Esprit, es-tu là ?
Là où souffle la tramontane, l’esprit ne souffle pas
nécessairement. C’est mon cas ce matin. J’ai mon billet d’humeur à écrire et le
souffle de mon esprit est au point mort. J’ai bien quelques petites idées à
mettre en avant.
Par exemple les déclarations des élus PS de la Côte
Vermeille qui ne pouvaient pas laisser passer la caravane des manifestants du
19 Janvier sans apporter bien sûr leur soutien, mais en omettant de dire que le
budget 2013 que leur parti a voté ne fera qu’enfoncer la Côte Vermeille un peu
plus dans la crise et l’austérité. Et Pierrot Aylagas, le député-maire
d’Argeles, il l’a voté ce budget. Alors il y aurait deux vérités : une à
Argeles et l’autre à Paris.
L’art ( ?) de
la citation.
Dans la série « les billets d’humeur auxquels vous
avez échappé », il pourrait y avoir le chapelet de vœux pieux (bien sûr,
c’est un chapelet) alignés par un grand nombre de maires à l’occasion des
cérémonies de la nouvelle année ; ils ont souvent à leur disposition un
dictionnaire des citations où ils puisent sans retenue. Le champion toute
catégorie, Pujol, le maire de Perpignan. « Les hommes construisent trop de
murs et pas assez de ponts » d’Isaac Newton a fait un tabac, cette année
et pas seulement à Perpignan. Et en plus, à Pujol, elle lui va très bien
puisqu’il a centré toute son activité municipale sur la construction d’une
passerelle piétonnière sur la Têt.
Pendant toute ma carrière d’enseignant, j’ai tenté d’apprendre à mes
lycéens qu’il fallait être prudent et modeste dans l’usage de la citation,
qu’il valait mieux donner le sentiment que l’on pensait par soi-même plutôt
qu’à travers les phrases ronflantes piquées à droite et à gauche. Mais au
moment d’écrire leurs discours les maires devaient être comme moi ce
matin : le souffle de l’esprit absent !
Alors on emprunte, on
papillonne !
Le train du monde.
Mais le train du monde suit son cours qui n’est pas
réjouissant, les difficultés sociales
nous assaillent sans perspective d’issue autre qu’une bataille de tous
les instants pour refuser de se laisser enfermer dans le « no
future ». Et le déferlement intégriste ajoute son lot de violences, de folies meurtrières, dont il n’est pas impossible de penser qu’un
peu moins de pauvreté, un peu plus de justice et de démocratie auraient pu
briser l’élan moyenâgeux. Mais les grandes puissances, comme on dit, ont-elles
eu un jour cette ambition ? Regardez la sollicitude dont bénéficient des
monarchies et des régimes d’un autre âge qui font peu de cas de la dignité
humaine, mais qui grouillent de pétrodollars. Alors une petite guerre en
Afrique peut avoir son utilité… Le train du monde, je vous dis !
Et le Nouveau
Roman.
On peut ne pas avoir envie de le prendre pour se réfugier
ailleurs. Dans « Nouveau Roman », le spectacle de Christophe Honoré
présenté au théâtre de l’Archipel (il nous coûte suffisamment cher ce théâtre,
autant en profiter surtout quand le spectacle est de qualité). C’est l’histoire
de ce genre littéraire à part que raconte ce spectacle : un genre qui se
veut hors des conventions, dans la seule nécessité d’une écriture inventive
pour dire sa vérité du monde et des hommes. Une vérité au moins aussi vraie que
beaucoup des discours entendus. Une vérité que l’on aurait pu croire démodée,
mais qui avait gardé toute sa verdeur. Même s’ils ont aujourd’hui tous disparu,
les Samuel Beckett, Nathalie Sarraute,
Claude Simon, Alain Robbe-Grillet … qui revivent sur scène ont encore des
choses à nous dire sur les interrogations qui fondent notre humanité, sur le
monde qui semble nous emporter, sur la liberté de penser, de créer, sur le
souffle de l’esprit qui peut parfois nous animer. Les lycéens nombreux dans la
salle, après une écoute très attentive du spectacle ont applaudi sans
retenue : sans doute ont-ils été sensibles à un tel souffle de l’esprit,
vrai, mais qui ne se prend pas au sérieux.
Ca y est, vous voyez, j’en ai aussi retrouvé un peu de ce
souffle de l’esprit et il me permet de terminer ce billet d’humeur qui part
dans tous les sens, qui n’a ni queue, ni
tête et qui mélange tout. Comme la vie et le nouveau roman! Merci, la
littérature !
Jean-Marie Philibert.
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