Parcoursup : du
processus scandaleux aux réalités intolérables
Il y avait les craintes, les avertissements, les promesses
qui n’engagent que ce qui les font, une volonté réformatrice jupiterienne qui
arrache tout sur son passage, une bande de godillots qui applaudissaient, des
jeunes inquiets et mobilisés, beaucoup d’universitaires lucides sur la
perversité du processus… Il y avait eu l’année précédente le scandale du tirage
au sort pour départager des candidats
trop nombreux dans certaines formations… Il y a toujours un manque criant de
places dans l’enseignement supérieur : une aspiration des jeunes à
poursuivre au-delà du bac des études, la prise de conscience qu’il y a là un
enjeu démocratique important. La mise en œuvre d’une évolution progressiste
pour une société où les barrières sociales ne seraient plus des obstacles
infranchissables, conçus pour durer, pour trier, pour exclure…
Tout cela a nourri le débat autour de Parcoursup, la
plateforme informatique surpuissante et incorruptible capable de trouver pour
chaque futur étudiant la bonne place, au bon endroit, correspondant sans le
moindre doute aux mérites, aux vœux, aux ambitions du candidat. L’informatique,
c’est magique… romance connue pour naïfs incorrigibles.
Les faits !
Le débat, c’est le passé, le présent, c’est le réel. Là les
propos lénifiants perdent toute leur superbe. L’exclusion est en marche !
Les faits dans leur brutalité.
Les chiffres annoncés par les ministères concernés bougent
sans cesse et le nombre des élus pour rentrer dans le supérieur augmente
heureusement, comme l’on est parti de très bas cette évolution-là était
attendue, mais les formations proposées ne répondent souvent que très
imparfaitement aux sections choisies. Et surtout, les exclus restent
légion ! Les futurs étudiants et leurs familles ayant anticipé les
difficultés, avaient pour préserver
leurs arrières élargi au maximum les possibilités. Mais les discriminations
sociales, le lycée d’origine, sa côte, sa situation géographique, le mystère
des algorithmes mis en œuvre, la vigilance insuffisante ont fait le reste et
mis à mal ce qui fondait, même avec des insuffisances criantes, l’accès à
l’enseignement supérieur : un processus de démocratisation qui avait
nécessairement des retombées sur les terrains sociaux. Des familles, des jeunes
sont dans la panade et en révolte : ne cherchez pas d’où ils viennent. Ils ne
sont pas issus de beaux quartiers. Mais des banlieues, de la province, des
sections déshéritées, des enseignements techniques ou professionnels. Ils
auront peut-être le bac, mais les portes qui s’ouvrent, ce n’est pas pour eux.
C’est tout simplement IN-TO-LE-RA-BLE ! C’est un droit majeur qui
s’effondre : le droit d’entrer à l’université !
Jean-Marie Philibert
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