Turbulences et dérive
De
grosses turbulences la semaine dernière dans les eaux agités et troubles du
pognon, du pouvoir, de la politique et
accessoirement de la morale : c’est d’abord le Ministre du Budget, Jérôme
Cahuzac, qui se voit contraint à la démission,
à la suite de l’ouverture par le parquet d’une information judiciaire le
visant pour « blanchiment de fraude fiscale. » Depuis plusieurs mois
des accusations étaient portées par le
site Médiapart contre le Ministre qui jusque-là les avait toujours récusées.
Il aurait…
Sans
préjuger de ce que sera la décision finale de la justice, (il faut toujours rappeler que nous vivons
dans un état de droit où la présomption d’innocence est un principe
intangible), il faut croire que les charges qui pèsent sur lui sont
suffisamment conséquentes pour que la justice cherche à en savoir davantage. Il
aurait (conditionnel) eu un compte en Suisse et aurait perçu des avantages
venus de laboratoires pharmaceutiques. La rumeur lui prête une grande fortune.
Ses quelques mois de ministre lui avaient permis de faire la démonstration de
ses talents d’orateur, mais aussi d’homme de pouvoir, n’hésitant pas à imposer
à ses petits copains des différents ministères des coupes sombres dans leur
budget au nom de la sacro-sainte dette à éponger.
Des dégâts dans l’opinion
publique.
La
superbe du ministre était à la hauteur de sa rigidité budgétaire, et les choses
devaient aller en s’accélérant puisque le budget 2014 en préparation devait
être encore plus drastique que le précédent. Un des hommes « forts »
du gouvernement à cause de la pression médiatique passe ainsi à la trappe.
Grandeur et misère de la vie politique. Mais au-delà des états d’âme des ministres
ainsi secoués, ce qui me semble plus grave c’est l’effet produit sur une
opinion publique qui est remplie de prévention contre le personnel
politique et qui est toujours très proche du « tous pourris » :
cela fait les beaux jours du Front national. Comment garder une image positive
de la politique quand celui qui est en charge d’imposer rigueur financière aux
autres, augmentation des impôts, blocage
des salaires, et austérité accrue au
plus grand nombre donne le sentiment qu’il n’y a pas de plus grande morale que
de s’en mettre plein les fouilles. Les valeurs de justice, d’égalité, de
solidarité (qui devraient être au cœur de l’action politique) en prennent un
sacré coup sur la casaque. Hollande pourra toujours après cela gloser sur une
politique de gauche… Glose, glose toujours, tu m’intéresses…
Un autre patate chaude.
Et
la patate Cahuzac est encore toute chaude qu’il nous en tombe une autre dans
les mains qui ne peut, elle aussi, que faire des dégâts au moins aussi
conséquents : c’est l’ancien président de la république qui lui est mis en
examen par un juge Gentil dans l’affaire Bettencourt. Il aurait (conditionnel
aussi) profité des largesses de la riche patronne. Cette mise en examen fait
hurler les responsables de l’UMP pour lesquels l’expression « indépendance
de la justice » semble appartenir à une langue totalement inconnue et qui
jurent leurs grands dieux que l’argent de Mme Bettencourt, ils sont bien
au-dessus de tout ça. Glose, glose, toujours… Le citoyen moyen, l’électeur de
base, l’observateur attentif de la vie politique sont pris pour des zozos.
L’intelligence
politique et la conscience morale sont-elles condamnées à ne pas pouvoir vivre
ensemble ? Cette dérive nous mine,
c’est un combat moral et politique que de la combattre: il concerne tous les
citoyens.
Jean-Marie
PHILIBERT.
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