Ohé du pédalo…
Il y a plusieurs semaines que j’ai envie de traiter d’une
question que je crois centrale pour l’avenir de notre système de santé et de
celui de notre protection sociale : c’est la question des dépassements
d’honoraires des médecins, dépassements devenus un sport national. L’accord
gouvernement- sécurité sociale- syndicats de médecins, qui ne les remet pas
fondamentalement en cause, m’offrait une occasion d’en parler.
Je rassemblais ma documentation pour ne pas dire des
bêtises, et voilà-t-il pas que je tombe
sur un article du Monde du 1° Novembre qui évoque une rencontre entre
deux journalistes éminents de ce vénérable quotidien et François Hollande sur
l’épreuve de la crise que notre pays affronte et sur la stratégie qu’au
gouvernail de son pédalo notre camarade-président envisage de mettre en œuvre pour
s’en sortir et nous en sortir. Les propos d’Hollande éclairent l’actualité d’un tel jour qu’ils permettent de
comprendre les atermoiements, les ambiguïtés, et les abandons de la politique
gouvernementale, pour les dépassements d’honoraires comme pour tout le reste.
Bien sûr les choses ne sont pas toujours clairement dites, mais les mots
peuvent, parfois malgré eux, être très
révélateurs.
La mutation soft.
« Exercer le pouvoir, aujourd’hui, c’est très dur,
dit-il, il n’y a aucune indulgence, aucun respect. Mais je le savais. »
Arrête, tu vas me faire pleurer ! Puis il en vient à son ambition pour
notre pays : « Eh puis je l’ai voulu ! Pas simplement pour des
raisons personnelles, le destin d’une vie… Mais parce que je pense
que pour la France, c’est mieux que ce soit la gauche qui fasse cette mutation, qu’elle le fasse par la négociation, dans la
justice, sans blesser les plus fragiles, ni les déconsidérer. Les autres
l’auraient fait brutalement. »
Son ambition, la mutation soft, celle qui ne déplace pas les
lignes, celle qui ne décoiffe pas. Avec lui les patrons n’ont rien à craindre
et ils peuvent comme il le raconte dans la suite de l’article chercher à se
faire photographier à ses côtés à l’issue d’une réunion organisée par une
banque (tout un symbole).
Pas le monde des
bisounours.
Sommes-nous en train de vivre une mutation ? Certes,
dans un monde qui bouge, ça mute beaucoup et dans tous les sens. Mais la crise
économique, notre industrie en très grosse difficulté, la mainmise des logiques
financières sauvages sur tous les pans
de nos activités, la remise en cause du rôle de l’état, la mise à mal des
services publics, les millions de chômeurs, les millions de précaires, une
jeunesse no-future, des droits sociaux saccagés, une protection sociale aux
abois requièrent autre chose qu’une mutation soft. Comment être aussi sourd à
la souffrance sociale qui s’accumule et croire que l’on peut la soigner avec de
la poudre de perlinpinpin, fût-elle socialiste ! La justice sociale et la
démocratie n’ont pas besoin d’emplâtres, elles doivent être refondées,
réapprises. Le peuple enfin !
Mais ce ne sera pas le monde des bisounours : c’est le
monde réel avec ses contradictions, ses luttes, ses enjeux. Ne nous laissons
pas anesthésier par les propos lénifiants de ceux qui au fond se satisfont du
désordre dominant, de ceux qui s’emploient à faire avaler aux peuples des
pilules de plus en plus amères. N’est-ce pas camarades grecs, espagnols,
portugais ?… Il faut transformer la
société et remettre en cause les dogmes du libéralisme autrement qu’en paroles.
Il faut permettre à tous ceux qui ont soif de vivre et ils sont la multitude de
le faire sans entrave par une répartition juste des richesses. Tout le reste
est littérature, et comme j’aime vraiment la littérature, mauvaise littérature.
Comment donc, pour revenir à notre point de départ, s’étonner
de l’incapacité de ce gouvernement à s’attaquer aux dépassements d’honoraires
des médecins dans la mesure où il faudrait pour cela avoir une vraie ambition
de justice sociale ?
« Les vessies de la résignation ne seront jamais les
lanternes du progrès social ! » C’est de qui ? C’est de nous
tous camarades !
Jean-Marie Philibert.
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