les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 28 février 2022

Nous vivons une époque formidable

 

Nous vivons une époque formidable…

 

Ironie très amère bien sûr !

Après la pandémie qui n’en a pas fini de finir. Le Poutine nous met une autre joyeuseté sur la casaque : l’invasion de l’Ukraine. Au risque de bouleverser les relations internationales, dans une posture de propriétaire terrien fou furieux qui veut récupérer un jardin qui lui avait malencontreusement échappé. Les  siècles guerriers se suivent et se ressemblent jusqu’à la caricature en dépit des efforts besogneux de tous ceux, et ils sont légion, qui aspirent à la paix. Comme si un fatum intemporel avait fait depuis Homère et Troie de nos terres des lieux d’affrontements sauvages où la vie se nourrit de souffrances, de destructions, de sang, de conflits et se sert de tous les prétextes pour cela.

 

 La guerre toujours

Et de me souvenir, enfant, de mes cours d’histoire où les guerres en tous genres étaient au menu. Pendant que nos parents, à table, se disputaient sur ce qu’il fallait faire de la guerre d’Algérie, l’arrêter, la continuer, l’OAS faisait péter quelques bombes  dans les rues de nos villes et nos soldats chassaient le fellagha.  La guerre, les souvenirs familiaux des guerres  ont nourri notre enfance, les grands-pères avaient fait 14-18, les pères et mères avaient connu 39-45. Entre les deux, la guerre d’Espagne avait envoyé ses réfugiés pour en montrer les désastres humains.

 

L’équilibre de la terreur 

L’adolescence nous confronta à la guerre du Vietnam. Pour coiffer le tout : l’équilibre de la terreur nucléaire, de part de d’autre d’un rideau de fer,  dans une guerre que l’on a dit froide, comme si la guerre pouvait avoir une autre température que celle de la mort. Pas si froide que ça d’ailleurs quand les tanks de l’Armée rouge se chargeaient de temps à autres d’aller calmer des peuples récalcitrants. Et ça a continué le Koweit, la Bosnie, le Kosovo, l’Irak, la Syrie, le Liban, Israël et la Palestine… Un  naturel belliqueux dont on ne sait pas se débarrasser.

 

Ce n’est pas fini

Eh bien ce n’est pas fini, les temps changent, les hommes aussi, mais les gestes qui tuent  non ! Aujourd’hui l’Ukraine envahie par la Russie…Dans le cadre de ce billet d’humeur, je n’ai pas d’informations nouvelles à vous communiquer, elles seraient vite dépassées. Des articles à l’intérieur du TC tentent de vous apporter des éléments d’analyses.

 

Alors ?

Evitons le mur des lamentations ! Alors, il nous reste à manifester notre solidarité avec les peuples saccagés, à dire notre colère, à dénoncer tous les vatenguerre, tous les yaqua-faucon, à situer les responsabilités de ceux qui se rêvent en empereur sans partage du monde, comme Poutine, et aussi les responsabilités de ceux qui, ici aussi pour des motifs de cuisine électorale, n’ont pas voulu voir les dangers qu’il porte.

Soyons des plus vigilants quant aux cordons sanitaires à mettre en œuvre pour éviter le pire (Poutine a calmement évoqué le pire, il a pour nom la menace nucléaire), pour circonscrire au maximum le conflit, pour l’arrêter, pour donner à ceux qui résistent le sentiment qu’une large communauté internationale les soutient, pour appeler à l’ouverture immédiate de discussions et pour tenter de résoudre cette crise majeure en mesure de modifier en profondeur nos vies,  dans le seul cadre pertinent pour le faire : celui d’une ONU revigorée par la volonté des peuples de vivre en paix ( y compris en Russie).

Toutes les initiatives citoyennes, pacifistes, aussi modestes soient elles, ont leur rôle à jouer pour donner à cette construction internationale la force nécessaire pour que les gouvernements des pays attachés à la paix gardent la cohésion affichée jusque-là pour éviter un pire qui n’est pas inéluctable, pour contraindre Poutine à rentrer chez lui et à laisser les Ukrainiens vivre en paix.

Pour cela nous n’avons pas d’autres choix que d’être les plus nombreux possible à le crier, ici, comme ailleurs !

Jean-Marie Philibert

mercredi 23 février 2022

Bon vent médiatique Fabien Roussel

 

Bon vent médiatique, Fabien Roussel !

Pour un observateur attentif de la sphère médiatique, le traitement de la candidature de Fabien Roussel réserve quelques surprises. La parole du parti communiste semblait sinon proscrite du petit écran ( on est en démocratie voyons, on ne peut pas tout se permettre), au moins souvent oubliée, et très régulièrement réservée à la portion congrue. Les commentaires des journalistes qui l’accompagnaient pouvaient être acerbes et de la plus grande des condescendances.

Eh bien dans le cadre de la campagne présidentielle en cours, il y aurait comme un vent nouveau qui soufflerait sur des rédactions souvent marquées par un anticommunisme militant. La presse écrite s’y met aussi. Le secrétaire général du PCF, candidat, est reçu partout, à des horaires qui ne le relèguent pas aux lève-tôt ou aux couche-tard, dans toutes les émissions qui traitent de la campagne. Il n’est pas plus que d’autres soumis à la hargne de journalistes aboyeurs, il est même traité poliment. Et parfois on a le sentiment que certains le regardent avec une certaine sympathie. Les commentaires sont affables, souvent positifs.

Une autre parole que celle de la soumission

Il faut dire que le personnage ne se laisse pas démonter et il a raison. Son discours est clair, précis, va à l’essentiel dans des réponses, sans langue de bois, qui manifestent un souci évident d’être compris du plus grand nombre pour réintégrer dans le jeu politique tous ceux qui  depuis de multiples élections avaient choisi de s’en extraire et de se réfugier dans l’abstention. En effet c’est chez ceux que Macron a méprisés ( les « riens »), chez les victimes des exclusions et des injustices, dans le monde du travail et de la précarité qu’une autre parole que celle de la soumission  doit être d’autant plus entendue qu’elle correspond à ce qui est vécu quotidiennement dans ces vies quotidiennes. On a un peu le sentiment que Roussel ressuscite la classe ouvrière pour lui offrir une perspective. Cela ne peut que nous réjouir dans un TC qui se veut hebdo communiste et  journal ouvert pour esprits libres, comme nous ne cessons de le répéter sur toutes les unes.

Fabien Roussel, pour les deux mois qui viennent, bon vent !

JMP

mardi 22 février 2022

SIMPLISSIME OU NULLISSIME ?

 

Les riches et la révolution

 

L’intérêt du journalisme, de l’observation de la vie publique, des prises de position des uns et des autres est d’être très souvent confronté à des surprises, à des propos inattendus qui vont un peu à l’encontre de ce que vous croyez.

Les Pinçon-Charlot

Ainsi de la soirée passée au cinéma Castillet de PERPIGNAN lors de la présentation en avant- première d’un film sur Monique et Michel Pinçon-Charlot, joliment intitulé « A demain mon amour », réalisé par Basil Carré-Agostini qui les a suivis durant plusieurs mois pour un documentaire retraçant leur combat contre le capitalisme. Les Pinçon-Charlot, vous connaissez et comme moi, vous les regardez avec beaucoup de sympathie. Ce couple de sociologues, travaillant au CNRS, a consacré ses recherches aux classes supérieures de la société et plus particulièrement à la grande bourgeoisie parisienne qu’ils ont infiltrée avec un œil sans complaisance. Il est surprenant que les intéressé(e)s se soient laissé prendre au jeu, sans doute le sentiment d’être un monde à part, digne de la curiosité qu’ils/elles pouvaient susciter. En disciples de Pierre Bourdieu dont ils se revendiquent, ils ont mis à jour des concepts qui, pour des citoyens sensibles à la lutte des classes, sont fondamentaux : ségrégation urbaine, homogamie et bien sûr reproduction sociale.. Ils ont publié entre autres« Voyage en grande bourgeoisie », et avant leur retraite en 2007 un titre parlant « Les Ghettos du gotha » où ils dévoilent les barrières symboliques que la grande bourgeoisie dresse autour d’elle pour pratiquer ce qui la nourrit et la perpétue, l’entre-soi. On est là face à ce que l’on peut considérer comme un racisme de classe.

A leur départ à la retraite, ils se sentent libérés de leur devoir de réserve et de leur neutralité de savanst pour s’engager . « .. la recherche ne saurait être apolitique  dans un monde de contradiction et d’inégalité… la sociologie est un sport de combat ». Ils s’engagent, ils sont du Front de gauche en 2012. En 2017, entre Marine et Macron, Monique Pinçon Charlot ne choisit pas ; En 2019, aux européennes, elle soutient la liste du PCF. Ils font polémique et bien sûr on leur reproche leur engagement.

Le film « A demain mon amour » se fait l’écho de leur démarche sociologique, mais en l’insérant dans leur vie de couple, en lui donnant une épaisseur humaine réelle et en l‘illustrant de leurs engagement militants, à la Fête de l’Huma, dans les manifs gilets jaunes, dans les contacts multiples et répétés avec les syndicalistes. Il sortira au mois de mars et mérite amplement votre détour.

L’urgence de la révolution

Lors de l’avant-première de février , Monique Pinçon Charlot avait fait le déplacement pour rencontrer le public perpignanais, un public de connaisseurs, acquis à sa cause avec lequel elle a eu l’occasion de partager analyses et anecdotes, ancrées dans les réalités politiques de nos jours avec le sentiment qu’il y a urgence à changer le monde et à renvoyer ceux qui ont tout à leur juste place, celle de citoyen ordinaire.

 Et d’insister sur la nécessité qui taraude les consciences de tous ceux qui ne veulent plus du désordre dominant de faire la révolution, sans hésiter et sans délais, avec le sentiment que ce que la classe dominante possède ce n’est que des titres de propriété (sur des biens de toutes sortes qu’elle a outrageusement cumulés) et qu’il est loisible, facile de les supprimer pour déshabiller une oligarchie qui se retrouvera ainsi toute nue et sans pouvoir. « Tout est à nous, rien n’est à eux », certes !

Et la petite surprise

Mais ma surprise est là dans cette vision simplissime de la révolution. Je pense que ce n’est pas que la mienne. Soit je me dis que dans mes décennies d’activités militantes, syndicales et autres, si c’est aussi simple de changer les choses, j’ai été (mais pas tout seul) nullissime. Soit je me dis que la transformation du réel, le combat contre ses inégalités et ses injustices, les exclusions, les souffrances, leur renversement ne peuvent être que les résultats de nos persévérances, résistances, opiniâtretés, solidarités quotidiennes et collectives. Et qu’il faudra insister lourdement ! C’est d’ailleurs ce que montre le film, en suivant le sympathique couple  Pinçon-Charlot au cœur des manifs.

Jean-Marie Philibert.

lundi 7 février 2022

Dialogue présidentiel

 

DIALOGUE PRESIDENTIEL

 

Le TC a de grandes oreilles, si grandes que nous sommes en mesure de vous faire entendre une des dernières conversations du couple Bribri-Emmanuel autour du café au lait du matin, telle que nous l’avons enregistrée, en taisant les remarques trop intimes qui peuvent émailler ces face à face.

 

-Bonjour ma biquette, alors bien dormi ? Moi je me sens une pèche du tonnerre… Café ou thé ?

-Thé au jasmin… Tu le sais bien… Comme d’hab… Je suis préoccupée, mon Manu… je me demande ce que doit penser le Français moyen d’un président  qui semble totalement oublier que son mandat se termine dans quelques semaines, un mandat d’ailleurs où tu as dit et fait beaucoup de bêtises…

 

Le vulgus pecum

-Tu m’agaces de bon matin avec les Français, surtout les moyens, je les survole à de telles encablures que leurs pensées m’indiffèrent : on me l’a appris à l’ENA et j’ai retenu la leçon. Le vulgus pecum qu’il disait le prof…

-Mais quand arrêteras-tu de te croire sorti de la cuisse de Jupiter…(Bribri est colère)… L’électeur moyen doit savoir si oui ou non tu veux continuer à faire président, il a le sentiment que tu le prends pour un imbécile, et que tu as la trouille. C’est pas glorieux !

-Ma petite chérie, tu sais que je t’écoute souvent, que j’apprécie tes conseils  dont ma juvénile expérience apprécie la sage maturité. Mais là j’ai comme l’impression que tu ne vois pas bien que les interrogations de quelques millions de Français ne sont rien pour moi quand je traite de toutes les affaires du monde avec les plus grands, Biden, Poutine et tutti quanti. Les Français quand ils vont mesurer ma grandeur européenne, l’Europe c’est moi, moi et moi maintenant, et aussi mondiale, ne pourront que se dire qu’ils ne peuvent pas se passer d’un mec aussi génial 

 

 

Génial ?

-Là je t’arrête immédiatement : ton moi t’aveugle… Génial au Mali d’où l’ambassadeur, et bientôt l’armée  partent la queue entre les jambes, excuse ma grossiereté? Sans vouloir te faire de peine Hollande, lui, quand il a envoyé les soldats, a été acclamé… Et en Afrique il n’y a pas que le Mali où ils bavent sur la France. Ils te remplacent même par des Russes. Mais mon pauvre ils sont de moins en moins nombreux à t’écouter. Les Australiens ne veulent pas de tes sous-marins. Les européens font chacun ce qu’ils veulent pendant que toi tu joues au grand chef de rien du tout. Les Français ,qui ne sont pas tous idiots, comme tu le crois s’en rendent compte…

-Mais… Mais… Mais…

 

Tu joues

-Tais-toi tu vas m’écouter jusqu’au bout. Je sais que tu vas me parler de l’Ukraine, de Poutine, de l’Otan, de la guerre qui peut éclater, des Amerlocs qui après le ratage de l’Afghanistan cherchent une nouvelle aventure pour faire croire qu’ils protègnte le monde. Tu n’as pas compris que pour les Amerlocs tu comptes pour du beurre. Pendant ce temps, tes chevilles enflent à jouer au grand pacificateur de ce monde. Je crois que je t’ai fait faire trop de théâtre. C’est dangereux de vivre dans l’illusion et là tu y es en plein ;

-Mais ma bribri d’amour tout ça je le sais. En ignorant les élections, je joue mon rôle d’abuseur public, je joue ma partition celle qui consiste à tenter de faire en sorte que toutes mes bêtises soient le plus sûrement oubliées et la nullité de mon bilan aussi, que mon programme (ai-je un programme ?) compte pour rien et que, ni vu ni connu, je passe si vite que je ferai la nique à mes concurrents sans leur servir de punchingball. Tu vois,  le petit Manu, il en a dans la cervelle : ce rôle-là c’est toi aussi qui me l’as appris.

-Oh Manu ! Tu es la surprise de toutes mes journées.

Jean-Marie Philibert

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