les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 29 janvier 2024

LES COLERES

Les colères La colère, elle monte, elle monte, elle monte partout. Chez les agriculteurs d‘Occitanie, mais aussi d’ailleurs. Ils alertent. Ils dénoncent. Ils bloquent la circulation, les autoroutes, les villes. Ils veulent travailler, mais ils souhaiteraient que ça leur apporte de quoi vivre… Ils pestent contre des directives qui leur pourrissent la vie. Ils ne croient pas trop aux engagements d’Attal. Ils veulent continuer un combat qui a trouvé sa caisse de résonnance et qui est populaire. La colère et la surdité Chez les salariés aussi la colère monte beaucoup plus vite que les salaires et le pouvoir d’achat qui stagnent lamentablement : ils sont furieux devant la surdité du patronat, du gouvernement qui s’arcboutent devant une menace inflationniste pour ne rien lâcher. Alors que les fins de mois sont de plus en plus difficiles. Le travailleur est pauvre parce qu’une fois qu’il a tout payé, il a du mal à se nourrir, à nourrir ses enfants. La course aux expédients est devenue une pratique courante. Quant à celui qui ne travaille pas, parce que le chômage est son horizon, la colère ne l’a jamais lâché, elle aurait même aussi tendance à monter devant les projets gouvernementaux de restrictions des droits, de surenchères dans les obligations, de culpabilisation de ces paresseux qui devraient restreindre leurs exigences. Les infirmières, les enseignants Les fonctionnaires, eux, travaillent. Ils ne devraient pas se vautrer comme les autres dans la colère. Ils devraient être fiers de servir un état qui leur garantit un pouvoir d’achat réel, même s’il est souvent riquiqui. Eh bien ! Non ! Ils sont aussi en colère, parce que les services publics qu’ils sont censés faire fonctionner sont souvent dans la panade, parce qu’on les pressure de tous les côtés pour en faire toujours un peu plus… pour cacher la panade, parce que leurs droits ne cessent d’être progressivement rognés. Alors qu’ils jouent un rôle essentiel dans le fonctionnement social. Parlez-en aux infirmières, aux enseignants. Comme il ne faut oublier personne dans la montée de la colère, ce sont tous les assurés sociaux qui vont être titillés quand ils seront malades, le gouvernement leur double la part personnelle à payer des honoraires médicaux, des frais pharmaceutiques et des soins. Une augmentation modeste pour chacun, mais globalement qui va rapporter des sommes considérables et qui va nous éloigner un peu plus de la gratuité des soins que devrait promouvoir une véritable sécurité sociale. La colère utile Vous me direz que je ne suis pas exhaustif, que je ne parle pas du logement, que je ne dis rien des banlieues, des retraités, des jeunes qui galèrent, des exclus en souffrance… Les sources de colères sont intarissables, elles doivent être utilisées. Macron et ses gouvernements s’en moquent avec une allégresse dissimulée par des discours compassionnels qui ne trompent personne. Comme si le CAC 40, l’enrichissement forcené des plus riches, la santé des capitaux et des capitalistes suffisaient à leur bonheur. Comme si la familiarité avec les grands du monde était pour eux la seule vie qui a droit à leur attention. Pendant ce temps, ici, la vie politique suit son cours avec une extrême droite que tant de colère fait rêver et qui pourrait la transformer en quelque chose qui serait pire que tout ce que nous avons énumérer : une démocratie bafouée, des droits aux rencarts, un fascisme ordinaire, une liberté moribonde. Il nous reste, et il y a urgence, à faire des colères des forces de vie démocratique, ce qu’elles sont ! Jean-Marie Philibert.

mardi 16 janvier 2024

OUEDA-CASTERA ou comment une ministre peut s'autodétruire en 24 h

OUEDA-CASTERA ou comment une ministre peut s’autodétruire en 24 heures Parmi les ministres attendus il y avait bien sûr celui ou celle qui devrait succéder à Gabriel Attal, ex de l’éducation nationale, promu chef du gouvernement. D’autant que les médias l’avaient trouvé réactif, attentif aux problèmes de l’institution. Il avait une bonne image, même si ses positons penchaient fortement sur une vision passéiste de l’école dont les réactionnaires de tous poils le voyaient le défenseur, le régénérateur. Dans les établissements scolaires, les défauts de l’armure étaient bien vite apparus au point qu’une grève est dans le paysage pour le 1° février. Une copine Pour lui succéder Macron a fait appel à une copine de l’ENA, Amélie Oueda-Castera, riche comme Crésus, ex tenniswoman, qui a été ensuite directrice de la fédération de tennis et qui était déjà au gouvernement de Bornes en tant que ministre des Sports et des JO, elle hérite donc en plus de l’éducation nationale. Dans sa carrière de fonctionnaire, elle a intégré la Cour des Comptes dont elle démissionne en 2018. Elle oriente sa carrière vers le privé et s’occupe du tennis. Déjà le goût du privé et sans doute des sous qui vont avec. Mais l’ambition politique la conduit à entrer au gouvernement Bornes. Puis à sauter dans l’équipe Attal et à se retrouver promue à un super ministère où elle va s’occuper de l’école, du sport et des J.O. Et là patatrac ! Elle parle… Lors d’un premier déplacement sur le terrain avec Attal, elle est questionnée par des journalistes sur la scolarisation de ses trois fils à Stanislas, un établissement privé et élitiste de la capitale. Elle parle pour tenter de se justifier et ne trouve rien d’autre à dire que quand leur fils était dans le public il y avait des « paquets d’heures non remplacées ». Et d’ajouter : « A un moment, on en a eu marre, comme des centaines de milliers de familles qui ont fait le choix d’aller chercher une solution différente… » Le tollé Et de provoquer un tollé chez les défenseurs de l’école publique dont elle est devenue ministre. « Mépris… provocation… », les critiques déferlent sur Amélie Ouéda-Castéra qui finit par transmettre une déclaration où elle assure regretter ses propos. Sans véritablement s’excuser. Et surtout sans se souvenir qu’elle a dit un énorme mensonge parce que celle qui fut l’institutrice de son fils dans le public rappelle que, pendant la scolarité du rejeton, elle n’a pas été absente : les parents l’avaient changé d’établissement car ils souhaitaient le faire passer en moyenne section de maternelle et qu’elle avait refusé. Stanislas est surtout un établissement catholique scolaire d’un autre temps, mis en lumière par les propos de la nouvelle ministre : Médiapart juge « son univers sexiste, homophobe et autoritaire ». Un ministre précédent avait lancé une enquête administrative. En s’enferrant la ministre cherchait donc à cacher ses priorités familiales, à dire qu’elle aimait bien peu une école publique dont elle avait désormais la responsabilité, sans véritablement prendre conscience que de tels propos sont une offense aux fonctionnaires de l‘enseignement public, une remise en cause d’un enseignement de haut niveau pour tous, une attaque pour tous les démocrates qui l’ont fondé, promu, défendu. La république est attaquée dans ses fondements par celle qui est chargée de la défendre. Il lui reste la porte… Jean-Marie Philibert

lundi 8 janvier 2024

LE DEVENIR DU SYNDICALISME

Le devenir du syndicalisme La vie syndicale n’a jamais été un grand fleuve tranquille : rien de plus normal quand il s’agit de contester un pouvoir patronal qui n’a de cesse de ne jamais vouloir répondre favorablement aux questions, aux problèmes de salariés, si ce n’est que contraint et forcé. D’où les tensions, les conflits, les manœuvres… en clair… la lutte des classes dont le(s) syndicat(s) sera(ont) un(des) acteur(s) privilégié(s). Ces turbulences extérieures qui conduisent les organisations syndicales à appeler à faire grève, à manifester, à agir collectivement, souvent de façon unitaire, à tenter de tout faire pour être nombreux pour mieux se faire entendre sont le plus souvent accompagnées de soubresauts internes, de réflexions, de débats sans concession, y compris d’interrogations sur le devenir du syndicalisme que ses adversaires ont la tendance récurrente et obsessionnelle de présenter comme mort, inadapté et au moins inefficace. Des projets Il aurait été surprenant que le conflit des retraites, par son ampleur, sa durée, ses pratiques unitaires ne relance pas la réflexion. Des articles de presse font références à des projets en gestation : on parle d’un rapprochement possible entre la CGT et la FSU qui, aurait déjà donné lieu à des rencontres. L’histoire n’est pas nouvelle. Ces organisations se retrouvent souvent : elles ont connu l’unité au sortir de la seconde guerre mondiale, où la CGT rassemblait en grande partie le monde du travail. Les personnels de l’enseignement ont refusé en 1947 la scission CGT et FO et l’ont manifesté dans la création d’une organisation autonome la FEN qui se revendiquait de cette unité … jusqu’à son éclatement en 1993 et la création de la FSU avec affiché, le « U » de l’unité. Des responsabilités accrues L’unité revient régulièrement dans les débats, mais il semble qu’actuellement de multiples facteurs incitent les différents acteurs de la vie syndicale à passer à une vitesse supérieure. Le contexte politique incite à rechercher la meilleure emprise sur le terrain social. Le refus de la social-démocratie d’entendre les revendications (jusqu’à en rajouter dans la remise en cause des droits, voir la loi El Khomri), l’arrivée de Macron et son ambition de brouiller les pistes pour mieux nous soumettre à la loi du patronat et la menace planante et glaçante de Marine le Pen pour les prochaines présidentielles laissent la porte ouverte à toutes les aventures anti-sociales. D’où des responsabilités accrues. Le terrain syndical lui-même voit la persistance de clivages entre des formes divergentes de syndicalisme et les pouvoirs patronaux, politiques, les entretiennent, en favorisant systématiquement le moins disant social. Le jeu qui consiste à se servir de ces divisions pour tenter de glaner quelques résultats affaiblit le monde du travail. Pour mieux vivre du travail L’individualisme, l’assistanat, la culpabilisation sont des armes que les pouvoirs utilisent sur le terrain économique et social pour détourner de l’action collective tous ceux qui aspirent à vivre et à mieux vivre de leur travail. Les initiatives de la FSU et de la CGT ont leur importance pour briser un cercle où le syndicalisme pourrait se scléroser. Elles auront aussi leurs contraintes : tout d’abord pour préserver l’apport essentiel du syndicalisme à la démocratie. IL y faudra la réflexion, la discussion, la décision des syndiqués eux-mêmes. La démarche sera collective, indépendante et libre, ou ne sera pas. Elle concerne l’ensemble des travailleurs. La mise en œuvre de cette unité est pratique : l’unité d’action sur le terrain en jette les bases. Pour être crédible et attirante, elle doit viser la mise en œuvre d’un syndicalisme de contestation, mais aussi de propositions qui dessinent les transformations à mettre en œuvre pour améliorer la vie quotidienne et construire un avenir de progrès. Elle n’aboutira que si, comme le disent CGT et FSU, elle devient majoritaire. La tâche est ardue. Elle ne peut être que progressive. Elle se doit de préserver les identités professionnelles dont chaque organisation, chaque syndicat est porteur par son origine, son histoire, ses pratiques. L’unité doit préserver la diversité pour que tous et chacun s’y reconnaissent. Le devenir syndical nous appartient. Jean-Marie Philibert

lundi 1 janvier 2024

GEGE

Gégé -Mon pauvre Gégé, tu t’es foutu dans la merde, tout seul, parce que tu as cru qu’à 75 balais on peut continuer à déconner comme à vingt ans sur les gamines qui émoustillent ta libido et tu n’as pas vu qu’une caméra et quelques courtisans écoutaient tes propos salaces. Les temps ont changé… -Mais, mais, mais… Après une carrière comme la mienne, venir me chercher des noises pour quelques paroles, déplacées certes. Les artistes ne sont-ils pas au-dessus du lot ? Ils vivent leurs désirs plus que d’autres et ont en plus toutes les occasions de le faire : on en remplit les pages des journaux et cela fait rêver le petit peuple… -Là mon pauvre, tu te trompes grave. Le petit peuple comme tu dis, il en a un peu marre qu’on l’amuse avec les frasques de ceux qui se croient tout permis parce qu’ils sont célèbres et/ou riches. Les femmes en particulier ont fait bouger les consciences. Et toi tu t’es rendu compte de rien ? Tout à ta grandeur inaltérable. Mais mais mais… -Mais, mais, mais j’ai dit tout haut ce que certains cochons pensent tout bas, pas plus. Et entre hommes, la chose est courante et ne prête pas à conséquences. La déconne est une partie importante de ma personnalité… -Je sais que ton adolescence à Châteauroux a été tumultueuse, mais l’âge aidant il est possible de se mettre du plomb dans la cervelle, de respecter les femmes, celles que tu as aimées, et aussi toutes les autres, elles ne sont pas un gibier que l’on tire au jugé. Le propre de notre siècle est d’avoir avancé (pas partout) sur cette voie de la reconnaissance d’une égalité entre les sexes, les femmes ont été les actrices de ces évolutions morales, politiques, sociales, comportementales qui ont en partie changé le monde et toi tu n’as rien vu. -Mais, mais, mais … même le président Macron dit que ce n’est pas si grave que cela. Il me soutient parce qu’il croit que, comme lui, je suis un peu de la fierté du pays… Le Président -Le président il s’est fait engueuler par sa femme, et il est comme toi il ne se rend pas bien compte que le monde bouge autour de lui et qu’il serait temps de mettre sa montre à l’heure d’une société qui veut plus de justice, de respect, de solidarité. Quant à tes copains et copines qui te soutiennent, quelques-uns quittent le navire et te laissent aux prises avec des sbires de l’extrême droite qui rêvent que les femmes restent à leurs places de faire-valoir ou de boniches. -Mais, mais, mais… je dois repartir chez Poutine alors, là où le monde bouge peu… -Tu te trompes encore, chez Poutine, ça bouge aussi, mais si lentement. Il ne te reste plus qu’à devenir un adulte responsable, raisonnable, agréable, séduisant : à 75 ans, tu as l’âge de ne pas t’enferrer dans des comportements et des propos qui n’ont plus cours. A sortir de tes lourdes bornes machistes. Une moitié de l’humanité, sa part féminine, tente avec difficulté, avec des adversaires farouches, avec de lourds préjugés à vaincre, y compris venant des tréfonds des cultures, de prendre la place qui lui revient dans le monde : la tâche la plus urgente est de soutenir leurs ambitions, et surtout de les respecter. Laisse tes oripeaux de vieux mâle aux vestiaires de ta grandeur passée. - Mais, mais, mais… mes… mes… mes… oripeaux… Snif, snif ! Jean-Marie Philibert