M… aux illuminés !
Nous habitons un pays formidable : nous avons le centre
du monde à deux pas de la porte grâce au
génie de Dali, et grâce au calendrier Maya nous aurons à deux encablures à la
fois la fin du monde et la capacité d’en réchapper parce que le Pic de Bugarach
a été choisi par les dieux mayas pour survivre à cette apocalypse. Et c’est du
sérieux, puisque le vendredi 21
décembre, la chaîne Arte consacre une journée et une nuit spéciales à la
question. Et sur Arte en général on ne rigole pas.
Sont-ce des
âneries ?
-Pourquoi tant de salives dépensées en âneries, me
dis-je ? Mais peut-être ce ne sont
pas des âneries. Que sais-je?
-Mais me réponds-je, la question de notre finitude est au
cœur de nos préoccupations et nous ne cessons d’être taraudés par tout ce que nous
avons à finir de gré ou de force : finir notre travail, finir notre
journée, finir notre carrière, finir de
payer nos dettes, finir d’élever nos enfants,
finir le repas, finir le billet d’humeur que je dois envoyer au TC, ,
finir d’avoir des inquiétudes pour un oui ou pour un non, finir d’être ce que
je suis pour enfin être un autre, finir d’en finir. Notre vie n’est qu’une
succession de fins que la fin du monde sublime dans notre imaginaire et que
tous les apôtres des surnaturels en tous genres utilisent sans retenue pour
nous détourner de la vie dans ce qu’elle a de complexe, de riche, de
contradictoire, de douloureux, d’inquiétant, d’angoissant, d’heureux aussi.
Les Mayas t’ont
tapé sur le ciboulot !
-Mais, tu philosophes aujourd’hui ? Tu n’es pas bien ?
M’apostrophè-je. Les Mayas t’ont tapé sur le ciboulot : tu tombes bien
bas ! La fin du monde ce n’est pas un sujet pour toi. Reste avec ceux qui
aiment trop le monde pour penser sa fin : tu sais bien, tu l’as dit
maintes et maintes fois, que la vraie vie n’est pas ailleurs, mais ici et
maintenant, que le monde n’est pas voué
à être indéfiniment une vallée de larmes, que l’aspiration au bonheur, à la
justice, à un avenir digne, à une répartition équitable des richesses, à la
maîtrise de son destin est inextinguible, qu’un épisode de lutte des classes et
une grosse dose de politique progressiste peuvent nous faire le plus grand bien.
En finir avec
l’impuissance politique.
-Ca y est ! Tu reprends tes esprits, me convaincs-je,
laisse Bugarach aux illuminés. Il y a tant à faire à Florange, à PSA, à
l’ALEFPA, à la Perle Cerdane et ailleurs, il y a à convaincre qu’une autre
politique est possible que celle qui s’incline devant la toute puissance de la
finance. Il y a à sortir enfin de l’alternative infernale entre une austérité
UMP et une austérité socialiste, et à se débarrasser de l’impuissance politique
à répondre à des besoins sociaux de plus en plus criants.
Des millions de chômeurs, des jeunes par milliers dans la
galère, de la misère pour une large part de la population, des retraités qui
ont à peine de quoi survivre, des droits sociaux que l’on ne cesse de rogner,
une nature que l’on exploite sans scrupule : c’est avec ce monde-là qu’il
faut en finir. Mais il n’y suffira pas du calendrier maya, d’une date
fatidique, fût-elle inscrite dans le ciel maya, ou dans n’importe quel
ciel : il y faudra le rassemblement des hommes et des femmes, des jeunes
et des moins jeunes qui ont fait d’un monde solidaire leur avenir tangible. Très-très
loin des illuminés.
Jean-Marie PHILIBERT.
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