Une ordure ?
Y croire ou pas ? Après la
magistrale augmentation qui leur est accordée en cette fin d’année, les
smicards vont avoir du mal à y croire au Père Noel : trois centimes de
l’heure. Point final ! La messe est dite ! Circulez, il n’y a rien à
voir… et rien à espérer. Ce Père Noël-là est vraiment une ordure.
On aurait pu le croire plus
sensible à la difficulté de vivre dans un monde en crise, on aurait pu penser
que, comme il le dit parfois, il est solidaire de ceux qui ont peu, qu’il a
parfois l’ambition de mettre un peu de justice sociale dans un monde qui en
manque totalement, qu’il nous a promis que les choses allaient changer
« maintenant » ( mais c’était il y a quelques mois, donc ce n’est
plus maintenant, maintenant). Il nous a même rappelé à ce moment-là avec des
trémolos dans la voix qu’il était de gauche et que la gauche, vous allez voir
ce que vous allez voir.
Le père Noël, lui, est de
gauche.
Le père Noël, de gauche ? Mais
bien sûr ! Un personnage qui a un tel souci d’apporter aux autres des
moments de plaisirs, de joies, de bonheur, sans discrimination, bénévolement.
En n’oubliant personne, en puisant dans toutes les ressources de l’imaginaire
pour que nous soyons convaincus que le miracle est possible.
La redistribution des richesses
n’est plus une utopie, c’est une réalité
que le Père Noël met en œuvre tous les ans : il n’y a rien de plus à
gauche que ça. Si cela se passait tous les jours, dans tous les lieux, dans
toutes les banques, toutes les entreprises, dans tous les supermarchés, ce
serait même une révolution. Le Père Noël nous ouvre la voie pour un troisième
millénaire qui sera social ou ne sera pas ! L’altruisme, plus fort que
l’égoïsme. Ca parait impensable dans un monde dominé jusqu’à la caricature par
les valeurs de l’argent que l’on amasse, que l’on entasse, que l’on fait
proliférer, et que l’on laisse entrevoir à ceux qui n’ont rien pour mieux les
aliéner à un monde qui leur restera à tout jamais étranger.
La fête de tous, le monde de tous.
Noël, la fête de tous ! La
terre, le monde de tous ! A égalité de droits, de devoirs, de biens, de
moyens, de richesses. Et il y en a suffisamment pour tous ! Voilà un
message qui sera fondateur d’un monde nouveau que les femmes et les hommes,
depuis des lustres et des lustres, cherchent à construire chaque fois qu’ils
agissent pour la justice, la solidarité, le progrès, la liberté.
Mais je déraille, je retombe en
enfance, je rêve. Non ! Je n’ai pas écrit au Père Noël pour qu’il m’apporte
une révolution sociale en LEGO !
Trois centimes qu’il leur accorde aux smicards :
si c’est le début de la redistribution, elle va durer encore des millénaires.
Les Pères Noël, c’est comme tous les êtres humains, il y a les généreux, les
radins, les menteurs, les sympathiques, les justes, les égoïstes. Et la période
correspond peut-être à un moment de vérité où chacun se révèle pour ce qu’il
est. Avec ses trois centimes, la vérité est manifeste. Ce Père Noël-là est
vraiment une ordure.
Jean-Marie PHILIBERT.
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