les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

jeudi 13 octobre 2011

"Quelle riche idée"


La prolifération des sujets n’est pas nécessairement synonyme de facilité. Les événements se télescopent, ici et ailleurs, ils pourraient donner lieu à des charges plus ou moins légères, plus ou moins amusées, plus ou moins vengeresses. L’actualité est riche de sens mais qui partent… dans tous les sens… Les détours sont peut-être utiles pour y voir plus clair. La mise à distance peut être bénéfique d’autant qu’en plus elle me permet de vous parler d’un être cher dont vous me demandez parfois des nouvelles et dont vous déplorez l’absence dans ces colonnes depuis quelques semaines : ma mémé !
Les riches idées et les couillonnades.
Ma mémé aurait eu beaucoup de mal à supporter les fracas de ce monde, ses incohérences, ses turpitudes, ses misères. Mais elle aurait fait face et elle avait une arme absolue pour cela : elle avait décidé une fois pour toutes d’accorder la priorité des priorités à ce qu’elle appelait «  les riches idées ». C’était son expression favorite « Quelle riche idée ! », dès qu’elle entendait un propos qui lui paraissait digne d’intérêt, remarquable, intelligent quel que soit le domaine, quel que soit le sujet, quel que soit le contexte. Elle était à la recherche de toutes les « riches idées » possibles et ne cachait jamais sa satisfaction d’en avoir trouvé, entendu, lu, pensé une ou plusieurs. Par contre elle était sans pitié pour les « couillonnades », c’était aussi son expression, en tous genres, qui ne manquaient pas de parvenir à ses oreilles. C’est ainsi qu’elle les traitait, et même et surtout, quand elles émanaient des êtres qu’elle avait en affection. Je dois reconnaître que mes « couillonnades »l’ont beaucoup occupée.
Se réaliser.
Une « riche idée » , des « riches idées » ce ne sont pas des idées cotées en Bourse, elles ne rentrent pas dans le CAC 40, elles ne vivent pas cachées dans les coffres des banques suisses et pourtant elles sont pleines de valeur et de sens, elles sont des leviers d’une efficacité prodigieuse dans les destinées individuelles et collectives. La jeune fille ou le jeune homme qui, à l’aube de sa vie d’adulte, prend conscience de ses goûts, de ses choix, de ses désirs et qui s’engage dans une voie prometteuse pour son avenir, a « une riche idée ». Elle peut lui permettre de se réaliser. L’accompagnement de nombreux lycéens dans ces voies-là m’a permis de mesurer ce que peut être une telle richesse, à condition que la course d’obstacles pour réaliser ce dessein ne se transforme pas en jeu de massacre. Comme c’est malheureusement souvent le cas dans un monde injuste et inhumain. Parce qu’ils sont assez nombreux à croire que les « riches idées » ne sont réservées qu’à quelques-uns, il n’est pas bon pour eux qu’une telle richesse puisse librement circuler, il n’y a de valeur que rare. Ça, en fait,  c’est une immense couillonnade.
Construire un avenir.
Quand elles se cumulent, les couillonnades sont dangereuses mais la rencontre des « riches idées » démultiplie leur puissance : c’est la force de la solidarité et de l’action collective. Ce n’est pas facile, ni simple : les chausse-trappes sont nombreuses, les donneurs de leçons courent les rues, chacun racontant la sienne. C’est à la lucidité de chacun et de tous de faire le reste. Mais l’aspiration à une vie meilleure (quand on souffre), le besoin d’en finir avec les injustices (quand on les vit au quotidien), le droit au travail (quand on ne l’a plus),  la possibilité d’élever dignement ses enfants (quand avec eux on galère tous les jours), un salaire décent qui vous  laisse de quoi vivre (quand on doit se contenter de survivre), ce sont là de « riches, de très riches idées ». Elles naissent dans le terreau de notre expérience collective et sont en mesure de nous aider à construire un avenir. Elles me paraissent indispensables pour nourrir un débat de fond capable d’éclairer l’avenir autrement qu’avec une bougie. Je te reconnais bien là, Mémé, tu adorais le progrès. Les « riches idées » y conduisent… avec notre combat.
Jean-Marie PHILIBERT.

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