les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

samedi 21 janvier 2012

La vérité au couvent ?

On n’échappe pas à l’histoire, qu’elle soit heureuse ou tragique : toutes les ruses, tous les mensonges, toutes les élucubrations apparaissent à un moment ou à un autre pour ce qu’elles sont, des supercheries, des tentatives vaines de se voiler la face, de tromper son monde, quand ce n’est pas le besoin de se tromper soi-même. La démarche est profondément humaine quand il s’agit d’apaiser des plaies  dont on sent bien qu’elles ne se refermeront jamais.  Mais la force de l’humanité réside en grande partie dans sa capacité à connaître  et à comprendre les choses pour ce qu’elles sont ; cette rationalité-là est sans cesse à préserver et à reconquérir. Elle fonde notre responsabilité quelque soit notre niveau d’intervention, aussi modeste soit-il. En matière historique, même si rien n’est univoque, les tentatives de travestissement de la vérité ne trompent que ceux qui ont envie de l’être.
Les temps de la colonisation sont finis.
La Municipalité de PERPIGNAN, avec  l’ouverture du centre de documentation des français d’Algérie, dont l’inauguration officielle est prévu pour la fin Janvier au Couvent Sainte Claire, est sur une piste des plus dangereuses en la matière puisqu’elle place cette structure sous l’égide des Cercles algérianistes qui racontent  leur histoire de l’Algérie, celle d’une nostalgie de l’Algérie Française. Le Maire de PERPIGNAN voit rouge dès qu’il sent la moindre opposition à son musée. Il voit rouge dans tous les sens du terme puisqu’il relance une guerre froide… qui a été définitivement congelée, peut-être ne s’en est-il pas rendu compte ? Il a beaucoup de mal à imaginer qu’une histoire franco-algérienne non falsifiée puisse voir le jour. Comme s’il avait peur d’une vérité sans doute difficile à admettre pour tous ceux qui ont vécu des jours heureux en Algérie : les temps de la colonisation sont finis. 
Une responsabilité d’élu.
Nous avons mieux à faire que de ressasser la réelle souffrance de l’exil. Cette période d’histoire commune entre la France et l’Algérie, l’interpénétration entre nos cultures, entre nos langues, la présence nombreuse en France de travailleurs venus d’Algérie, de leurs familles, les histoires mixtes qui se tissent  dans des jeunesses qui n’ont connu que les récits de la guerre devraient nous inciter à la sagesse et à l’ouverture,  un demi -siècle après les événements. L’appartenance de Jean-Marc Pujol, le Maire de PERPIGNAN, à la « famille pied-noir », si elle rend compréhensible son attachement à faire vivre ce passé, ne l’exonère pas de sa responsabilité d’élu et de représentant d’une ville qui a connu de très près toute cette période, dont les opinions à ce sujet sont très diverses et qui très certainement aspire à ce que cette histoire soit abordée avec plus de sérénité et de lucidité.
L’Algérie française n’est pas un horizon indépassable. « Pour une histoire franco-algérienne non-falsifiée », c’est le nom que s’est donné le collectif d’organisations (politiques, syndicales et associatives) qui depuis la naissance du projet muséal de la Municipalité de PERPIGNAN  intervient pour en dénoncer la dérive partisane. Là où les plus aveugles ne verront qu’une occasion de ranimer les vieilles querelles d’une histoire terminée, n’est-il pas possible d’envisager la construction de relations pacifiques et fraternelles entre des peuples que les soubresauts les plus violents de l’histoire ne sont pas parvenus à opposer définitivement. Cela suppose de regarder la vérité en face, toute la vérité. Il n’est pas sûr de la trouver au Couvent Sainte Claire.
Jean-Marie PHILIBERT.

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