Le doute ?
« Le Président Hollande à l’heure du doute … Hollande
le grand doute…. » Ce sont les titres d’un grand quotidien du soir, le week-end dernier. Est-on véritablement,
ici, dans le doute ? N’y aurait-il pas, comme souvent dans la presse
bien-pensante, une petite tromperie sur la marchandise ? Comme, par
exemple, le souci de faire passer la politique d’austérité avec la confiture du
doute.
On dit de quelqu’un
qu’il doute quand il a du mal à mettre en œuvre une décision, quand il
ne sait pas, ou ne sait plus, quelle est la bonne option à choisir, quand ses
faits et gestes sont empreints d’incertitudes et d’atermoiements, quand il
n’hésite pas à confier son désarroi, quand il cherche à prendre conseil, à
écouter ce que les autres pensent et disent pour tenter de se construire une
opinion plus solide et un jugement plus sûr.
Rien de tout cela ne correspond à Hollande. Il dit qu’on n’a pas le
choix et qu’on doit faire comme il dit. Il faut se méfier des allures par trop
patelines…
De la pure
rhétorique.
Le doute, c’est comme les grandes tirades sur la dette ou
sur les déficits publics, c’est comme
notre attachement à un euro qui ne doit
pas couler, c’est de la pure
rhétorique pour tenter de rendre
l’inacceptable acceptable, pour essayer de cacher un modèle social qui
s’escagasse, pour protéger des marchés financiers dont on a fait notre
puissance tutélaire.
Parce que dans ces domaines là nous sommes à des
années-lumière du moindre doute : faut-il augmenter les salaires pour
réactiver une économie complètement raplapla ? Aucun doute :
non ! Faut-il élargir, renforcer les droits de travailleurs dans les
entreprises en particulier pour lutter contre les licenciements
boursiers ? Vous n’y pensez pas. Faut-il augmenter les prestations
sociales ? C’est tout le contraire, il faut les taxer. Faut-il améliorer
l’assurance-maladie ? Impossible, on vit déjà trop vieux. Faut-il
augmenter les retraites, comme le prévoit la loi, du montant de l’inflation ?
Mais vous croyez au Père Noël. Faut-il mettre en œuvre une vraie justice
fiscale où chacun paierait en proportion de ce qu’il gagne et possède ?
C’est doublement impossible parce que les possédants n’y survivraient pas et
les pauvres le seraient toujours. ON DOIT
FAIRE COMME IL DIT… SANS AUCUN DOUTE !
Une allergie
congénitale.
La rencontre fréquente d’élus, lors d’une carrière syndicale
bien remplie, m’a toujours confronté à cette allergie congénitale des
responsables socialistes à affronter le moindre doute, comme s’ils allaient y
perdre toute crédibilité et tout pouvoir. Ils se doivent de donner le sentiment
que ce qu’ils disent ne peut être que de l’ordre de la certitude. N’est-ce pas
le meilleur moyen, pour imposer à ceux qui n’ont pas le pouvoir, de se
soumettre à des impératifs qui les dépasseraient ? Et de ne rien changer
au désordre dominant et à leur parcelle de gloriole.
Nos doutes à nous.
Les seuls doutes qui les inquiètent ne sont pas leurs doutes
à eux, mais nos doutes qui peuvent naître, croître et proliférer dans les
urnes, dans les rues, dans les usines, dans les services. Les doutes de la mobilisation sociale, sur
des choix économiques et sociaux trompeurs, sur des politiques qui tournent le
dos à toutes formes d’espérances.
Ces doutes sont dans nos têtes et ils concernent directement
la capacité que nous leur octroyons à mettre en marche une vraie politique de
transformation sociale.
A moins que les socialistes ne comprennent qu’ils font fausse route :
certains dans leur camp ont quelques doutes.
Jean-Marie PHILIBERT
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