’hui.

Pourquoi pas, pour nous qui avec Marx n’avons pas seulement l’ambition de comprendre le monde, mais aussi de le transformer, ne pas saisir le moment pour évoquer ce qui est en germe dans une société, gangrénée par les inégalités, l’exclusion, la souffrance sociale, où une petite minorité de nantis voudraient faire croire que l’horizon du désordre dominant actuel est plombé et indépassable.

Mai 68 est apte à réveiller les consciences : elles en ont besoin. A revivifier l’esprit de liberté et d’utopie, sans lesquelles l’humanité vraie ne serait pas ce qu’elle est.

A vos plumes donc, pour nous parler de votre expérience, du regard porté, du moment dans ses exubérances, comme dans ses doutes et ses déceptions. La forme : celle que vous souhaitez.

On prend tout, textes, photos, documents, souvenirs … Pour des raisons pratiques évitons les documents trop longs. De quelques lignes à quelques pages tout nous intéresse. On souhaite bien sûr qu’elles soient signées. Elles peuvent être d’ici ou d’ailleurs. Elles peuvent être gaies, tristes, traiter  de la grève, des manifestations, des AG, des débats, des peurs, des espoirs, de la vie quotidienne, du pittoresque d’un temps exceptionnel où un peuple prend la parole.

Cette prise de parole populaire, vous pouvez être sûrs que tous les bonimenteurs officiels, tous les habitués de la petite lucarne, les soixantehuitards bien en cour qui ont investi les sphères du pouvoir pour un plat de lentilles, et parfois un peu plus, vont tout faire pour qu’elle soit détournée, occultée, au profit d’une vision mythique d’un temps définitivement passé.

La récupération de la mémoire, de la mémoire vraie, est une tâche politique d’ampleur. Allons-y sans retenue. A nos-vos-leurs plumes !

Jean-Marie Philibert.