les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mercredi 9 janvier 2013

parenthèses



(Parenthèses)
La ponctuation a des ressources insoupçonnées et du sens, ainsi des parenthèses et des guillemets. Ce sont dans notre langue les deux seuls signes de ponctuation qui sont à double détente : ils s’ouvrent et se ferment. Dans le cas des guillemets, c’est normal, on ne peut pas parler sans fin, tout discours même le plus long et le plus pénible a un début et une fin qui peut être parfois perçue comme libératrice. Dans le cas des parenthèses, la logique n’est plus la même. Il y a  un changement de registre, de perspective, de regard, un moment de respiration, une remarque de moindre importance, un complément d’information,  quelque chose qui n’est pas tout à fait dans la norme attendue que l’on  tente d’inclure dans le discours sans y mettre fin.
Respirer enfin !
C’est un peu la même chose dans la vie, après des mois de travail ou de chômage, après des périodes tristounettes, après la monotonie du quotidien, dont on sait qu’ils vont continuer, on s’accorde comme une parenthèse pour respirer, pour penser à autre chose. Le temps social est scandé par ces périodes et la période de Noël en fait partie pour les croyants, comme pour les incroyants. Le goût de la fête et des plaisirs a le pouvoir de dépasser l’esprit de chapelle est c’est tant mieux. Mais les parenthèses se referment toujours et il faut revenir aux choses sérieuses.  C’est fini. N.I.N.I. On reprend le boulot, les emmerdes, le pôle-emploi, l’école, le train-train du quotidien, avec les poches un peu vides, ou complètement vidées. Les parenthèses n’arrêtent pas le temps.
On peut garder un œil sceptique devant ces périodes de festivités normalisées, rituelles et consensuelles ( ?): elles existent, elles nourrissent l’imaginaire des enfants, elles rassemblent. Elles sont utiles, dans un monde qui oppose, qui divise, qui rend les plus fragiles tous les jours un peu plus fragiles, qui ne sait plus quoi inventer pour nous rogner chaque jour un peu plus les ailes, dans une société qui trouve tous les prétextes possibles pour remettre en cause les avancées sociales chèrement conquises et qui parfois nous  promet des reculades  pires encore. La parenthèse en se fermant nous confronte au monde tel qu’il est et à ses acteurs pas toujours drôles.
Sourire.
Encore que l’observation attentive des faits et gestes, pendant cette parenthèse, de notre président normal et de son gouvernement moumou puisse inciter à sourire quelque peu. Il fallait montrer que l’on reste au turbin, que le pédalo continue à être piloté de main ferme au milieu de la tempête, alors à l’Elysée on a fait dans la sobriété, on n’est pas parti pour des vacances somptuaires sur des yachts de luxe appartenant à de riches copains. Le premier ministre s’est autorisé une escapade dans les Pyrénées catalanes, en toute discrétion, et même le peloton de gendarmerie qui l’accompagnait avait la consigne de rester discret et de laisser l’uniforme au vestiaire pour avoir l’air d’un vacancier moyen. Comme s’ils sacrifiaient leurs parenthèses.  Comédie du pouvoir pour les uns et aggravation continue de la situation pour les autres : n’y a-t-il pas d’autres perspectives à proposer ?
Par exemple, tenir les promesses faites ; par exemple ne pas laisser les salariés désarmés devant les décisions des patrons ; par exemple renforcer le droit du travail ; par exemple investir dans les services publics de façon à les rendre mieux à même de remplir leurs missions de formation, de santé, de protection…  Par exemple en finir avec la misère qui gangrène nos villes et nos banlieues. Par exemple donner un toit à tous ceux qui n’en ont pas !
Ouvrons une parenthèse sur le toit : le maire de Perpignan vient de décider de chasser de l’école Jeanne Hachette les familles de sans papiers qui l’occupent, la lutte se poursuit et s’organise. Fermez la parenthèse. Plus de toit !
C’est un signe de plus que pour ouvrir de nouvelles parenthèses de progrès, pour construire un avenir qui ressemble à l’avenir et pas à un champ de ruines, nous ne pouvons compter que sur notre maîtrise de la ponctuation et sur notre volonté indéfectible de nous battre pour un monde meilleur. Ouvrons grand les parenthèses !
Jean-Marie PHILIBERT.

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