les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mercredi 9 novembre 2011

le sens des mots

Ah ! Les mots ! Certains ont des existences bien compliquées qui contribuent à nous compliquer la vie, à nous pauvres humains. Ils peuvent signifier une chose … et son contraire. Allez vous y retrouver. Le verbe « changer » par exemple !  Quand vous l’utilisez transitivement (mais oui, vous vous souvenez : cela veut dire avec un complément d’objet direct), c’est relativement simple. « Tous les matins, je change mes chaussettes, sinon elles encarognent ». Je peux aussi changer ma voiture, changer la décoration de ma maison, changer toutes mes habitudes. Là, pas ou peu d’ambiguïté : j’aurai une autre voiture, une maison décorée différemment, d’autres habitudes. et des chaussettes propres.
Insaisissable et trompeur.
Si je sors de cet usage de base, les choses vont dangereusement s’obscurcir. Le changement devrait être ma capacité, ma liberté (n’ayons pas peur des grands mots, même si, quand ils sont grands, ils sont encore plus compliqués), à remplacer une chose par une autre qui corresponde davantage à mon désir. Mais non ! Ça ne marche pas toujours ainsi : le changement devient beaucoup plus insaisissable et trompeur.
Ma voisine, toute fière de me dire : « Vous avez vu le petit comme il a changé … ». Si ce n’est qu’il est aussi resté le même. Dans la vie de tous les jours, nous changeons tous les jours, en restant tous les jours les mêmes… et ça complique les choses !
Dans le domaine politique, c’est encore plus vrai. Ils ont tous le mot « changer » à la bouche, ils veulent tout changer, même quand ils succèdent à un petit copain qui avait les mêmes idées qu’eux. Sarko en 2007 nous a fait le coup du changement, on allait travailler plus, gagner plus, payer moins d’impôts. Chirac, quelques années plus tôt, avait promis, juré que la fracture sociale, ça allait changer. Nous avons eu le « changement dans la continuité…le changement sans risque… le changement, sans qualificatif, sans complément, le changement absolu. « Changeons la France ! ».  Qu’est-ce qu’on met à la place ?
Plus pire ?
Plus ça doit changer, moins ça change et en particulier la situation dramatique de tous ceux qui sont sans quelque chose : sans emploi, sans domicile, sans protection sociale, sans droits, sans papiers, sans espoir, sans avenir. Leur situation ne change pas : elle empire. La seule perspective qui nous est offerte, c’est de devenir « plus pire » encore. Changer, c’est ça ?
Les mots sont des êtres vivants, et j’imagine aisément ce que doivent être les tourments internes du verbe « changer ». Se voir ainsi  piétiné, trituré, méprisé et être par nature dans l’impossibilité de réagir. Ne pas pouvoir imaginer une petite vengeance qui remettrait les choses à leur place
Supposons que le verbe « changer » puisse nous répondre et posons-lui la question qui est dans de très nombreuses têtes : « Eh ! CHANGER pour qui tu votes ? » CHANGER qui connaît le sens des mots sait très bien que ce n’est pas du côté des réactionnaires de tous poils que ça va changer, donc la droite extrême, pas extrême, et même en tenu de camouflage centriste est délibérément hors-jeu. Restent les progressistes.
Le camarade CHANGER.
L’organisation de la primaire socialiste a obligé les candidats  à la candidature à parler programme, propositions de changements. Pour lutter contre le chômage… « il faut dissuader les licenciements boursiers » et envisager des « emplois d’avenir » (300 000 dit le programme du PS). Pour les retraites on revient à l’âge légal à 60 ans … mais pas à taux plein. Pour l’école, il est prévu un « nouveau pacte éducatif… et une annonce de 60 000 créations d’emplois.
Le camarade CHANGER (tous ceux qui veulent que ça change vraiment sont des camarades) dit que c’est mieux que rien,  mais il ne semble pas transporté d’enthousiasme.
Du côté du Front de Gauche, le langage est plus direct : « Nous voulons rétablir le droit au travail, à l’emploi, au repos dans une nouvelle répartition des richesses. Pour cela nous établirons les 35 heures effectives, le droit à la retraite à 60 ans et à taux plein, le SMIC à 1700 euro et un  salaire maximum dans les entreprises publiques et privées … »
Et le camarade CHANGER devient soudainement philosophe : « Pourquoi la vie est-elle ainsi faite ? Pourquoi ceux qui disent les choses les plus simples et les plus évidentes ont-ils tant de mal à se faire entendre ? Pourquoi tant de résistance au progrès ? »
J’imagine le camarade CHANGER, le camarade PROGRES, les camarades SOLIDARITE, JUSTICE, EGALITE et tant d’autres aux noms porteurs d’espoir se rassembler pour manifester dans tous les dictionnaires de France et de Navarre pour que les mots aient un sens, pour que notre vie ait un sens (le sens de l’histoire ?). Ce sens est entre nos mains.
Jean-Marie PHILIBERT.

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