les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

dimanche 29 décembre 2019

moments de vérité


Moments de vérité

Le propre des mouvements sociaux, comme celui qui est en cours, est qu’ils sont des moments de vérité ; ils sortent du train-train habituel et comme on dit « ils remettent les pendules à l’heure ».

Certes il faut garder la tête froide, ne pas croire que le pouvoir, le patron vont se coucher tout de suite, mesurer les enjeux, les chances d’obtenir satisfaction, les risques d’y laisser des plumes, être conscient qu’au-delà de la revendication, c’est de dignité qu’il s’agit, de vie digne et debout. Les salarié(e)s en lutte font leur expérience, elle est incontournable, et souvent inoubliable.

Un condensé de lutte des classes

Mais l’affrontement apporte son lot d’informations et de révélations sur le contexte, les acteurs, la situation, les forces politiques, sociales en présence, les doses de courage nécessaires, sur les manœuvres à déjouer, sur les vrais amis et les autres, sur les sacrifices à faire, sur la force du collectif et de la solidarité, sur le cynisme, les bassesses, le culot de quelques-uns, sur les erreurs à ne pas commettre. L’expérience de trois grèves reconductibles m’a laissé des souvenirs…

Ce mouvement social, c’est un condensé de luttes des classes qui révèle ce que le quotidien peut parfois nous faire oublier.

Allons y donc pour les révélations. D’abord une très importante qui, plusieurs semaines après le début du mouvement, reste marquante, c’est le regard bienveillant, pour dire plus, c’est le soutien exprimé par une part importante de la population, en dépit des difficultés subies. Les instituts de sondage sont obligés de le reconnaître. La bataille d’opinion sur l’esbroufe de la retraite à points est en passe d’être gagnée. Les arguments sur l’universalité, la justice, la fin des privilèges… apparaissent pour ce qu’ils sont, des leurres. Avant la poursuite du mouvement en janvier, c’est un acquis important.

Les forces politiques

Autre révélation, plus attendue, c’est l’attitude des forces politiques, la LE PEN, elle n’aime que les masses à sa botte, mais elle a dit qu’elle soutient les grèves, sans doute comme la corde soutient le pendu. Elle se dit qu’il y a peut-être des voix à prendre. La droite présentable critique la méthode, les erreurs, les cafouillages, mais ne cache pas qu’elle ferait pire. Le centre dans les bras de Macron le laisse aller au charbon sans trop se mouiller, chez ces gens-là, on est péteux par nature. La social-démocratie, elle se réveille, et c’est tant mieux : le PS était même présent au meeting unitaire de gauche à Saint-Denis. Les écolos se rendent compte qu’à côté de l’écologie, le social fait de la résistance, ça semble les surprendre. A la gauche de la gauche, ça bouge plutôt dans le bon sens, même si Meluche semble avoir les chevilles qui enflent. Ils soutiennent tous et c’est ce qu’il faut ! Le PCF est là où il faut et il fait aussi ce qu’il faut pour aider le mouvement.

Enfin, dernier domaine à observer : le mouvement social.

Les Gilets jaunes semblent avoir compris que le monde syndical est à même d’offrir des perspectives à une lutte globale contre les injustices de toutes sortes qui gangrènent notre société, que s’organiser, c’est pas péché. Ils sont nombreux à être dans le mouvement et lui donnent de la couleur…

Le front unitaire qui est au cœur de la grève, CGT, FO, FSU, Solidaires,  qui a l’habitude du travail en commun a retrouvé la vigueur de l’unité, de l’unité d’action, la force de l’organisation collective, l’attraction que représente le rassemblement de tous ceux qui veulent voir leurs droits à la retraite (et les autres aussi) élargis, enrichis de tous ceux qui n’en veulent plus de ce libéralisme sauvage qui sème misère, exclusion, chômage, précarité, à la sauce UBER ! J’émets le vœu que, de ce front unitaire, sorte quelques chose de plus unitaire encore que les travailleurs de ce pays  peuvent inventer.

Enfin les autres, doctement qualifiés de réformistes, ils ont le cul entre deux chaises. La retraite à points a fait rêver la CFDT, mais ils ne veulent pas des 64 ans. Ils sont pour un recul, mais deux, c’est un peu trop. Quant à l’UNSA dont les cheminots font grève, elle les incite, en vain, à reprendre le travail. Ces deux organisations illustrent à merveille le sens qu’il faut donner au mot réformisme, au mot réforme : un embrouillamini, doublé d’un mensonge dans lequel une mère ne retrouverait pas ses petits.

Conclusion : les moments de vérité que nous vivons nous rappellent que la marche avant n’est pas la marche arrière.

Jean-Marie Philibert.

mercredi 18 décembre 2019

les retraites ... mais pas que...


Les retraites… Mais pas que…

Certes la question des retraites est dans toutes les têtes, des salariés, des citoyens de ce pays, des manifestants, des grévistes. Les enjeux du conflit sont clairs, au prétexte d’une pseudo-justice, la destruction de pans entiers de notre histoire sociale, avec à l’arrivée une réduction drastique du montant des retraites. Mais la force du mouvement, les propos entendus, les révoltes qui s’y expriment ne se limitent pas à cela : la crise qui touche le libéralisme sauvage qui constitue notre horizon indépassable ne pouvait que produire des effets, tels que la désespérance qui touche des pans entiers de notre société. Quand elle se heurte à l’arrogance de la classe dirigeante, la colère est compréhensible.

En même temps

D’autant que sur des questions aussi essentielles que le pouvoir d’achat, le chômage, la protection sociale, la situation empire, pendant que les revenus financiers se portent à merveille. En même temps… comme ils disent, les Macronistes. Et ils prétendent agir au nom de la justice, de l’universalité, au nom de la démocratie. La retraite à point nous l’aurions plébiscitée lors de la présidentielle… Et les 64 ans ? Et la casse des services publics ? Et la misère des hôpitaux publics ? Ce sont des revendications que nous avons demandé à ces marcheurs à la noix de satisfaire. Et l’empressement à casser les statuts, comme ceux de la fonction publique, comme ceux des enseignants ? Et la porte ouverte à toutes les formes de privatisation ?

C’est parce que la colère est immense et partagée que tous ceux qui souffrent des transports en grève tempèrent leur mécontentement et se reconnaissent au moins en partie dans le mouvement en cours, qu’une majorité de la population soutient le mouvement. Ce n’est pas l’action des régimes spéciaux contre les autres, mais la colère d’un peuple qui n’en peut mais de ses souffrances.

Contre la réaction en marche

Le gouvernement a tort de jouer le pourrissement, il se coupe un peu plus de sa force vive, s’isole et se dévoile pour ce qu’il est vraiment : la réaction en marche !

Sans prendre conscience que les défilés, les manifestants, les contestataires, les grévistes peuvent être plus nombreux encore… jusqu’à le faire trembler un peu plus.

Tiens ! Tiens ! La jeunesse lycéenne, étudiante… Tiens ! Tiens ! L’ensemble du monde du travail, privé et public, les grandes entreprises et les plus petites, les précaires, les sans-emploi…Cela peut faire du monde… concerné par ce qu’il se passe. Tous ensemble ! Tous ensemble ! Tous ensemble !

JMP


lundi 16 décembre 2019

les lumières éteintes


DES LUMIERES… ETEINTES

Dans un pays comme le nôtre qui est dans le top 10 des puissances mondiales, qui cherche souvent à donner des leçons à la terre entière, et qui, je crains, doit assez souvent être considéré comme insupportable à force de se croire sorti de la cuisse de Jupiter et, en plus maintenant,  de vivre sous sa houlette, il est indispensable d’avoir des élites, des esprits super puissants qui comprennent tout, qui savent tout, qui ont fait les plus grandes écoles et qui passent, passeront leurs vies dans les plus hautes sphères du pouvoir à fricoter avec tous les VIP. Des lumières, quoi ! Vous les entendez régulièrement à la téloche parler avec toute la suffisance et le mépris qui conviennent quand on s’adresse au bas peuple.

Ratages

A voir l’épisode actuel de la réforme des retraites, je me dis que nous avons raté quelque chose dans la formation de nos élites : ils cumulent les ratages, les erreurs, les manœuvres sottes (euphémisme), les propos faussement assurés avec une telle rapidité, une telle intensité, qu’on peut douter de leur lucidité.

Récapitulons : pendant des mois et des mois, parce qu’ILS (toute  la bande, du président au gouvernement) n’avaient rien vu venir : ILS ont foutu le pays, tout le pays, à feu et à sang, avec les gilets jaunes qu’ILS ont traités comme des moins que rien, pour ensuite leur jeter en pâture quelques miettes du festin et ne rien régler des difficultés sociales qu’ils ont soulevées.

Zizanie

Au moment où le climat se détend un peu, les stratèges de la République en Marche, se disent que peut-être un projet de réforme des retraites pourrait relancer la zizanie ambiante, tout en mettant un nouveau tour de vis sur les droits sociaux (ce qui est de leur point de vue toujours une bonne chose).

ILS reprennent une vieille « rengaine » que les réformistes sans ambition (traduisez réacs déguisés) trainent depuis des lustres : la retraite à point qui est à la retraite ce que l’aumône est à la justice. Et puis, c’est compliqué, ça aide à tromper son monde. Tellement que les ministres se trompent eux-mêmes quand ils en parlent. On va donc  chercher une vieille gloire, Delevoye, apparemment gentille, propre sur elle,  pour faire le job, discuter avec les syndicats, convaincre les indécis. Et puis on se rend compte qu’il a une batterie de casseroles au derrière, que sa retraite, à lui, ce sera du lourd, que sa crédibilité avoisine zéro.

Des demeurés

Le pays est à nouveau, à feu et à sang, grèves, manifs et remanifs, puisque beaucoup de futurs retraités sans doute plus compétents que le Delevoye ont fait leur calcul et se sont rendu compte que leurs retraites allaient prendre des coups sur la casaque, et que toutes les promesses dont on les abreuve n’ont pas une once de vérité : ainsi de ce pauvre Blanquer, qui prend ouvertement et sans vergogne des centaines de milliers de profs pour des demeurés.

Alors pour éteindre l’incendie, comme on n’a plus les pompiers (en grève), on appelle au secours la cfdt et l’unsa, mais comme on les a, elles aussi, trompées, en allongeant à 64 ans l’âge pivot pour toucher l’intégralité de sa retraite, elles boudent et disent qu’elles ont envie de manifester. Et une nouvelle bêtise !

Nullité

Parmi les autres signes de cette palinodie (vous savez quand on ne sait plus trop ce qu’on peut /doit dire et qu’on fait tout et son contraire)

 : donner aux syndicats la gouvernance du système (à condition qu’ils obéissent à ce qu’on leur dit)… On peut toujours rêver. Et le plus significatif de leur culot et de leur inhumanité absolue : la clause du grand-père.

Acceptez la réforme, elle ne vous touchera pas, elle ne touchera que les jeunes, entrant sur le marché du travail. Et je vais expliquer à mon fils, à mon petit-fils que j’ai sauvé ma retraite en bradant le sienne. J’ai honte pour eux.

Quand la nullité morale et intellectuelle atteint ce niveau, on se dit que nos zélites n’ont pas la lumière à tous les étages.

Jean-Marie Philibert.

mardi 10 décembre 2019

Faire le ménage


FAIRE LE MENAGE

Pourquoi avoir attendu tant de temps ?

C’est la question lancinante qui hante mon esprit en ce jour de grèves et de manifestations qui permettent à nos espoirs de se dire qu’ils ne sont pas vains, que même un peu assoupis ils peuvent se réveiller.

ILS

Ainsi après la vulgarité sarkozyste, la mollesse et la duplicité hollandaise, le culot, l’ambition et les mensonges macroniens auront la réponse qu’ils méritent. Quoi qu’ILS disent ILS ne sont pas du côté du progrès social, ILS ne savent rien et ne veulent rien savoir des aspirations d’un peuple qui souffre, aspirations à la justice sociale, à la solidarité, à des transformations politiques et sociales qui apporteraient un peu d’oxygène. ILS sont délibérément du côté du manche, du pognon, de la finance, de l’arrogance, comme si c’était là, la seule place possible pour un pouvoir politique. Ce constat nous ne cessons de le faire et nous ne cessons de le combattre : il est vrai que nous avons rarement l’impression d’avancer, même si par notre action nous pouvons dire que nous préservons des pans importants des acquis de notre histoire, et même si ce n’est pas toujours à la hauteur de nos aspirations.

La lutte des classes

Observez attentivement les acquis des politiques mises en place à partir du programme du Conseil National de la résistance, Sécurité sociale, retraite, réforme de l’enseignement, statut de la fonction publique, reconnaissance syndicale, vie démocratique, nationalisation… ILS ne rêvent que de grignoter, déformer, saper, casser des acquis que les plus réactionnaires d’entre eux vivent comme des survivances d’une emprise « communiste » qui les insupportent. Le bien être des gens les énerve, parce qu’il entre en contradiction violente avec leur compte en banque, et qu’ILS croient dur comme fer à cette lutte des classes qu’ILS pratiquent avec tout le zèle indispensable en faisant croire aux péquenots que nous sommes-serions ( ?) qu’elle est dépassée.

Gonflés !

ILS seraient des gens de bien, de bon sens. ILS veulent une réforme des retraites universelle et juste. ILS veulent en finir avec ces privilèges d’un autre âge que les égoïstes que nous sommes, attachés aux régimes spéciaux, défendent. ILS veulent nous faire croire que cela sera mieux après, alors qu’on travaillera plus longtemps pour des retraites réduites. Et comme ILS sont très gonflés et qu’ILS nous prennent vraiment pour des imbéciles, ILS commencent dès maintenant par des biais divers à réduire les pensions des retraités actuels. Il faudrait dire merci, croire aux mensonges que des bonimenteurs encravatés déversent à longueur d’antenne, aux leçons de modérations que tous les mous du bulbe ne peuvent pas s’empêcher de donner.

L’escombra

« Macarel, un cop d’escombra ! », aurait dit ma mémé dans son patois catalano-carcassonnais.

Les « escombras » (les balais pour les non-autochtones)  sortent des placards, ils se rassemblent, ils se radicalisent, ils se rappellent des souvenirs, « Putain, c’est comme en 95 ! ». Il y a les anciens, les jeunes, le privé, le public, les enseignants, les actifs, tous les retraités actuels et futurs…

ILS espèrent que ça va se calmer, que les trains, les métros vont redémarrer, que le monde du travail va en reprendre sagement le chemin, que les « escombras » ne serviront pas. Encore une fois ILS se trompent. Si les « escombras » ont attendu si longtemps, ce n’est pas pour « un petit tour et puis s’en vont ». C’est pour servir et bien, c’est pour sévir aussi, c’est pour les retraites des petits et des grands, c’est pour la justice… Et c’est aussi un peu pour faire le ménage…

Jean-Marie Philibert.