les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mardi 7 juillet 2020

au firmament de la préfectorale


Au firmament de la préfectorale
Les VRP qui habitent à Perpignan, pour une durée plus ou moins courte, sur les quais de la Basse dans des appartements que la République, bonne fille, met à leur disposition et qui portent l’uniforme, la casquette et le nom de préfet ont tous, plus ou moins, au cours de leur séjour « manifesté » (oh pardon, le mot m’a échappé, pour un préfet, c’est un gros mot))une obsession, une hantise, un rêve caché et pourtant si prégnant : ne pas voir un seul manifestant sur le devant de leur porte, sur le Quai Sadi Carnot. Ces manifestants sont mal élevés, ils crient, ils chantent, ils disent des bêtises, ils détériorent l’environnement sonore et paysager. Même parfois ils sont un peu cocos !
On ne leur a sans doute pas dit à l’ENA qu’ils auraient à subir une telle promiscuité, par contre on a dû longuement leur expliquer qu’il faut tenir le bon peuple à distance et surtout lui faire sentir qu’on n’est pas du même monde, qu’on ne partage pas les mêmes valeurs, d’où toutes les dorures qui ornent la casquette de la préfectorale pour marquer une différence de nature, de naissance sans doute, de classe certainement.
Ca sent si bon l’ordre établi                                                         
Les courtisans patentés ont bien compris les règles du jeu : ils respectent les codes, et les dorures ;  ils en rajoutent même un peu dans le léchage de botte. Il peut même leur arriver d’être d’introduits dans le bureau de son éminence qui domine le quai cité plus haut et qui sent si bon l’ordre établi : ce sont des moments importants de leur vie dont ils garderont un souvenir impérissable.
Le vulgus pécum ( en français, la plèbe, le peuple ) se contentera la nuit venue de jeter un regard sur les fenêtres du premier étage qui brillent de mille feux et qui dévoilent succinctement des splendeurs qu’à Saint-Jacques ou à Saint-Mathieu ( pourtant si proches) on ne connaît pas.
Un musicien qui aime la partition
Le préfet actuel, qui connaît la musique, a décidé d’enrichir la partition ( dans tous les sens du terme). Lors de la dernière manifestation des soignants, il a prétexté la menace d’éléments troubles dans le cortège pour barrer avec ses robocops casqués et armés jusqu’aux dents le fameux quai qu’il faudra sans doute rebaptiser quai de la grande tranquillité de son éminence. Ces soignants qu’il adorait quand à l’Hôpital il faisaient face au pire, là il ne les aime plus du tout. Ils manifestent alors qu’on leur a donné des médailles, ils voudraient des sous.
Vade retro…                
« Quelle honte ! Cette cupidité ! Je vais leur montrer qui commande ici.
Et puis le gouvernement donne l’exemple en cherchant à interdire, au prétexte de l’urgence sanitaire ce qui est un droit constitutionnel : le droit de manifester.  Je fais comme eux. Je suis donc un bon élève, Castaner me donnera peut-être un bon point. Et puis je les habitue aux nouvelles mœurs de la ville qu’Aliot ne tardera pas  à instaurer : plus de drapeaux syndicaux dans la cité, seuls de drapeaux tricolores portés par des blancs, bien sûr. Et hop je me mets Aliot in the pocket. Je me souviendrai longtemps de ce mardi 30 juin où j’ai contribué à remettre les choses à leur place, les manifestants à la maison, et moi au firmament de la préfectorale. »
Question : au firmament de la préfectorale l’oxygène démocratique se ferait-il rare ?        
Jean-Marie Philibert

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