« Tout pour moi !»
Le feuilleton continue et j’ai envie d’y mettre mon grain de
poivre. Les lecteurs du TC ont bien sûr suivi tous les épisodes précédents. Il
ne s’agit pas de l’affrontement des présidentielles et de ses différentes
péripéties jusqu’au dénouement final … et heureux. Là, la messe, laïque bien
sûr, est dite. Non il s’agit de quelque chose qui est très proche de nous et
qui en est une conséquence : les élections législatives du mois de juin et
la capacité de la gauche à être majoritaire au Parlement. Sinon, c’est
« bis repetita » (pour la droite) mais pas « placent »
(pour nous). C’est Horace, le poète latin qui dans son art poétique dit que les
choses qui se répètent plaisent. Là, il se goure !
Dans chaque circonscription pour pouvoir participer au
second tour il faut recueillir, au premier tour, au moins 12,5% des voix des
inscrits. Quoi que l’on pense de cette règle, il faut faire avec. Compte tenu
des scores réalisés dans le département par le Front national et la droite
« présentaple », elle peut conduire dans certains cas à voir les
candidats de gauche éliminés au second tour et à contraindre l’électeur à choisir
entre la peste et la cagagne. D’où une idée de bon sens : dans les
circonscriptions où il y a un tel danger, le Front de gauche propose au Parti
Socialiste de se mettre d’accord sur une candidature unique.
Démarche unitaire.
Une attitude qui, pour moi, a beaucoup plus d’avantages que
d’inconvénients : elle peut empêcher le Front National d’avoir des élus,
elle peut permettre à la gauche de gagner des sièges là où elle les aurait
inexorablement perdus, elle donne une force considérable à la démarche unitaire
de toute la gauche.
D’où la proposition faite par le Front de Gauche dans les
P.O. de réserver la première circonscription (celle où se présentent Alliot et
Mach) à un candidat d’union et de proposer la candidature de Jean Vila. Le tout
bien sûr dans le cadre de l’accord national en discussion entre les partis.
Er puis, au soir du second tour des présidentielles et d’une
victoire nette de François Hollande, (victoire où les millions de voix obtenues
par Mélenchon ne lui ont pas manqué, grâce à un appel clair, sans ambigüité et
sans marchandage) voilà –t-il pas qu’au Parti socialiste catalan on commence à
dire…
…que l’accord n’existe pas (bien sûr, avant d’être signé,
c’est pareil dans toutes les négociations)
…que, sur la première
circonscription, le PS a un candidat du feu de dieu (qui a surtout brillé par
sa souplesse d’échine face au pontife local devenu entre temps grand patron socialiste
de la région en bousculant quelque peu les décisions du parti)
… que, ma foi, quatre
députés socialistes pour les P.O. seraient une bonne chose (pour le PS sans
doute, pour le pluralisme de la gauche et son efficacité, c’est moins sûr…).
L’aspiration à une
vraie transformation sociale.
Le pontife en question, Christian Bourquin, pour qui j’ai eu
dans des démarches unitaires passées l’occasion de voter souvent, en voulant
tout pour lui et rien pour les autres, oublie une donnée forte de la campagne
en cours, une donnée qui reste prégnante
dans les esprits, dans le mouvement politique et dans le mouvement
social : l’existence d’un pôle de radicalité qui ne se satisfera pas d’une
alternance plan-plan qui réserve les
gâteaux toujours aux mêmes. Il ne doit pas oublier la Bastille, le Prado, la
Place du Capitole, les luttes sociales, l’aspiration à une vraie transformation
sociale et surtout la volonté de beaucoup de citoyens de ce pays à être
entendus pour ce qu’ils sont : des acteurs du changement ! Très- très
loin des combinaziones pour rafler les bonnes places.
En voulant tout pour lui, en cherchant à enfler sans
retenue, il illustre à merveille une fable de La Fontaine
« La grenouille et le bœuf »
Une grenouille vit un bœuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n’était pas grosse en tout comme un œuf,
Envieuse, s’étend, et s’enfle et se travaille,
Pour égaler l’animal en grosseur,
Disant : « Regardez bien, ma sœur ;
Est-ce assez ? Dites-moi : n’y suis-je point encore ?
Nenni – M’y voici donc ? – Point du tout. -M’y voilà ?
-Vous n’en approchez point. » La chétive pécore
S’enfla si bien qu’elle creva…
Je ne souhaite la mort d’aucune grenouille et toutes les
enflures sont dangereuses pour la santé,
comme pour la démocratie. Nous aurons besoin de toutes les grenouilles
de gauche pour construire l’avenir.
Mais pas en jouant les boutiquiers.
En incarnant la pluralité du peuple rassemblé.
Jean-Marie PHILIBERT.
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