les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

dimanche 15 janvier 2023

LA RETRAITE MA COPINE

La retraite… ma copine Depuis presque 20 ans on copine sec, du matin au soir à glandouiller, à palabrer, à aller au café, au cinéma, à faire encore un peu le syndicaliste et donc à militer, à lire la presse et le reste, à écrire pour le TC, à aller un peu plus souvent chez le toubib, à m’occuper de ceux que j’aime, à faire aussi les commissions, à peindre, dessiner et visiter ma muse, à mettre les pieds dans le plat de temps à autres… j’oubliais, à faire de la gym ( par devoir), à me souvenir, sans regret, que pendant des décennies j’ai fait le prof, avec beaucoup de sollicitude, mais de temps à autres avec le regard dur (pour avoir la paix). Enfin à digérer mes peines, à cultiver mes joies et à partager avec elle, Miss retraite, les visages qui m’ont marqué. A l’insu de mon plein gré Elle est une copine et même plus, alors qu’au départ elle n’était rien pour moi. Lorsqu’à la fin de l’été de 1968, j’ai rencontré mes premiers élèves, elle était une totale inconnue dont je me désintéressais absolument et pourtant miracle du droit du travail, je mettais déjà pour elle des sous de côté, à l’insu de mon plein gré. Le passage de la gauche au pouvoir en 81 m’a permis de croire que dès les 60 ans je pourrais me jeter dans ses bras, mais cela me laissait froid. Les urgences étaient ailleurs, dans les batailles quotidiennes pour le service public, pour une éducation de haut niveau, de qualité pour tous… Serrer le quiqui Le temps passant, les évolutions socio-économiques et les chantres du capital trouvant que payer les gens à ne rien faire n’était pas moral, ni normal, les puissances financières européennes s’organisèrent pour serrer le quiqui aux retraités et aux travailleurs qui prétendaient le devenir le plus tôt possible. Et après les années 80, la retraite s’est mise à occuper les esprits. Les socialistes ont traîné les pieds. La droite en a fait son cheval de bataille. ET Lulu Berlu que je suis a dû s’y mettre, à combattre un discours éculé. On meurt plus tard. On coûte trop cher. Tous les pays travaillent plus longtemps. On n’aura plus de sous pour payer ces fainéants. A l’attaque A l’attaque, à l’assaut contre les couillonnades du plan Juppé, en 1995, les projets de Fillon en 2003 pour allonger la durée de cotisation, celui d’Eric Woerth en 2010, pour repousser de deux ans l’âge minimun de liquidation des pensions, celles de Marisol Touraine ( 43 ans) en 2013, et ça continuera jusqu’à Macron avec son projet de retraites à points. Avant donc de profiter de ses bienfaits, j’ai dû donc consacrer beaucoup de mon temps, à défendre, connaître, m’enrichir de son histoire, de son sens, de son apport incommensurable au droit du travail, à la santé des travailleurs et illeuses et à me dire qu’il serait bien que j’en profitasse moi aussi. Et donc sans réserve, je profite, mais pas les pieds dans mes pantoufles, actif, déterminé et solidaire dans une démarche syndicale qui se doit de combattre le piège de l’individualisme dans lequel le pouvoir veut nous enfermer. Certes vous perdez deux ans, mais regardez ce que vous allez gagner. Et des calculs d’apothicaire pour faire croire qu’il n’y aura plus de petites retraites, que la pénibilité sera prise en compte, que les carrières longues seront étudiées attentivement et que, grâce à votre silence, le système sera sauvé ad vitam aeternam. Mensonges ! Le système vit et vivra de nos luttes. Malgré ses insuffisances et ses injustices, il fait des heureux depuis des lustres, dans une période de la vie qui n’est pas toujours facile. La retraite est une copine universelle pour le peuple dans sa richesse et sa diversité, il y tient. Et j’ai honte pour tous ceux qui tentent de la réduire, avec des arguments d’un autre âge. Cette copine-là, les mouvements en cours vont montrer qu’elle est toujours jeune et vigoureuse ; j’aimerais qu’elle puisse infliger, à ces réactionnaires de tous poils, dont beaucoup veulent sa perte, la correction qu’ils méritent. Jean-Marie PHILIBERT

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