les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 11 février 2019

L'essentiel


L’essentiel

Le propre des mouvements sociaux, c’est d’être comme la vie, jamais totalement identique, et jamais totalement différente. Cela en fait la saveur. Cela explique aussi qu’à chaque fois, nous devons mettre notre conscience à jour avant d’être en mesure de bien comprendre ce qui se passe. Chaque jour apporte son lot de nouveautés et d’inventions. L’imagination populaire serait donc d’une richesse insondable. Le peuple imaginatif ? Vous n’y pensez pas !

On ne peut pas en dire autant des mainteneurs de l’ordre, policiers et pouvoirs qui leur font face. Ils ne savent que cogner. Ils compensent sans doute leur incapacité à comprendre ce qu’ils ont en face d’eux par le déversement d’une violence d’état qu’ils pensent aptes à faire taire les récalcitrants. Ils ne se souviennent même pas que les récalcitrants, les engagés, les contestataires, les résistants ne se sont jamais tus, même si parfois ils peuvent donner le sentiment de lever le pied.

Assoupi ?

Les mouvements que nous vivons donnent du grain à moudre à mes commentaires. En effet, il y a quelques mois,  on avait le sentiment que le vent de la révolte s’était assoupi, que Macron pouvait proférer sans retenue ses horreurs et son mépris pour ceux qui ne sont pas de son monde, que le patronat pouvait dormir tranquille pendant qu’il pompait toujours plus de plus-value, qu’il suffisait de taper comme des brutes sur n’importe qui, que les syndicats étaient divisés, que, parmi eux, celui que l’on dit premier (la Cfdt, vous avez devinez) est comme définitivement ramolli du bulbe. Comme si le ménage avait été fait et que la bande à Macron pouvait tout se permettre… Cela reste leur ambition.

Eh bien patatrac !

De la France profonde, des femmes, des hommes, des jeunes et des vieux ont envahi les ronds-points pour dire leur colère, leur révolte, pour les faire partager. Ils l’ont fait de leur propre chef (expression à prendre dans tous ses sens, c’est-à-dire sans leader, mais pas sans jugeote), dans une cacophonie sympathique. Même si cela perturbe ! En montrant que plus ils avançaient dans le mouvement, plus ils étaient au parfum de l’injustice qui ronge nos vies, de l’inégalité criante  dans la répartition des richesses qui la gangrène, de la caricature de démocratie dans laquelle nous vivons. Ils ont dit tous les besoins sociaux et démocratiques énormes. Et là, patatrac ! L’opinion publique que d’habitude on manipule du matin au soir, les a crus.

Des commentateurs patentés et bien en cour, prenant leurs désirs pour des réalités, ont vu avec une joie certaine une mise à mal des organisations syndicales non ramollies, les préjugés qui les animent les ont empêchés de voir que ces jaunes-là n’avaient rien d’antisyndical, qu’ils pouvaient prolonger, enrichir l’intervention sociale. La fécondité du peuple est telle qu’il peut produire tous les contrepoisons contre les misères et les maladies qu’on lui impose, qu’il est capable de tous les contre-pieds, qu’il y met le temps qu’il faut, qu’il choisit la ou les  forme(s) qu’il faut. Rien n’est écrit à l‘avance. Inventif, vous dis-je !

Convergence

Et il a été de la responsabilité des organisations syndicales de voir croître et proliférer ses expressions nouvelles, d’inscrire leurs actions en convergence avec elles : la semaine dernière les trois mille manifestants de Perpignan faisaient plaisir à voir. Et l’on sentait aussi qu’ils avaient plaisir à se montrer ensemble, non pas comme dans un aboutissement, mais comme sur un tremplin en mesure de les faire rebondir tous et loin.

D’autant mes camarades jaunes, rouges, verts, même roses et même un peu décolorés, il y a de la marge, il y a du monde à gagner, il y a encore des esprits à éclairer, il y a les naïfs à déniaiser, il y a des endormis à réveiller. Ici. Comme ailleurs. Il y a tout un peuple à rassembler. Ne serions- nous pas sur cette voie ?

C’est là l’essentiel. Tout le reste est accessoire.

Jean-Marie Philibert.

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