les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 20 juillet 2020

Castex un homme d'avant pour les temps d'après


A l’ancienne…


Vous avez sans doute remarqué que de nombreux commentateurs politiques  ont fait et font de notre gloire politique locale, le maire de Prades propulsé aux plus hautes fonctions de l’état, un homme d’un autre temps. Jean Castex n’est pas un startupeur, à l’allure jeune et négligée, au verbe branché, à la décontraction absolue, à la mâchoire ambitieuse, un brin mal élevé  comme on en a vu des tonnes dans l’écurie Macron dont il ne semble pas partager l’aspiration à tout chambouler. Ma Mémé avait une expression parlante pour qualifier ce genre de personnages inaltérables au temps, mais profondément sécurisants, elle les trouvait « vieux jeu ». Et cela n’avait aucun rapport avec leur âge.
La preuve par Delahousse
Je trouve que l’expression lui va bien : la preuve par le journal d’Antenne deux de vendredi dernier où il est intervenu en compagnie de Laurent Delahousse. La différence d’âge entre les deux hommes n’est pas très grande, et pourtant  dans l’attitude, dans le verbe, dans la tenue, dans la gestuelle, dans le regard, un siècle, plusieurs républiques semblent les séparer. Delahousse s’agite sur son tabouret, a le visage en mouvement constant, regarde dans tous les sens, interrompt son interlocuteur, il a le toupet et le faux naturel qu’une vedette médiatique du 21° siècle doit avoir. Castex, lui, nous la joue en homme politique de la III° République, solidement campé sur son siège, le costume sombre très correctement boutonné, le visage et le regard figés sur le journaliste auquel il impose ses réponses qu’il développe jusqu’à leur terme, en articulant méticuleusement et sans tenir compte de l’impatience de son intervieweur. Il agrémente le tout d’un léger accent catalano-gersois qui sent bon le terroir et qui détonne quelque peu dans ce monde où il est impensable de ne pas parler pointu.
La France des territoires
Le terroir, le territoire, la France profonde, il est là pour ça, le Jean Castex, et la forme rejoint le fond. Après l’avoir méprisé, et avoir dû affronter des mois de luttes sociales (droit du travail, gilets jaCastexunes, retraites..) que la violence policière a tenté de contenir au prix de plaies, de bosses et même un peu plus et d’atteinte à la démocratie, Macron tente d’utiliser la coupure de la pandémie, du confinement-déconfinement, pour s’inventer une nouvelle partition et tenter de sauver les meubles pour la prochaine présidentielle. Pour cela il lui faut un homme nouveau qui va incarner cette nouvelle proximité entre le peuple et le pouvoir : « La France des territoires, c’est la France de la proximité, à laquelle nous devons impérativement faire confiance… ».
Et il suffit ensuite de tartiner les vieilles rengaines : décentralisation… déconcentration… différenciation… Les réformes qui fâchent sont mises très momentanément sous le coude et on fait appel aux partenaires sociaux pour les convaincre de servir une nouvelle fois de caution à une manœuvre qui consiste à ne pas changer grand-chose, mais à laisser croire qu’on a quand même fait quelque chose pour éviter le pire et pour répondre à la demande sociale. Il se trouve malheureusement dans le syndicalisme français des adeptes de ce genre de contorsions. Heureusement pas tous.
Une recette très ancienne…
Reste la dernière étape : celle qui permettra ou pas la réussite de la manœuvre. Là on mesurera le talent de Jean Castex :  faire en sorte que l’on y croie, qu’on se laisse embrigader dans l’entourloupe qui consiste à renforcer un peu plus les inégalités, à concentrer un peu plus les richesses dans les poches de quelques-uns et que le bon peuple se lasse de secouer le cocotier !
Macron et ses sbires en rêvent et pour cela ils ne négligent aucune bonne et vieille recette, la pommade de perlinpinpin par exemple (ou plus vulgaire si vous voulez…) est de celles-là. On vous abuse, mais en douce. Jean Castex ou la pommade à l’ancienne…
Jean Marie Philibert

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