les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

vendredi 28 octobre 2011

vous avez dit ... humaniste ?


Vous avez vu la droite : ces derniers temps, malade, furieuse, sonnée de ne plus se voir du matin au soir et du soir au matin sur les écrans de télévision. Il n’y en avait que pour la primaire socialiste qui a occupé les esprits, les lucarnes et la sollicitude à géométrie variable de journalistes bien pensants. Du côté du Front de gauche, comme on n’a pas été habitué à beaucoup de sollicitude, ces temps de disette médiatique pour tout ce qui n’était pas socialiste, n’ont que peu changé les choses. Mais à droite ce fut la cata : les Lefèvre, Morano,  Copé, Bertrand, Guéant, j’en oublie, inaudibles à cause de ce tintamarre médiatique ! Une horreur pour eux et des vacances pour nous !  Une initiative de la droite est même  quasiment passée à la trappe, il y avait pourtant à la manœuvre un ex premier ministre  Raffarin et une centaine de députés pleins de bonnes intentions. Je me sens contraint de voler à leur secours quand je vois la thématique mise en avant : l’homme, rien que ça ! Et les valeurs mises en avant, celles de l’humanisme, bien sûr.
Personne n’en parle.
Après la droite populaire, façon front national, droite à laquelle plusieurs de nos parlementaires locaux apportent leur soutien, (vous les connaissez, il y a le grand amoureux de la science de Saint Laurent, il y a l’exmauvaisélèvefierdelavoirété de Pollestres, et il y a la grande prêtresse du Lac), l’UMP tente de se faire un visage plus présentable, plus BCBG, plus clean, avec la droite hu-ma-nis-te : une centaine de parlementaires se regroupent  autour de l’humanisme. L’homme ! L’homme enfin !  Et personne n’en parle.
C’est bien la peine de faire semblant d’avoir des idées qui ne soient pas uniquement étriquées, xénophobes, courtes, très courtes. Si quand la droite pense, personne n’en parle, elle risque, en laissant aller sa tendance naturelle,  de s’arrêter de penser.  Je viens donc à son secours pour vous informer de cette grande nouvelle : l’humanisme n’est pas mort, la droite l’a sauvé. Il faut dire que dans le département, nous connaissions déjà la capacité de la droite à invoquer l’humanisme. Alduy le père et Alduy le fils à chaque élection en ont fait leur fond de commerce : ça n’engage pas beaucoup, ça ne bouleverse pas les consciences politiques, ça ne peut que plaire, voyons. Dans un des ses derniers écrits à propos de sa défaite aux sénatoriales, Jean-Paul Alduy se présente lui-même comme « un humaniste à fort rayonnement populaire ». Il est le plus fort, il est tous les courants de la droite à lui tout seul.
Des xénophobes… aux humanistes.
Le droite humaniste, sauce octobre 2011,  a en plus un objectif immédiat, à usage interne. C’est surtout fait pour ratisser sur les terres du centre et couper l’herbe sous les pieds des Borloo, Morin, Bayrou et autres.  Le zinzin provoqué par l’initiative en suscitant quelques remous internes ne peut qu’aider Sarkozy à jouer le rassembleur, des xénophobes …. aux humanistes. Super-Sarko peut tout et son contraire !
C’est un moyen pour la droite de laisser croire qu’elle a d’autres valeurs que le pognon et l’égoïsme. La tâche est énorme, après les années Chirac, après les années Sarkozy.  Le mot a été mis dans tant de sauces qu’il a perdu l’essentiel de sa  saveur « humaniste » ! Et quelle crédibilité « humaniste » accorder à ceux qui se moquent aussi effrontément de la santé, du travail, du salaire, des droits, de l’éducation, de la retraite des hommes ? « Je suis homme : rien de ce qui est humain ne m’est étranger », c’est la belle définition de l’humanisme que donnait Térence. Avec l’UMP on est aux antipodes de cet humanisme-là. Il n’y a que le mot qui les intéresse. Les étiquettes ne trompent que ceux qui ont envie de l’être.
Jean-Marie Philibert.

jeudi 20 octobre 2011

De l'expérience


Les ESSAIS de MONTAIGNE ne cessent d’être d’une actualité brûlante : je l’ai vérifié pendant de longues années d’enseignement où il suffisait de peu pour montrer à des générations de lycéens l’efficacité et la vérité du propos. La lecture de l’Indépendant du Mercredi me le confirme.
Des Essais à l’Indépendant
Les ESSAIS se terminent par un long chapitre intitulé « De l’expérience », dans lequel MONTAIGNE rassemble des pans entiers de sa pensée en montrant qu’il n’y a de sagesse véritable que celle issue de notre expérience, la plus personnelle, la plus intime, qu’il faut ainsi accepter d’être modelé par les événements de notre vie. Le compte rendu que les journalistes de l’INDEPENDANT font de la journée d’action que les organisations syndicales ont organisée le Mardi 12 Octobre me le confirme. Une très bonne couverture médiatique comme on dit dans le jargon : une photo en une, un titre qui annonce les 2500 manifestants de PERPIGNAN, une page 3 entièrement consacrée à l’événement, avec des échos multiples et variés. Et dans la description des différentes délégations : « … c’est une première dans la longue histoire du journal cinquante salariés de l’Indépendant étaient présents à la manifestation, en tête du cortège. Ils protestaient contre les menaces qui pèsent sur leur emploi. » Et en page 13 sur 4 colonnes les différentes manifestations en France. Ce traitement est inhabituel et pour en revenir à Montaigne il me semble être le fruit de l’expérience que les salariés du journal font de leur patronat : l’arrogance d’un patronat qui à la recherche de la rentabilité la plus grande envisage de jeter à la rue des centaines de salariés du groupe auquel appartient le journal, se moquant comme d’une guigne de la place prise dans l’histoire locale par un des titres les plus anciens de la presse. Les dégâts humains engendrés seront mis au compte de la nécessaire modernisation de la presse.
L’expérience des coups de pieds au cul.                                                              
C’est l’expérience des coups de pieds au cul. Et je pense que cette expérience là le mouvement social devrait chercher à davantage la capitaliser : elle est porteuse d’enseignements majeurs.
Il est aisé d’en tirer un certain nombre de leçons :
1)      L’espoir que les coups de pieds au cul ne vous concernent pas, ne vous concerneront jamais, qu’ils sont réservés aux autres est totalement illusoire.
2)      Le monde du travail n’est pas un eldorado, mais un lieu où le travailleur vend souvent pour une somme modique beaucoup de son temps et de ses forces et de ses compétences. Dans ces temps de chômage de masse, même ce droit lui est de plus en plus souvent contesté.
3)      Dans cet échange inégal le salarié n’a qu’une arme, ce n’est pas celle de sa grande gueule ( au cas où il serait doté d’un organe hors du commun), mais celle de son engagement solidaire avec l’ensemble de ses camarades pour faire respecter ses droits.
4)      L’organisation des travailleurs sur leur lieu de travail est la pierre angulaire de tout espoir d’émancipation, elle devrait imposer une véritable renaissance de la vie syndicale à tous les échelons et dans toutes les entreprises, les grandes comme les petites.
5)      Le syndicat unitaire, combattif, démocratique, représentatif (pas la coquille vide !) est l’outil de cette émancipation ; tout manquement à ces principes d’unité, de combativité et de démocratie devrait disqualifier leurs auteurs.
6)      Dans cette lutte des classes ( puisqu’il faut appeler les choses par leur nom) il n’y a pas de petites et de grandes actions, de petits matins et de grands soirs, de grands stratèges, de gros bras  et de petites mains, il n’y a que des femmes et des hommes qui ont, quotidiennement et sans relâche, le souci de leur dignité à égalité de droits et de devoirs.
Je vous avais bien dit que MONTAIGNE pouvait être d’une actualité brûlante… La preuve par l’Indépendant du 13 Octobre et le Travailleur Catalan du 20 Octobre.
Jean-Marie PHILIBERT.

jeudi 13 octobre 2011

"Quelle riche idée"


La prolifération des sujets n’est pas nécessairement synonyme de facilité. Les événements se télescopent, ici et ailleurs, ils pourraient donner lieu à des charges plus ou moins légères, plus ou moins amusées, plus ou moins vengeresses. L’actualité est riche de sens mais qui partent… dans tous les sens… Les détours sont peut-être utiles pour y voir plus clair. La mise à distance peut être bénéfique d’autant qu’en plus elle me permet de vous parler d’un être cher dont vous me demandez parfois des nouvelles et dont vous déplorez l’absence dans ces colonnes depuis quelques semaines : ma mémé !
Les riches idées et les couillonnades.
Ma mémé aurait eu beaucoup de mal à supporter les fracas de ce monde, ses incohérences, ses turpitudes, ses misères. Mais elle aurait fait face et elle avait une arme absolue pour cela : elle avait décidé une fois pour toutes d’accorder la priorité des priorités à ce qu’elle appelait «  les riches idées ». C’était son expression favorite « Quelle riche idée ! », dès qu’elle entendait un propos qui lui paraissait digne d’intérêt, remarquable, intelligent quel que soit le domaine, quel que soit le sujet, quel que soit le contexte. Elle était à la recherche de toutes les « riches idées » possibles et ne cachait jamais sa satisfaction d’en avoir trouvé, entendu, lu, pensé une ou plusieurs. Par contre elle était sans pitié pour les « couillonnades », c’était aussi son expression, en tous genres, qui ne manquaient pas de parvenir à ses oreilles. C’est ainsi qu’elle les traitait, et même et surtout, quand elles émanaient des êtres qu’elle avait en affection. Je dois reconnaître que mes « couillonnades »l’ont beaucoup occupée.
Se réaliser.
Une « riche idée » , des « riches idées » ce ne sont pas des idées cotées en Bourse, elles ne rentrent pas dans le CAC 40, elles ne vivent pas cachées dans les coffres des banques suisses et pourtant elles sont pleines de valeur et de sens, elles sont des leviers d’une efficacité prodigieuse dans les destinées individuelles et collectives. La jeune fille ou le jeune homme qui, à l’aube de sa vie d’adulte, prend conscience de ses goûts, de ses choix, de ses désirs et qui s’engage dans une voie prometteuse pour son avenir, a « une riche idée ». Elle peut lui permettre de se réaliser. L’accompagnement de nombreux lycéens dans ces voies-là m’a permis de mesurer ce que peut être une telle richesse, à condition que la course d’obstacles pour réaliser ce dessein ne se transforme pas en jeu de massacre. Comme c’est malheureusement souvent le cas dans un monde injuste et inhumain. Parce qu’ils sont assez nombreux à croire que les « riches idées » ne sont réservées qu’à quelques-uns, il n’est pas bon pour eux qu’une telle richesse puisse librement circuler, il n’y a de valeur que rare. Ça, en fait,  c’est une immense couillonnade.
Construire un avenir.
Quand elles se cumulent, les couillonnades sont dangereuses mais la rencontre des « riches idées » démultiplie leur puissance : c’est la force de la solidarité et de l’action collective. Ce n’est pas facile, ni simple : les chausse-trappes sont nombreuses, les donneurs de leçons courent les rues, chacun racontant la sienne. C’est à la lucidité de chacun et de tous de faire le reste. Mais l’aspiration à une vie meilleure (quand on souffre), le besoin d’en finir avec les injustices (quand on les vit au quotidien), le droit au travail (quand on ne l’a plus),  la possibilité d’élever dignement ses enfants (quand avec eux on galère tous les jours), un salaire décent qui vous  laisse de quoi vivre (quand on doit se contenter de survivre), ce sont là de « riches, de très riches idées ». Elles naissent dans le terreau de notre expérience collective et sont en mesure de nous aider à construire un avenir. Elles me paraissent indispensables pour nourrir un débat de fond capable d’éclairer l’avenir autrement qu’avec une bougie. Je te reconnais bien là, Mémé, tu adorais le progrès. Les « riches idées » y conduisent… avec notre combat.
Jean-Marie PHILIBERT.

jeudi 6 octobre 2011

sérieux ?


Je n’arrive pas à prendre au sérieux la primaire socialiste. Je sais que ce n’est pas un événement mineur ; j’entends les débats autour de moi ; j’essaie d’avoir une vraie opinion. J’ai même lu dans le dernier TC le coup de gueule de René « Pourquoi je n’irai pas voter à la primaire… », Je suis d’accord avec ce qu’il y dit. Mais moi, en plus, ça me fait sourire. De les voir tous en ringuette, François, repomponné de frais et s’appliquant à être tout comme il faut, Martine, bougonne et comme en pénitence mais le discours ferme et assuré, Baylet comme égaré dans quelque chose qui le dépasse. Arnaud et Manuel eux paraissent vraiment contents d’être là… dans le poste. Mais j’ai beaucoup de mal à prêter attention à ce qu’ils disent, à saisir les nuances qui les distinguent. Je reste extérieur.
Tu n’es pas raisonnable !
Jean-Marie, tu n’es pas raisonnable, me dis-je, pense aux enjeux de 2012 : faire qu’il y ait moins de chômage, de précarité, d’injustice, de souffrance, moins d’exclusion, moins de services publics sacrifiés, moins de jeunes déboussolés, moins de quartiers en déshérence, moins de mépris du côté des gouvernants, moins de fins de mois difficiles, moins de misère dans les rues et dans les maisons, moins de gens sans abri… La liste pourrait être interminable. J’aspire à ce qu’on sorte de cette spirale folle. Sans doute pour certains, la primaire est un passage obligé dans la démocratie médiatique qui semble devenir parfois la référence ultime, mais je reste persuadé que l’essentiel est ailleurs et que vivement la fin octobre pour qu’on puisse vraiment s’occuper de l’essentiel.
Mais beaucoup s’occupent déjà de cet essentiel-là : les personnels de l’éducation en faisant massivement grève le 27 septembre ont fait passer un message fort pour dire ce qu’ils veulent comme service public ;  les retraités vont dire qu’il faut arrêter de bafouer le droit à la retraite, qu’une vie de travail doit vous donner le droit de vivre une retraite décente ;  le 11 Octobre, c’est l’ensemble des salariés qui descendront dans la rue. Ce sont des démarches éminemment politiques qui rappellent qu’il ne saurait y avoir de démocratie véritable sans satisfaction des besoins sociaux : pour construire un avenir où le progrès social a quelque chance de renaître, il faut commencer par là.
Ce que nous voulons.
L’aspiration au changement est importante. S’il fallait une nouvelle preuve, nous avons eu la preuve par le Sénat. L’immuable a bougé ! Ce changement, pour être réel, profond, irréversible, suppose l’intervention citoyenne et donc le débat, la discussion, la démarche collective. A cette seule condition, il sera notre bien commun : c’est lui qu’il faut préparer là où nous sommes. A nous de dire ce que nous voulons.
Et je commence,  dans trois domaines qui me tiennent à cœur.
L’école ! J’ai lu les programmes politiques la concernant, je pense qu’il faut aller encore plus loin si l’on veut lui permettre de jouer pleinement son rôle émancipateur. Rétablir les postes supprimés, c’est le minimum. L’école progressiste doit allier deux qualités : la démocratisation véritable, celle qui donne à CHACUN sa chanc et le plus haut niveau d’exigence dans les formations dispensées. Quelque chose comme le bac pour tous par toutes les voies possibles et imaginables (puisqu’il faut trouver un raccourci parlant) me semble une utopie réaliste. Elle me semble de nature à remobiliser la jeunesse …  A condition qu’après ce parcours il y ait autre chose que les stages bidon.
Nous bouger un peu plus qu’un peu 
Le deuxième domaine est donc l’emploi : les rustines en tous genres, les tombereaux de licenciements, les usines rentables que l’on ferme pour faire du pognon pour les actionnaires, l’état qui fait pareil dans la fonction publique. Basta ! Du travail et des salaires qui permettent d’en vivre ! C’est le chemin de  la dignité. Imposer d’autres choix en matière de politique économique va nous contraindre à nous bouger un peu plus qu’un peu. Il y faudra de la combativité, de l’unité, de la détermination. Il faudra donner à la vie syndicale un sacré coup de jeune.
Le troisième domaine, il me concerne directement, c’est la retraite. Arrêtons de tourner autour du pot pour savoir comment on fait avec les lois Balladur, Fillon, Woerth qui ont saccagé nos droits. On revient au point de départ : on abroge et on reconstruit. On arrête de laisser croire que nous serions devenus un pays pauvre qui ne peut plus nourrir ses anciens.
Jean-Marie, tu n’es pas raisonnable ; tu perds le sens du réel. Tu vas nous faire perdre… me redis-je.
Pas sûr ! Pas sûr du tout ! Je suis très sérieux, je n’ai plus envie de rire…
Si c’est vraiment cela que nous voulons.
Jean-Marie PHILIBERT.