les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mercredi 6 mars 2013

littéraire ?



De la littérature...
Marcela Iacub… Ce nom ne vous dit rien… Mais oui ! Faites un effort : ces derniers jours vous en avez immanquablement entendu parler. De sa liaison ces derniers mois avec DSK, et du livre qu’elle en a fait ; il porte le titre de « Belle et bête ».  Tout un programme ! Mais dans le livre DSK  n’est jamais nommé, il est l’amant qualifié d’ « être double, mi-homme, mi-cochon », elle y narre par le menu, paraît-il, je n’ai pas eu l’honneur (c’est vraiment une façon de parler) de lire le livre qui n’est pas encore officiellement sorti. Le Nouvel Obs en a fait son scoop, en a publié des extraits… et a accompagné le tout d’une interview  de l’auteure  qui avoue qu’il s’agit bien de DSK dont elle aurait été la victime consentante, amoureuse, mais peut-être pas si innocente que ça puisque prête à faire quelques sous en écrivant un livre qui fait scandale. Pourquoi s’en priver ?
Ramassons.
Les temps sont durs pour tout le monde et l’argent n’a pas d’odeur. Dans l’opération elle ne sera pas la seule à ramasser : le Nouvel Obs a multiplié ses ventes, l’éditeur a augmenté les tirages et même DSK a obtenu des dommages et intérêts de la part du Nouvel Obs pour atteinte à sa vie pas si privée que ça. Tout le monde est content au royaume du pognon sans vergogne. Comme disait ma mémé : «  Tout est bon dans le cochon, on ne regrette jamais de s’en rassasier… ». Et si la morale des journalistes, des éditeurs, des auteurs, si la morale tout court, est un peu bousculée, on pourra mettre en avant que tout cela n’est pas vraiment sérieux, que l’on est plus dans la fiction que dans la réalité, dans la métaphore porcine que dans le documentaire animalier.  La littérature serait la justification ultime.
En pleurer ? En rire ?
Faut-il en rire ? En pleurer ? Je ne sais plus. Je sais cependant que venant de la part d’une certaine presse, de gauche (paraît-il), qui  se répand  en, leçon d’engagement citoyen donnée à son lectorat, la démarche peut avoir de quoi surprendre ceux-là qui la prennent au sérieux. Mais la parade est toute trouvée : ce n’est pas du racolage, du voyeurisme, ce n’est pas le plaisir malsain qu’il y a à se barbouiller de toute la boue des caniveaux du monde ; c’est de la littérature, voyons. Nous serions face à une oeuvre littéraire de tout premier ordre dans la lignée des autofictions qui occupent actuellement les tables des libraires. Christine Angot s’en étrangle. Baudelaire dans sa tombe s’est-il retourné ? Aragon, l'auteur du "Mentir Vrai" se gondole de rire. Il paraît que Dédé la Saumure, un spécialiste, fait parti des rares à reconnaître la valeur littéraire de l’ouvrage. .Mais tous ceux qui connaissent du livre plus que les bonnes pages publiées restent affligés de tant de médiocrité.
La littérature en a vu d’autres : elle sait bien qu’il est à la portée du premier imbécile venu de qualifier de littéraire ce qu’il veut. La littérature est bien placée pour dire que la création se nourrit  d’incertitudes, de recherches, de nouveautés, d’invention en décalage par rapport à la morale dominante. Mais il ne suffit pas de s’asseoir sur la morale et de rechercher le tapage pour faire œuvre littéraire.
L'argent et la morale.
Ici la vulgarité rejoint la platitude dans une opération de communication de bas étage, comme notre époque en est friande. Et en plus, ça pue !  Vous pensez ! C’est tout bénef pour tous ceux qui veulent nous entraîner très loin des sujets qui fâchent. C’est emblématique d’une société en crise dont les dominants ne sont pas mécontents de perturber le système de valeur. C’est une occasion de plus de montrer que l’argent est plus fort que toutes les références morales réunies. Certains rêvent de voir en marche la décadence de notre société avec derrière la tête l’ambition de réduire à néant toute aspiration au changement. Ils trouveront tous les relais possibles, mais ils se casseront peut-être les dents sur des femmes et des hommes qui aiment la vie, le progrès, la justice et la vraie littérature.
Jean-Marie PHILIBERT.

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