les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mercredi 28 novembre 2012

copé-fillon/fillon-copé



La vraie vie.
Pourquoi parler de ce qui se passe à l’UMP ces derniers jours ? Dans un journal sérieux comme le TC, a-t-on de la place à gaspiller pour écouter les turpitudes des François et Jean-François ? Est-ce utile de participer ainsi à la divulgation d’une image bien peu réjouissante de la politique française ? A-t-on encore quelques illusions sur la capacité de la droite à régénérer dans son fonctionnement interne la vie démocratique ? Rappelez-vous la cinquième république est née  d’un coup de force du mouvement gaulliste, les héritiers d’aujourd’hui croient peut-être que tout fonctionne toujours ainsi ?
Moi, je me vois, d’abord,  une très bonne raison… locale : rappeler aux Mach, Calvet et tutti quanti, toujours prêts à donner des leçons de démocratie à la terre entière qu’ils feraient bien de balayer devant leur porte, d’autant que dans un passé très récent avec l’épisode de la présidence de l’UMP locale à la bécassine du lac, alias la comtesse de Yrles, ils nous avaient montré qu’ils ne répugnaient pas à mettre la main à la patte pour les coups tordus.
Et en élargissant les perspectives je ne vois que des avantages à montrer que la démocratie est à la fois fragile et précieuse, qu’il ne suffit pas de l’invoquer pour la développer, qu’elle impose règles et rigueur,  et qu’il est plus facile de lui tordre le cou, que de la faire vivre.
Une retombée du sarkozisme.
Visiblement à l’UMP, l’élection du Président  du mouvement par les adhérents  devait avoir des vertus mobilisatrices  pour la droite : les militants avaient l’air d’y croire et les candidats à la télévision s’étaient comportés comme des enfants bien élevés. A droite, on a de l’éducation, voyons ! Mais le goût du pouvoir aidant, le risque de voir le hochet leur échapper, l’hypertrophie de leur ego ont fait de chaque candidat des fous furieux qui se traitent de tous les noms et qui semblent  prêts à sacrifier l’avenir de l’Ump à leurs ambitions contrariées. Est-ce une retombée du sarkozysme déchu et du peu de cas fait de la démocratie politique et sociale pendant des années ? Sans doute !
Le feuilleton ne va pas finir de finir, les épisodes vont se poursuivre et pour l’occasion on ressort Juppé de la naphtaline, mais cela ne  nous amusera que momentanément.
La vallée des larmes.
Parce que pendant ce temps, la vraie vie suit son cours avec le parti socialiste aux commandes et le capitaine de pédalo à la barre, et sur le plan social, économique, les perspectives sont sombres : le budget du pays va voir des coupes plus sombres encore que celles que la droite avaient envisagées, la TVA sociale que l’on avait renvoyée par la porte revient pas la fenêtre, le chômage est annoncé comme devant battre de nouveaux records.  La vallée des larmes est devant nous ! La sollicitude portée à la compétitivité des entreprises justifie les prochains renoncements, et elle est inversement proportionnelle à l’attention que le gouvernement accorde au développement des droits sociaux. Quant à l’augmentation du pouvoir d’achat… ce mot a perdu toute son utilité et on pourra bientôt le rayer du dictionnaire.
La vraie vie, elle est là ;  et des affaires comme le numéro de duettiste Copé-Fillon (ou bien celle, moins calamiteuse certes du mariage gay)  présente l’énorme avantage d’occuper la petite lucarne, devenu moins petite et plate,  et surtout nos esprits pour que nous pensions le moins du monde à cette vraie vie. Et, malgré mon expérience,  je suis toujours surpris de tous les efforts  médiatiques pour nous détourner de l’essentiel, pour nous amuser de l’écume des choses.  En les évoquant, manquons-nous,  nous aussi,  au TC, de sérieux ? Peut-être !
Mais je crois avoir fait le nécessaire pour que vous ne vous laissiez pas piéger : nous savons, nous, depuis Rimbaud, que «  la vraie vie est ailleurs ». Et c’est pour elle que nous ne cessons de nous battre.
Jean-Marie PHILIBERT.

jeudi 22 novembre 2012

dépassement....



Solidaires … ou pas.
Les aléas de ma physiologie défaillante m’ont conduit ces derniers mois à fréquenter plus que de coutume la gent médicale et les lieux où ils exercent et à voir, de visu comme on dit, comment fonctionne notre système de santé, comment travaillent ceux qui y interviennent, comment s’y distribue le pouvoir et comment est traité le patient. Qui a intérêt à le rester, patient, aussi longtemps qu’il restera au fond de son lit entouré de certaines blouses blanches à la sollicitude à géométrie variable, à la science pas toujours infuse, et à une incapacité fréquente à communiquer avec des mots compréhensibles pour tous.
Cette impression d’ensemble ne traduit qu’imparfaitement une réalité souvent plus riche et plus complexe où le souci d’apporter réconfort, soin et écoute peut animer tel médecin, tel chirurgien, telle infirmière, telle aide-soignante : ce sera d’autant plus remarqué et remarquable que cela ne semble pas l‘habitude la plus habituelle que de mettre aussi de l’humanité là où il y en a tant besoin. Merci donc à tous ceux qui parviennent ainsi à concilier leurs savoirs scientifiques, leurs savoir faire, (qui peuvent nous guérir, et c’est là l’essentiel) et leur humanité qui va aussi contribuer à nous faire beaucoup de bien et sans doute à nous guérir aussi. Parce que c’est la finalité du système de santé de nous aider à la préserver le plus longtemps possible.
Un droit pour tous.
Ce fut une des avancées les plus importantes du programme du Conseil National de la Résistance que de faire de cette finalité un droit pour tous et de créer des institutions qui le mettaient en œuvre : la sécu a plus d’un demi -siècle et elle a permis des progrès prodigieux, en particulier dans le domaine de la démocratisation de l’accès aux soins. Il a fallu dès l’origine une intervention sociale, syndicale, politique constante pour en préserver les acquis, parce que très vite les réactionnaires de tous poils se sont employés à tout faire pour lui rogner les ailes. Le patronat et la droite ne s’en sont pas privés et ils continuent. Et ils trouvent parfois des alliés inattendus.
Ne voilà-t-il pas qu’actuellement avec la redoutable question des dépassements d’honoraires, l’attaque vient de ceux-là mêmes qui sont les acteurs centraux de notre système de santé ? Les médecins eux-mêmes, pas tous certes, une minorité sûrement, avec quelques arrières pensées politiques, sans doute! Ils considèrent que les honoraires arrêtés par les caisses d’assurance maladie sont insuffisants (c’est leur droit), ils savent que la loi de l’offre et de la demande (il manque des médecins et en particulier des spécialistes) est telle que pour être rapidement soigné, les patients sont prêts à mettre la main au portefeuille, ils décident donc avec plus ou moins de toupet de vous demander de cracher dans le bassinet de leur trésorerie, paraît-il fragilisée. A lire les études qui sortent dans la presse sur leurs revenus et à comparer ces revenus avec ceux des Français qu’ils soignent, on se dit que nous à ce niveau-là on n’aurait pas besoin de dépassement et que leur motivation tient plus d’une cupidité, certes humaine (en avoir plein les fouilles est devenu malheureusement un besoin « naturel » ), que du souci de défendre un système de soin démocratique et performant pour tous.
Notre bien commun.
Mais ce système de soin, quelles que soient leurs compétences, la difficulté et la durée de leurs études, et les responsabilités qui sont les leurs et qui méritent d’être payées leur juste prix, n’est pas leur chose : il est notre bien commun conquis de haute lutte et préservé dans des combats qui se continuent. Il est un pilier de la cohésion sociale, mise à mal, lentement mais sûrement, et il nous revient de le renforcer. Le libéralisme forcené, à l’œuvre dans ces tentatives de dérèglementation, de remise en cause des droits sociaux , de division sociale entre ceux qui auront droit à des soins de qualité et le tout venant qui devra se contenter de la protection minimum, est mortifère pour la démocratie.
 Il est de l’honneur de certains médecins de combattre avec nous sur ce terrain. Je pense qu’il faut lire et faire lire l’appel des Médecins Solidaires.
Ils ne se reconnaissent pas dans la grève des soins de leurs collègues, comme dans les revendications concernant la liberté des dépassements… Ils considèrent que ce mouvement n’apporte aucune réponse et ne propose aucune réforme positive du système de santé. Ils lancent un appel à la population : « La population doit savoir que les médecins dans leur grande majorité , fidèles à leur éthique professionnelle, défendent d’abord leur conditions de travail pour assurer une médecine de qualité au service de tous les patients .»

Les médecins sont solidaires... (ce devrait être un pléonasme).
 Drôle d’époque où il est nécessaire pour les intéressés d’en faire une vérité à rappeler avec force.
Jean-Marie Philibert.

dimanche 18 novembre 2012

Enfin rocker !



Humeur ? Humour ?
Même si elle reste active, même si elle reste engagée dans la lignée de ce qu’a été la vie professionnelle, la retraite est aussi le temps du retour sur soi, de l’examen  du passé ; c’est donc un peu l’heure des bilans. On mesure mieux avec le recul ce qu’on a réussi, ce qu’on a loupé, ce qu’on aurait pu faire et que l’on n’a pas fait, ce que l’on a fait et que l’on aurait pas dû faire. J’en étais à ce stade de mes cogitations personnelles et je me disais que des décennies  d’enseignement  à des ados attachants, mais parfois un peu pénibles, des heures et des heures  d’activités militantes pour défendre un service public que des pouvoirs successifs voulaient mettre à mal, des kilomètres parcourus en manifestations multiples et variées, plus ou moins nombreuses et plus ou moins réussies, sans parler des enfants casés et heureux, pouvaient certes faire un bilan globalement positif, comme on disait au Parti du temps de Marchais, mais que ce n’était pas le Pérou, mais qu’il y avait certainement des destins plus jouissifs,  plus épanouissants, que celui d’enseignants, de syndicalistes ( de gauche bien sûr !). Et je me prenais à rêver… et à refaire ma vie.
Plein les fouilles.
Refaire ma vie, sur l’autre rive, par exemple, à droite pourquoi pas, de façon à pouvoir vivre un peu plus égoïstement, à pouvoir cultiver mon jardin plutôt que les espaces et les services  publics, à pouvoir, sans gêne aucune,  afficher un cynisme de bon aloi. Cela m’aurait peut-être permis de m’en mettre plein les fouilles. Ma retraite n’en serait que plus aisée. Mais plus que l’orientation politique ainsi rêvée, c’est l’occupation choisie qui me semble déterminante pour avoir le sentiment plein et entier de la réussite. Et là accrochez vos ceintures, vous n’allez pas en croire vos yeux et vos oreilles, mais mon rêve le plus secret est, aurait été, celui d’avoir un destin de rocker, de rocker de droite, bien sûr ; pas seulement le destin, mais le complet, le costume, les santiags, la veste avec les franges, le poil hirsute, les yeux éclatés,  la banane sur le crâne, les jeans « pat’ déph ». Le talent d’un rocker de droite qui vocifère dans le micro, qui déblatère tout ce qu’il a sur le cœur, qui, sans complexe,  pense faire de la poésie avec la cacahouète qu’il a dans la tête. Et le succès public bien  sûr, le culte voué à une idole, les groupies toujours à mes basques. Et des tunes, des tunes, des tunes, comme s’il en pleuvait. La vraie vie quoi ! Et puis, l’âge venant,  aller vivre en Belgique ou en Suisse… pour payer moins d’impôts.
Le grand écart.
J’imagine même que comme enfant du pays, malgré mes choix politiques,  les organisateurs de la fête du TC m’inviteraient pour animer les festivités : à cause du plaisir de retrouver des potes anciens et l’air de la Méditerranée, je leur ferai même un prix. Et à cette occasion, je me vois faisant le grand écart entre ce que je rêve d’être  et ce que je suis, puisque mon double fantasmé serait sur l’estrade, et moi avec  le public, bien sûr ;  je pourrais mesurer le fossé entre ma vie réelle et ma vie rêvée, entre le pantin, désincarné,  qui se prend pour le centre du monde parce qu’il a une guitare et le peuple rassemblé dont je suis, dont je partage les aspirations, et avec lequel j’échange semaine après semaine mes humeurs-humours  et mes interrogations.
Et là je me dis qu’il est totalement illusoire de vouloir changer de rive, qu’il est absurde de se prendre pour ce que l’on n’est pas, que les valeurs de justice, de progrès social, de démocratie, d’émancipation, de liberté, de solidarité ont besoin de nous. Que le seul horizon qui mérite notre attention, c’est le monde réel, à comprendre, à humaniser, à transformer. Ensemble ! (Mais en gardant notre capacité d’humour).
Jean-Marie Philibert

vendredi 9 novembre 2012

hollande aime les mutations



Ohé du pédalo…
Il y a plusieurs semaines que j’ai envie de traiter d’une question que je crois centrale pour l’avenir de notre système de santé et de celui de notre protection sociale : c’est la question des dépassements d’honoraires des médecins, dépassements devenus un sport national. L’accord gouvernement- sécurité sociale- syndicats de médecins, qui ne les remet pas fondamentalement en cause, m’offrait une occasion d’en parler.
Je rassemblais ma documentation pour ne pas dire des bêtises, et voilà-t-il pas que je tombe  sur un article du Monde du 1° Novembre qui évoque une rencontre entre deux journalistes éminents de ce vénérable quotidien et François Hollande sur l’épreuve de la crise que notre pays affronte et sur la stratégie qu’au gouvernail de son pédalo notre camarade-président envisage de mettre en œuvre pour s’en sortir et nous en sortir. Les propos d’Hollande éclairent  l’actualité d’un tel jour qu’ils permettent de comprendre les atermoiements, les ambiguïtés, et les abandons de la politique gouvernementale, pour les dépassements d’honoraires comme pour tout le reste. Bien sûr les choses ne sont pas toujours clairement dites, mais les mots peuvent, parfois malgré eux,  être très révélateurs.
La mutation soft.
« Exercer le pouvoir, aujourd’hui, c’est très dur, dit-il, il n’y a aucune indulgence, aucun respect. Mais je le savais. » Arrête, tu vas me faire pleurer ! Puis il en vient à son ambition pour notre pays : « Eh puis je l’ai voulu ! Pas simplement pour des raisons personnelles, le destin d’une vie…  Mais parce que je pense que pour la France, c’est mieux que ce soit la gauche  qui fasse cette mutation,  qu’elle le fasse par la négociation, dans la justice, sans blesser les plus fragiles, ni les déconsidérer. Les autres l’auraient fait brutalement. »
Son ambition, la mutation soft, celle qui ne déplace pas les lignes, celle qui ne décoiffe pas. Avec lui les patrons n’ont rien à craindre et ils peuvent comme il le raconte dans la suite de l’article chercher à se faire photographier à ses côtés à l’issue d’une réunion organisée par une banque (tout un symbole).
Pas le monde des bisounours.
Sommes-nous en train de vivre une mutation ? Certes, dans un monde qui bouge, ça mute beaucoup et dans tous les sens. Mais la crise économique, notre industrie en très grosse difficulté, la mainmise des logiques financières  sauvages sur tous les pans de nos activités, la remise en cause du rôle de l’état, la mise à mal des services publics, les millions de chômeurs, les millions de précaires, une jeunesse no-future, des droits sociaux saccagés, une protection sociale aux abois requièrent autre chose qu’une mutation soft. Comment être aussi sourd à la souffrance sociale qui s’accumule et croire que l’on peut la soigner avec de la poudre de perlinpinpin, fût-elle socialiste ! La justice sociale et la démocratie n’ont pas besoin d’emplâtres, elles doivent être refondées, réapprises. Le peuple enfin !
Mais ce ne sera pas le monde des bisounours : c’est le monde réel avec ses contradictions, ses luttes, ses enjeux. Ne nous laissons pas anesthésier par les propos lénifiants de ceux qui au fond se satisfont du désordre dominant, de ceux qui s’emploient à faire avaler aux peuples des pilules de plus en plus amères. N’est-ce pas camarades grecs, espagnols, portugais ?…  Il faut transformer la société et remettre en cause les dogmes du libéralisme autrement qu’en paroles. Il faut permettre à tous ceux qui ont soif de vivre et ils sont la multitude de le faire sans entrave par une répartition juste des richesses. Tout le reste est littérature, et comme j’aime vraiment la littérature, mauvaise littérature.
Comment donc, pour revenir à notre point de départ, s’étonner de l’incapacité de ce gouvernement à s’attaquer aux dépassements d’honoraires des médecins dans la mesure où il faudrait pour cela avoir une vraie ambition de justice sociale ?
« Les vessies de la résignation ne seront jamais les lanternes du progrès social ! » C’est de qui ? C’est de nous tous camarades !
Jean-Marie Philibert.