Des Indignés … à tous les trouble-fête.
2011 a été marqué par le mouvement des indignés. Los
indignados de la Puerta del Sol ont
servi de catalyseur à une colère collective devant le sort réservé à une
jeunesse espagnole désemparée. L’opuscule de
Stéphane Hezel « Indignez-vous », le succès de librairie
retentissant qu’’il continue d’avoir représentent une lueur d’espoir, dans un monde où tout est
fait pour que toute forme d’espoir soit perçue comme vaine, dans un monde où la
dignité n’aurait plus sa place. Et pourtant quel paradoxe ! Plus d’un demi
-siècle après son élaboration le programme du comité national de la Résistance
y vit d’une jeunesse insoupçonnée sous la plume de ce si jeune nonagénaire.
Une paralysie de
toute les formes de progrès ?
Comme si les décennies que nous venons de vivre avaient marqué une paralysie de toute forme de progrès. Cependant
des hommes, des femmes de progrès, des jeunes, des moins jeunes, des
travailleurs de toutes les couleurs, de tous les pays sont en attente de ces
progrès, se battent pour qu’ils se concrétisent, y voient la seule alternative
porteuse d’humanité face aux appétits insatiables des possédants de tous poils
pour qui la vie n’a de sens que cousue d’or, de dollars, de pognons, valeurs
suprêmes.
Dans ces temps électoraux de première importance, cette
question des progrès sociaux à construire est primordiale pour répondre aux
besoins d’une population qui n’en peut mais. Les aléas de la crise financière,
de la dette, du AAA, du déficit budgétaire, de l’euro menacé, tiennent souvent
de l’artifice bien commode pour nous conduire à accepter l’inacceptable, le
chômage qui flambe, le pouvoir d’achat en berne, les droits sociaux en
capilotade, le tunnel, toujours le tunnel, et la dignité régulièrement
escagassée sur ces sombres murs.
Condamnés à vivre
dans un tunnel ?
Est-ce ainsi que les hommes vivent… disait le poète
Les indignés ont raison de nous rappeler que la dignité et
l’humanité ne font qu’un. Mais sans doute l’âge et donc l’impatience devant les
changements nécessaires, sans doute l’expérience, sans doute la conviction de
la complexité des hommes et du monde, sans doute le souci d’être les plus
nombreux et les plus unis dans les combats à mener pour que les changements
soient autres choses que des promesses, me conduisent à avancer l’idée que ce
rassemblement ne peut naître que dans la diversité de toutes les aspirations :
l’indignation n’y suffit pas.
Et je me plais à imaginer un mouvement qui
rassemblerait tous les indignés
possibles, les très-très indignés, comme les indignés plus plan-plan, mais
aussi les entêtés, mais aussi les
acharnés, les révoltés, les véhéments, les insoumis, les tenaces, les
énergiques, les décidés, les rebelles, les audacieux, les partisans, les résolus, les opiniâtres. Tous ceux
qui n’acceptent pas d’être mis à la porte de la vraie vie et qui rentrent par
la fenêtre pour avoir droit à leur part. Les volontaires, les solidaires,
les révolutionnaires, ceux qui ne se satisfont pas des désordres du monde. Les
novateurs, les inventeurs, les créateurs d’une société « un peu »
plus juste, « un peu » plus
fraternelle. Les rassemblés, les
fraternels, les fédérés, tous les drôles de cocos, réunis dans leur diversité, pour prendre en
main leur destin. De la dignité ! De la diversité ! De la
détermination ! De la colère des profondeurs, celle qui nourrit tous les
courages. Parce qu’il va en falloir !
Soyons plus forts
que leur culot.
L’ennemi de classe ne
lâchera rien et il veut nous faire croire à son invincibilité. Il aura tous les
culots. Tous les réactionnaires se soulageront de leur peur en le prenant pour
guide, même si le guide ne mène nulle part, même si la preuve est faite de sa
nocivité et de ses mensonges.
Les marchands et les
marchandes de soupe vont se multiplier et faire croire que leur soupe à eux est
la plus populaire pour jeter le trouble dans les esprits et brouiller les
pistes. Les mous, les toujours-contents, les silencieux, les
« modérés », les apolitiques, les obéissants se chercheront un maître
qui leur évitera de penser et d’oser. . Les bourreurs de crâne ne cesseront de
nous le bourrer de sottises en tous genres qui viseront toutes à nous faire
croire qu’il n’y a de choix véritable qu’entre l’austérité de droite ou la
rigueur social-démocrate, que toute perspective de changement réel est illusoire, que la dignité c’est bien joli,
mais pour plus tard, que la leçon du jour est à la réalité, au réalisme le plus
terre à terre.
Ils ont tout simplement oublié que l’utopie, l’invention, le
changement naissent toujours dans les interstices de la réalité, comme une
mauvaise herbe qui peut croître et proliférer à condition que nous en fassions
notre bien commun. Merci les indignés ! Et en avant camarade ! Vive
les trouble-fête !
Jean-Marie PHILIBERT.
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