les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 11 mars 2019

de l'art du théâtre


De l’art du théâtre

Comédie… Tragédie … Tragi-comédie … Farce ? Peut-être ? Il se joue un ultime ( ?) spectacle sur la scène du théâtre municipal de Perpignan, avant qu’on casse tout. Comment le caractériser ? A vous de juger.

Il s’inscrit dans une saga interminable au centre de laquelle nous retrouvons sur scène nos deux bouffons italiens Pujolino et son acolyte Laurentino qui vont répétant :

«  Vous allez voir ce que vous allez voir ! Vous allez assister à un miracle ! Une ville séculaire réinventée ! Une ville de vieux rajeunie ! Un quartier de pauvres enrichi ! Des rues propres ! Des étudiants partout ! Des commerces florissants ! Grâce aux magiciens de la parlotte, grâce aux impôts de nos concitoyens, grâce aux béni-oui-oui qui nous soutiennent ! Vous avez déjà vu ce qu’on a fait à Saint-Jacques, des trous béants ! Vous avez vu ce qu’on a fait à la CGT, à la porte de la Bourse, un siècle d’histoire sociale effacé d’un trait de plume ! Vous allez voir ce qu’on va faire aux protestants : un temple, fût-il consacré à dieu, ne peut rien contre Pujolino.

On n’a peur de rien

Pujolino et Laurentino, deux ouragans capables de complexer la pire des tramontanes. Rien ne leur résistera. Le théâtre municipal sera leur dernière œuvre. Vous ne le reconnaîtrez pas. Il n’existera plus. On ne vous y invitera plus !  Laurentino veut le garder pour lui et sa petite troupe d’étudiants. A l’intérieur, on casse tout, on bétonne. Nous, les plus grands acteurs du théâtre italien, on n’a peur de rien, on a le courage de mettre un terme violent à l’histoire théâtrale locale, on a l’outrecuidance de détruire une acoustique exceptionnelle, on a même le culot de fermer un lieu de convivialité, de vie artistique, pour inventer la nouveauté du siècle à laquelle personne n’avait pensé avant nous : la métamorphose du théâtre en amphithéâtre. Pour votre bien, bonnes gens, que nous seuls acteurs géniaux sommes capables de connaître. C’est notre idée de la démocratie !

L’absurdie

Perpignanais et Perpignanaises, vous avez compris que nous ne sommes pas de votre monde, nous sommes, avec Dali, des membres éminents du Centre du monde, nous nous inscrivons dans sa filiation directe : plus les projets sont fous, plus ils nous plaisent. Nous allons souvent nous inspirer à la gare de la ville. L’absurdie est notre planète. Nous n’avons plus besoin de théâtre, car notre vie est un théâtre permanent !

Ce n’est pas un figurant de ving-cinquième catégorie du nom de Pinellino, qui croyait avoir des compétences culturelles, le pauvre, qui nous fera reculer. S’il veut quitter la municipalité, bon vent. Nous ne voulons pas être mauvaises langues, mais il se dit qu’une autre troupe de théâtre lui a fait des propositions alléchantes. Il pourra jouer les rôles de traitre.

Mathonito, le sauveur ?

Quant à Mathonito et sa troupe de théâtre de rue, la bien nommée « L’as part », elle n’a aucune chance d’arriver à nous impressionner : elle n’a plus la carte maîtresse. Ils gesticulent sur les places publiques, mais le vrai théâtre ce n’est pas cela. Nous seuls, Pujolino et Laurentino, savons qu’il ne peut être qu’amphithéâtre et rien d’autre. »

Quand ce billet d’humeur paraîtra, une manifestation appelée par l’ASPHAR aura rassemblé, le mardi 12 mars, devant le théâtre,  les citoyens de Perpignan qui veulent préserver leur patrimoine. Pujolino et Laurentino auront-ils compris leur bêtise ?

Jean-Marie Philibert

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