De la littérature...
Marcela Iacub… Ce nom ne vous dit rien… Mais oui ! Faites
un effort : ces derniers jours vous en avez immanquablement entendu
parler. De sa liaison ces derniers mois avec DSK, et du livre qu’elle en a fait ;
il porte le titre de « Belle et bête ». Tout un programme ! Mais dans le livre
DSK n’est jamais nommé, il est l’amant
qualifié d’ « être double, mi-homme, mi-cochon », elle y narre
par le menu, paraît-il, je n’ai pas eu l’honneur (c’est vraiment une façon de
parler) de lire le livre qui n’est pas encore officiellement sorti. Le Nouvel
Obs en a fait son scoop, en a publié des extraits… et a accompagné le tout d’une
interview de l’auteure qui avoue qu’il s’agit bien de DSK dont elle
aurait été la victime consentante, amoureuse, mais peut-être pas si innocente
que ça puisque prête à faire quelques sous en écrivant un livre qui fait
scandale. Pourquoi s’en priver ?
Ramassons.
Les temps sont durs pour tout le monde et l’argent n’a pas
d’odeur. Dans l’opération elle ne sera pas la seule à ramasser : le Nouvel
Obs a multiplié ses ventes, l’éditeur a augmenté les tirages et même DSK a
obtenu des dommages et intérêts de la part du Nouvel Obs pour atteinte à sa vie
pas si privée que ça. Tout le monde est content au royaume du pognon sans vergogne.
Comme disait ma mémé : « Tout est bon dans le cochon, on ne
regrette jamais de s’en rassasier… ». Et si la morale des journalistes,
des éditeurs, des auteurs, si la morale tout court, est un peu bousculée, on
pourra mettre en avant que tout cela n’est pas vraiment sérieux, que l’on est
plus dans la fiction que dans la réalité, dans la métaphore porcine que dans le
documentaire animalier. La littérature
serait la justification ultime.
En pleurer ?
En rire ?
Faut-il en rire ? En pleurer ? Je ne sais plus. Je
sais cependant que venant de la part d’une certaine presse, de gauche
(paraît-il), qui se répand en, leçon d’engagement citoyen donnée à son
lectorat, la démarche peut avoir de quoi surprendre ceux-là qui la prennent au
sérieux. Mais la parade est toute trouvée : ce n’est pas du racolage, du
voyeurisme, ce n’est pas le plaisir malsain qu’il y a à se barbouiller de toute
la boue des caniveaux du monde ; c’est de la littérature, voyons. Nous
serions face à une oeuvre littéraire de tout premier ordre dans la lignée des
autofictions qui occupent actuellement les tables des libraires. Christine
Angot s’en étrangle. Baudelaire dans sa tombe s’est-il retourné ? Aragon,
l'auteur du "Mentir Vrai" se gondole de rire. Il paraît que Dédé la
Saumure, un spécialiste, fait parti des rares à reconnaître la valeur
littéraire de l’ouvrage. .Mais tous ceux qui connaissent du livre plus que les
bonnes pages publiées restent affligés de tant de médiocrité.
La littérature en a vu d’autres : elle sait bien qu’il
est à la portée du premier imbécile venu de qualifier de littéraire ce qu’il
veut. La littérature est bien placée pour dire que la création se nourrit d’incertitudes, de recherches, de nouveautés,
d’invention en décalage par rapport à la morale dominante. Mais il ne suffit
pas de s’asseoir sur la morale et de rechercher le tapage pour faire œuvre
littéraire.
L'argent et la
morale.
Ici la vulgarité rejoint la platitude dans une opération de
communication de bas étage, comme notre époque en est friande. Et en plus, ça
pue ! Vous pensez ! C’est tout
bénef pour tous ceux qui veulent nous entraîner très loin des sujets qui fâchent.
C’est emblématique d’une société en crise dont les dominants ne sont pas
mécontents de perturber le système de valeur. C’est une occasion de plus de
montrer que l’argent est plus fort que toutes les références morales réunies. Certains
rêvent de voir en marche la décadence de notre société avec derrière la tête
l’ambition de réduire à néant toute aspiration au changement. Ils trouveront
tous les relais possibles, mais ils se casseront peut-être les dents sur des
femmes et des hommes qui aiment la vie, le progrès, la justice et la vraie
littérature.
Jean-Marie PHILIBERT.
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