les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mercredi 20 mars 2013



Ite missa est ?
Après la démission de Benoît XVI et l’élection rapide et surprise de François, peut-on dire que la messe est dite, que tout redémarre comme avant, qu’il n’y a rien à ajouter… et pas de commentaire à faire. Ite missa est ? Je ne crois pas.
La permanence de l’institution.
Je suis convaincu qu’il ne faut que rapidement s’intéresser aux formes que cette transition papale a revêtues. Beaucoup de traditions… La fumée noire, puis blanche… Le cortège des mitrés… L’onctuosité des visages et l’impassibilité des attitudes… L’attente, la joie des fidèles … Les commentaires enfiévrés  des responsables catholiques. Nous sommes dans le déjà vu, ça ne mange pas de pain et ça permet de montrer  la permanence forte de l’institution. Ces images d’un monde qui bouge peu sécurisent et rassurent dans des temps d’incertitudes  comme ceux que vit actuellement la vieille Europe.
Le silence assourdissant qui caractérise l’attitude du cardinal argentin pendant la période de dictature féroce de son pays, ne peut que nous interroger.
Les points de vue du futur François sur la contraception, le mariage gay, qui lui ont valu quelques polémiques avec les autorités de son pays sont bien dans la lignée papale. Faut pas rêver… Un futur pape se doit d’être un peu réac…
Des signes potentiels.
Mais quand même un pape qui vient du bout du monde, qui n’est pas européen, qui est le premier disciple d’Ignace de Loyola à accéder à cette fonction, qui représente un continent en effervescence , qui a le souci de garder le contact avec les plus humbles, qui ne semble pas apprécier l’or des palais, pourrait être perçu comme un signe potentiel  de changement. Encore qu’il ne suffise pas de se mettre sous la protection de Saint-François d’Assise pour apparaître comme un apôtre de la révolution sociale que l’on n’est pas. D’autant plus que le même prélat argentin n’a jamais été un chantre de la théologie de la libération qui pendant un temps avait enflammé l’aile gauche de l’église sud-américaine.
Tous ceux qui sont attachés à la nécessité de voir s’opérer des changements majeurs dans une Europe en crise où les peuples sont soumis à la dure loi de l’austérité voudraient pouvoir s’accrocher à ces signes qui vont dans le bon sens.
Parce que l’Italie et au-delà l’Europe en ont, en auront bien besoin de bon sens  pour sortir de l’ornière les millions de citoyens  qui sombrent tous les jours plus nombreux dans les souffrances de la précarité, du chômage, de l‘inquiétude du lendemain, de l’absence d’espoir … au nom du fric-roi, des diktats du FMI, des impératifs de la commission européenne, de la concurrence libre et non faussée, de la survie de sa sainteté … l’euro.
Une église, les églises, même si elles se disent au-dessus, ne peuvent pas tourner le dos à ces douloureuses redites qui font le quotidien d’un monde injuste et inhumain ; l’espoir dont elles veulent être porteuses, pour avoir quelques crédibilités  ne doit pas être renvoyé à un temps hors du temps.

Et l’aspiration au changement ?
L’aspiration à la justice, à la démocratie, au respect de la dignité est une aspiration immédiate et tangible. Elle n’est pas nécessairement dépendante d’une quelconque foi religieuse, mais elle n’en est pas non plus obligatoirement et irrémédiablement coupée.
La construction du nouveau monde, sur les ruines  d’une société sclérosée qui ne fonctionne qu’à l’exclusion, l’ouverture et le dépassement des limites, l’utopie pratique d’un monde meilleur et la certitude qu’il n’y a pas d’aliénation supportable n’appartiennent à personne en particulier, mais à l’humanité en mouvement dans sa diversité, dans sa complexité,  à ceux qui croient au ciel, comme à ceux qui n’y croient pas, à ceux qui croient à la fois à la solidarité et à la lutte qu’elle impose.. Pour cela il faudra rassembler sans limite tous les oubliés des richesses, tous les exclus de la prospérité et ils sont le plus grand nombre. Mais il y faudra encore et toujours l’engagement des hommes, ici et maintenant.
Quant au rôle de l’église catholique, la réponse est peut-être dans les monuments d’Assise. 
A Assise, la Basilique Sainte Marie des Anges, a été construite  autour d’une toute petite cabane-chapelle où Saint François priait.  La petite chapelle, toute pauvre et toute modeste a été préservée, et elle est là toute incongrue,  au cœur de l’immense nef de l’église.  Il fonda là le premier couvent franciscain voué à la pauvreté évangélique. Mais les dimensions et les richesses de la basilique qui entourent la petite chapelle semblent comme en étouffer la portée symbolique. L’église d’aujourd’hui aura-t-elle l’ambition d’être du côté de ceux qui n’ont rien ou pas grand-chose ? Le pontificat de François devrait nous apporter une  réponse.
Jean-Marie PHILIBERT.

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