Vous avez
dit UNITE Acte 3
Il y a eu le temps de
la surprise : l’unité, pensez donc, ce n’est pas à l’ordre du jour. Il y a
eu le temps des pas en avant : et si on discutait ensemble... Il y a eu le
temps des hésitations. Il y a eu le temps des dominations, des calculs, des
critiques, des jugements catégoriques, des hésitations. Il y a eu un temps pour
les prises de conscience. Il y a eu le temps de la compréhension du sens des
suffrages, de tous les suffrages (les
bons et les moins bons) donnés à la gauche. Il y a eu le temps de la
responsabilité de tenter d’ouvrir une perspective qui rompe avec la fascination
de certains, nombreux, pour les dérives fascisantes, qui renvoie Macron à ses
pseudo-équilibres pour sauver le monde de la finance. D’ouvrir une perspective
susceptible de redonner le goût de la politique à tous ceux qui l’ont perdu,
qui ne votent plus ou blanc ou n’importe quoi. Dans ce troisième acte de « Vous avez dit UNITE », il y
a pour moi le temps de comprendre le sens de ces événements. Modestement.
Jubilons
Et pour commencer quelque chose qui provoque dans mon for
intérieur une jubilation réelle : la peur semble avoir changé de camp. Les
Macron boys étaient un peu inquiets devant la montée de la Marine qui s’y
voyait presque. Et puis le petit tiers de l’électorat qui vote à gauche permet
à une unité, dont on désespérait, de tenter de se faire un avenir aux
législatives. Là la petite inquiétude devient grande trouille : la
« banqueroute » pour Castaner, « une pétaudière » pour
Ferrand, pour Macron, les mesures sociales envisagées… « ce serait
sur le dos de nos enfants », et la mise en avant du mot qui fait encore
plus peur « la décroissance ». Les media s’y mettent, ainsi du très
progressiste le Point, le titre « Mélenchon, l’autre Le Pen »
Rompre
Si tous ces gens-là pensent que lutter contre les inégalités
sociales est dangereux, ils ne peuvent que nous conforter dans une démarche qui
est son ADN. Rompre avec tous ceux qui ont fait leur fonds de commerce de
l’accommodement avec les forces de l’argent et de toutes les inégalités qui
vont avec. Il est vrai que le PS s’y est complu, que Macron, un peu PS, aussi.
Ils avaient oublié que la gauche ce n’est pas la loi El
Komry, la retraite à 65 ans, la remise en cause des droits, des protections
sociales, la charité pour ne pas crever de faim. La gauche c’est une voie de
rupture avec l’ordre dominant. Pendant longtemps le PC a donné le ton dans
cette démarche avant de connaître un déclin dont il est plus que temps de
sortir pour en finir avec le social libéralisme dont Hollande fut le champion.
Problèmes
La NUPES laisse entrevoir la rupture, ne règle pas tous les
problèmes à gauche, problèmes éminemment dialectiques de concurrence, de
rivalité, de diversité… et de rassemblement. Leur résolution passe sans doute
par les interventions citoyennes et un retour vers l’engagement politique du
plus grand nombre : elle supposera plus qu’une élection législative. Mais
l’élection peut être un point de départ, servons-nous en.
Des avancées sociales sont indispensables, l’augmentation du
pouvoir d’achat est plus que nécessaire, la renaissance des services publics
est le moyen de nous sortir de l’ornière, l’élargissement des droits solidaires
et des institutions qui les promeuvent est un gage de réussite d’une politique
au service de tous.
Le reculoir
au vide grenier
Pour sortir du reculoir généralisé qui était devenu notre
horizon depuis trop longtemps, et des batailles pieds à pieds pour préserver ce
que nous pouvions, il nous reste à réactiver, ranimer, revigorer, raffermir ce
qui ne nous a jamais quittés, y compris dans ces temps les plus austères, notre
volonté de lutte et notre soif de justice. La NUPES l’autorise si nous levons
nos appréhensions, nos critiques, si nous gardons notre lucidité, si nous
renforçons les luttes sociales, syndicales, si nous gagnons en force, en
organisation, en compréhension d’un monde qui n’a pas fini de nous réserver des
surprises.
Jean-Marie Philibert.
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