La vie
syndicale n’est pas un long fleuve tranquille
Le syndicat… J’aime ce singulier : c’est comme cela
qu’on l’appelait dans les établissements scolaires où j’ai eu l’honneur, le mérite,
le courage de travailler. Un gage de force et d’unité. Pour les autres, il
fallait les désigner pour les reconnaître. Il y avait les autres et le
syndicat. En ces temps de fête du travail, célébrons-les, tous, eux qui ne sont pas toujours à la fête, mais
qui font le corps, le cœur, le sang, de la vie sociale, eux qui donnent la
migraine aux patrons, aux préfets, aux petits chefs. Eux que les grands pontes
des media, du haut de leur suffisance, traitent comme des moins que rien, comme
des extra-terrestres venus d’un sous-monde. Comme des survivances dépassées.
Des morts
qui vivent
Ils sont au cœur de l’actualité, ils tentent d’empêcher les
mauvais coups de Macron, ils manifestent, bloquent les transports, sèment le
zinzin. Ils défendent les services publics, les droits sociaux, les salaires,
les retraites… et je ne dis pas tout ! On les a dits morts, et ils
vivent ! On les voit divisés et ils agissent souvent ensemble ! On
les imagine attachés à des privilèges outranciers et ce sont souvent des gagne-petit !
On les voudrait dociles et ils ne savent que regimber. On les dit coupés des
travailleurs et ils en mettent des milliers et des milliers dans les rues.
Défendons donc les syndicats, même si la vie qui les anime
n’est pas un fleuve tranquille. C’est à
cette vie que je voudrais m’attacher. Pour la voir croître et proliférer, pour
y attirer les plus jeunes générations. Pour que la messe laïque ne soit jamais
dite dans la lutte des classes protéiforme : elle fait s’engraisser les
possédants de tous horizons, exploite ceux qui n’ont que leur force de travail
pour vivre.
Peut-on envisager un salariat libéré ? Une vie
digne ? Peut-on parler d’utopie vivante ?
Alimentaire
et moral
Le combat syndical est, à la fois, un combat très alimentaire
(pour les anciens : Pompidou des sous !) et très moral (pour les
anciens, les nouveaux, pour hier, aujourd’hui et demain, ma dignité n’est
jamais aussi grande que quand j’impose à celui qui me méprise le respect,
fût-il contraint). Dans le destin de chacun, il est un élément central de la
vie professionnelle. Dans le destin collectif, il est un pilier de la vie
démocratique. Tous les pouvoirs autoritaires n’ont de cesse de mettre les syndicats au trou ou au pas. Tous
les pouvoirs (et pas seulement les autoritaires) rêvent d’un syndicalisme
couché.
Il est vrai que tous les syndicalismes ne se tiennent pas
debout avec la même vigueur, qu’il y a les mous du bulbe, les fatigués de
naissance, les obsédés du compromis, les allergiques à la lutte des classes.
Certains peuvent avoir des fibres unitaires vacillantes. Il peut arriver qu’a contrario il y ait des
adeptes du « Farem tot petar ! », j’en ai connus. Ce qui
caractérise néanmoins la grande majorité des conflits sociaux, c’est l’esprit
de responsabilité qui les anime parce qu’ils savent que la stratégie du progrès
social se joue sur le long terme, dans
une dialectique savante de contestation et de proposition, dans une relation
très étroite avec tous les camarades, dans la fermeté et dans l’ouverture.
Jamais dans le reniement.
Vers un
monde neuf
L’histoire du syndicalisme français peut sembler diverse et
compliquée, traversée de courants antagonistes, manquant cruellement d’unité,
d’un rapport contenu à la politique. A chacun de penser ce qu’il veut d’une
situation mouvante : on doit souhaiter qu’elle draine vers le syndicat tous ceux qui y ont leur place,
en classe « affaires » bien sûr et pour des voyages au long cours
vers un monde neuf. C’est plus que jamais une nécessité. Il y aura des
turbulences !
Jean-Marie Philibert.
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