les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

dimanche 27 septembre 2020

DES COUPS SUR LA TETE

 

Des coups sur la tête !

 

Lors de ma dernière visite chez mon cardiologue préféré, il m’a interrogé sur la façon dont j’avais passé le confinement : devant mon affirmation de ne pas avoir trop souffert de l’épreuve, il m’a fait part de son inquiétude devant le nombre de patients qu’il rencontre et dont il a l’impression qu’ils ont pris un coup sur la tête, sans qu’ils en soient nécessairement conscients, sans qu’ils manifestent des troubles graves, pathologiques .

Je me dis que ces semaines hors sol, d’une vie qui n’en est plus tout à fait une, dans des villes désertes, à compter les malades et les morts tous les soirs à la téloche peuvent sûrement entraîner des conséquences  Une perturbation latente, une inquiétude diffuse, une humeur altérée,  un comportement surprenant, des propos hors sujets, un repli sur soi renforcé. Et moi qui fais le flambard, il ne serait peut-être pas impossible que le syndrome du Covid ne m’ait frappé la caboche ; comme il a touché beaucoup de ceux et celles qui ont eu à vivre cette période troublée.

Un peu d’oxygène

Le déconfinement qui fut plus tardif que prévu n’a pas effacé toutes les perturbations, même si on avait le sentiment d’un répit que la période estivale a permis de renforcer, mais avec la conscience que la bébête ne marquait que temporairement le pas. On l’aurait presque oubliée : les plus jeunes plus particulièrement qui prenaient des libertés avec les gestes barrières, et les pouvoirs publics qui semblaient aussi parfois fermer les yeux et avoir décidé de laisser s’engouffrer un peu d’oxygène dans nos vies

Une durée très indéterminée

Mais le virus est toujours là, les menaces qu’il fait peser sur notre santé, sur notre système de santé, sur nos habitudes de vie, sur notre vie sociale, culturelle, économique, politique sont toujours aussi prégnantes, nous cherchons à les préserver aussi normales que possible dans un contexte marqué par de lourdes incertitudes que les données médicales, scientifiques,  à ce jour, ne lèvent pas. La durée de tout ce barnum est totalement indéterminée, mais on est amené à se douter qu’elle risque de nous obliger à faire preuve de patience. D’où les risques de prendre des coups sur la tête, encore et toujours, en particulier pour tous ceux que la situation fragilise et ils sont nombreux.

Le pouvoir va parer au plus pressé, donner au patronat de quoi sauver ses meubles et même plus, saupoudrer sur le salariat et les autres de quoi ne pas sombrer tout à fait, répondre à l’immensité des besoins sociaux avec un lance-pierre et de belles paroles, laisser les services publics dans leur misère, réduire la parole démocratique à la portion congrue.

Les complices du virus

La bande à Macron-Castex et consort semble dans l’incapacité de comprendre que le virus qui perturbe nos existences a des complices nombreux qui se sont installés dans notre vie depuis belle lurette, qu’ils l’empoisonnent, et qu’il faut TOUS les combattre pour nous rendre vraiment le goût de vivre. Ce dont nous avons besoin pour relever la tête, pour regarder loin, c’est d’une vision d’avenir qui ne soit pas plombée comme celle d’aujourd’hui.

De multiples organisations dans une démarche unitaire parlent, décrivent, revendiquent la construction d’un JOUR D’APRES, différent, solidaire, exigeant. Il ne vous étonnera pas qu’elles soient plus à gauche que le pouvoir actuel, qu’elles prônent un vrai et équitable partage des richesses, plus de libertés, de démocratie. La confiance dans l’avenir est aussi une arme essentielle pour combattre les virus. Le remède, le vaccin ne seront pas que médicaux. Il y faut un traitement complet pour sortir du marasme et ne plus prendre des coups sur la tête.

Jean-Marie Philibert.

lundi 21 septembre 2020

vite

 

Vite

Je les ai écoutés attentivement. J’ai le sentiment que, lors de la journée d’action du 17 Septembre, les responsables syndicaux ont bien parlé , qu’ils ont dit l’essentiel sur la situation sociale, sur le plan de relance, sur la nécessité de renforcer toujours plus l’union des forces sociales, sur les formes de surdité du pouvoir, sur son incapacité à faire surgir d’une situation certes compliquée « un jour d’après » crédible. Il y a dans le discours syndical, et il le faut, tout le volontarisme pour faire face à quelque chose de totalement nouveau, dans un contexte inédit. Je mesure toute la difficulté de l’exercice et je remarque aussi que l’attention portée par les manifestants est plus grande que d’habitude, comme s’il y avait une attente.

Une complexité nouvelle

Parce que nous sommes confrontés à une complexité nouvelle avec le corona.

L’affrontement entre le monde du travail et celui du pouvoir économico-politique (en clair le pognon) n’a d’autre dessein que de faire toujours plus suer le burnous, que de renforcer sa domination et que de ne lâcher que ce qui permettra à la marmite de l’exploitation de poursuivre son « œuvre » sans exploser. Cet affrontement  se double aujourd’hui de multiples enjeux. Enjeux de santé publique, sur une échelle mondiale, avec des réponses diverses selon les lieux, et des évolutions imprévisibles, enjeux sur notre capacité scientifique à trouver la parade face à la bête, enjeux sur un nouveau civisme qui consiste à avoir des attitudes mutuelles et réciproques de protection.

Dans le même temps  une nouvelle conscience écologique s’est fait jour. Notre vulnérabilité est une nouvelle donne. La mondialisation économique apparaît pour ce qu’elle est : un piège qui nous désarme totalement. La crise économique ne fait que commencer. Les dégâts sur la situation de l’emploi sont attendus.

Dans la panade ?

Le monde d’avant nous a conduits dans la panade. Nous attendons « un monde d’après », objet de toutes les aspirations. Macron nous sort une réincarnation de Pompidou, sous les traits de Castex pour conduire une caravane, embourbée, qui me semble incapable d’avancer, avec eux, sur la voie des changements et des progrès indispensables pour le plus grand nombre.

De ce monde nouveau, ni la droite, ni son extrême, ni le ni-ni macronien, ni le pouvoir économico-financier, ni la bourgeoisie, aurait dit Karl, ne veulent, pour pouvoir, une fois le corona assagi, faire comme avant, en un peu plus pire, même. Observez comment dans nos temps troublés, ils poursuivent les uns et les autres leurs petits jeux politiques (et je te prépare les prochaines élections, et je poursuis mes réformes, et je te manœuvre tant et plus).

C’est trop lent

En face c’est aussi passablement compliqué. C’est pourtant le passage obligé pour nos espoirs. A gauche on se reparle, c’est déjà ça, mais les vieux démons veillent. Le souci de tirer pour soi les marrons du feu semble passer avant celui de s’unir dont tout progressiste véritable sait d’expérience qu’il est obligatoire. ON tergiverse donc ! ON disserte ! ON soutient les luttes ! Mais ON n’avance pas très vite. En tous cas pas à la vitesse qu’attend le peuple.

C’est pourtant ce que veulent les centaines de manifestants de PERPIGNAN, du 17, qui savent d’expérience que la lutte va continuer, qu’il faudra l’élargir, jusqu’à la rendre incontournable. S’y inscrivent les exigences de justice, de solidarité, de réponses tangibles aux besoins sociaux. Au TC notre choix est fait : il est impatient.

Vite ! L’avenir n’attend pas !

Jean-Marie Philibert.

mardi 15 septembre 2020

LA FACTURE

 

La facture     

 

« Quand tu fais le couillon, ne t’étonne pas d’avoir la note à payer ».

Ma Mémé n’a cessé de me le répéter et j’ai mis du temps à saisir la pertinence du propos malgré l’accumulation de factures que mes couillonnades adolescentes entraînaient sans rémission.

L’adage n’a pas d’âge et les péripéties de l’affrontement  avec une pandémie qui fait de la résistance nous démontrent s’il en était besoin que nous sommes tous concernés dès que nous... patinons grave du plus bas de l’échelle sociale au plus haut sommet de l’état.

 

Regardons l’historique.

N’insistons pas sur les premières étapes. « Même pas peur... C’est une grippette... C’est une bébête qui ne concerne que les chinois... Les masques ne servent à rien » Des sottises proférées avec suffisance par les plus hautes autorités. Et immédiatement, pour le vulgaire troupeau que nous sommes : la première facture très douloureuse de plus de huit  semaines de confinement, avec chaque soir le décompte des victimes et une économie en panne. Grâce à tous les humbles acteurs, les premiers de corvée,  d’une vie sociale qui ont fait que les choses ne soient pas pires nous nous en sortons. Le corona recule.

La facture a été salée, en monnaie sonnante et trébuchante pour Macron et sa clique qui avaient dit que quoi qu’il en coûte ils compenseraient les pertes du confinement. Ils ont trouvé le pognon pour se faire pardonner  leur incapacité à prendre la mesure des choses, à prévoir un nombre de masques suffisants pour affronter une pandémie imprévue, à avoir des tests aussi par exemple.

Gouverner n’est-ce-pas prévoir. ?

 

Enfin passons aux étapes suivantes.

Le corona circule toujours. Tout à l’euphorie d’un déconfinement si longtemps attendu, on passe dans les chaleurs estivales d’une pétoche sérieuse à une insouciance mesurée et même pour tous ceux que les atmosphères estivales secouaient à une euphorie coupable où on oublie le  covid. Même le Monsieur Déconfinement, par ailleurs maire de Prades devient Premier Ministre, c’est dire. La confiance est retrouvée, les masques sont là, les plages se remplissent, quelques petites restrictions n’empêchent pas la fête. Les discothèques restent fermées, mais les bistros se transforment en discothèques, avec la bénédiction de maires . Les pouvoirs publics tergiversent, ferment un peu les yeux, autorisent le Puy du Fou, mais freinent des deux fers le spectacle vivant et les festivals qui dérangent

La situation est sous contrôle. On a les masques et on les met nombreux, même si la frange des récalcitrants résiste. La contagion semble ralentir jusqu’au moment…où le corona sans doute vexé de voir qu’il nous fait moins peur se remet à faire des siennes, avec les plus jeunes maintenant. Les hôpitaux recommencent à se remplir, quelques classes, à peine ouvertes, sont fermées. Le gouvernement, par crainte d’avoir à payer une nouvelle facture, de faire de nouvelles bêtises, tient des discours alarmistes et se défausse sur les préfets des mesures à mettre en œuvre.

 

Et le citoyen lambda ?

Le citoyen lambda, lui, se dit qu’il va peut-être, et même sûrement, avoir à acquitter une nouvelle douloureuse que, sans doute, une attitude collective plus responsable aurait pu lui éviter.

Les temps sont difficiles, les inconnues très nombreuses, les vrais remèdes et vaccins restent à trouver. Le pouvoir ne veut pas entendre qu’il est impératif de construire un monde d’après, débarrassé de tous, (TOUS !) les virus qui nous empoisonnent la vie. Il y faudra de la patience, de la persistance, de la résistance. Une volonté populaire farouche. Et en même temps, une urgence immédiate, se protéger pour… réduire la facture.

Jean-Marie Philibert.