les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

dimanche 26 août 2018

La Catalogne, connais pas


La Catalogne, connais pas !



Il est de bon ton dans le landernau de considérer VISA POUR L’IMAGE comme une réussite exemplaire qui propulse notre sympathique ville sur le devant de l’actualité photographique, rituellement, au début du mois de septembre. Nous dénonçons assez souvent les « cagades *» locales pour ne pas nous réjouir de ce qui peut représenter un plus, d’autant que les chantres de la manifestation se répandent régulièrement en comptant tout ce qu’elle rapporte à la ville. Et la confirmation vient du milieu commerçant que l’on n’entend pas gémir pendant cette période, tout occupé qu’il est à remplir ses caisses. Nous ne chipoterons pas sur ces terrains-là. Pas plus que sur l’afflux de visiteurs d’ici, d’ailleurs, jeunes et moins jeunes qui semblent aimer ce qu’ils voient… Même si ce qu’ils voient est rarement réjouissant, c’est un euphémisme. Le monde n’est pas un jardin des délices et le journalisme ne se nourrit pas des aventures des bisounours, encore qu’une certaine presse fasse ses choux gras de la fréquentation des plus huppés d’entre eux. Visa nous propulse donc au milieu des malheurs du monde… à profusion… jusqu’à plus faim… jusqu’à plus soif, avec tous les styles, avec toutes les couleurs et aussi avec souvent beaucoup de talents.

Une pertinence à interroger

Mais l’uniformité de cette thématique, inlassablement répétée,  me pousse à m’interroger sur la pertinence de cette démarche, sur la part que peuvent y avoir les préjugés de gens qui se déclarent certes professionnels de la chose, et donc sans doute enclins au sensationnalisme de mise dans ces milieux, mais qui ne semblent pas vouloir intégrer dans leur présentation la réception de ces images, les effets qu’elles induisent. Et j’ai le sentiment que trop, c’est trop : on regarde en passant… en passant… sans se poser les questions morales, politiques, sociales, économiques qu’une démarche citoyenne pourrait, devrait,  éveiller.

Un choix contestable

Il y a un domaine où ici on s’est posé ces questions, mais que VISA 2018 a choisi de ne pas évoquer : La Catalogne. Elle  a fait la une de l’actualité. Tout près de chez nous, en résonance avec notre histoire. Il y fut, il y est toujours, question de liberté, de démocratie, de respect du suffrage universel, d’identité nationale, de droits politiques, historiques et culturels. Le référendum organisé par la Catalogne, son interdiction, la volonté populaire qui s’y est manifestée, en dépit d’une présence, d’une brutalité policières dignes d’un franquisme pas tout à fait mort, les arrestations, les luttes qui s’en sont suivies ont donné lieu à une floraison d’images pleines de sens et de leçons. VISA n’en parlera pas : pas assez trash ? Pas assez de sang ?  De larmes ? Et les manifs, ce n’est pas photogénique, c’est toujours pareil, c’est monotone… Pensez donc, des gens qui, par dizaines de milliers, se battent pour la démocratie ! Cela ne peut pas faire une expo… un argument de poids au moment où on s’extasie 50 ans après devant les photos de mai 68.

A début de mon propos je parlais des « cagades *» locales : je crains que cela en soit une !

Jean-Marie Philibert.

*pour les oreilles sensibles et les estrangés, remplacer « cagade » par « erreur »

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