les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

jeudi 11 avril 2013

la vraie vie



La vraie vie !

Cathy.
Cathy, vous êtes une jeune lycéenne perpignanaise, travaillant sérieusement parce que vous savez que vos parents ne sont pas démesurément riches, et qu’ils sont prêts à faire des sacrifices pour vous aider à poursuivre des études. Le soir vous pensez  à Jonathan qui est très gentil avec vous : il serait même un peu amoureux. Et vous vous endormez en imaginant ce que pourrait être la vie avec Jonathan : vous savez qu’elle ne sera pas facile. Le chômage, la précarité vous en entendez parler, vous les voyez autour de vous. Mais cela ne détruit pas votre optimisme naturel, votre soif de vivre et de tout faire pour vivre heureuse au milieu de gens que vous aimez…
Alfred
Alfred, vous travaillez depuis plus de quinze ans dans cette entreprise pour un salaire bien modeste, mais qui vous a quand même permis de nourrir votre famille ; les heures de ménage que votre femme fait sans être déclarée vous aident bien, en particulier à financer quelques extras, modestes certes, mais bien agréables. Vous avez entendu la rumeur qui gronde : l’entreprise a du plomb dans l’aile, les commandes ont diminué et les banques se font tirer l’oreille pour autoriser des découverts.  Certains ont même dit que les salaires de mars ne pourraient pas être payés…
Fernand.
Fernand, vous êtes à la retraite depuis trois mois, vous auriez bien aimé la prendre plus tôt, mais Fillon, Sarkozy sont passés par là et pour toucher quatre sous de plus vous avez travaillé jusqu’à 63 ans et demi dans ce grand magasin où il fallait lécher les bottes du patron pour obtenir ce qui vous était dû. Vous savez que votre pension sera bien riquiqui, mais vous vous êtes fait une raison : vous ferez des travaux de bricolage pour les voisins et puis vos besoins sont modestes et vos enfants sont casés.
Vous croyez que tout ça, c’est la vie, la vraie, la vraie vie, et bien vous vous gourez complétement. La vie des gens modestes, la vie de Cathy, d’Alfred, de Fernand, la vraie vie ? Mais vous voulez rire. La vie sans des tonnes de pognon, la vraie vie ?  Mais c’est un scandale de penser cela ! Dans quel monde vous vivez ?
La vraie vie est ailleurs, et là elle n’a rien de poétique ! La vraie vie, pour tous ceux dont ne cessent de parler les idéologues de service chargés de nous bourrer le crâne, elle est du côté de l’argent, et sa vérité sera proportionnelle à vos comptes en banques suisses ou offshore. N’est-ce pas Jérôme ? Tu as tout compris, toi !
Et Jérôme.
Observons bien Jérôme ! Pour être dans la vraie vie, il faut d’abord, de la superbe, de l’entregent, des amis dans tous les clans, même dans les clans qui puent ( oui, oui il a des amis au FN qui l’ont aidé à placer du pognon en Suisse), une solide assise sociale, un diplôme de chirurgien que l’on fait plus que fructifier, des choix politiques humanistes, donc au PS, bien sûr, des sympathies partagées avec  tous ceux qui ne contestent pas l’ordre établi, (c’est dire que les cocos ne sont pas ses amis) et surtout le goût immodéré du pouvoir et de l’argent qu’il est indispensable de cumuler, d’accumuler,  sans rien dire au fisc. Ce n’est pas parce que Jérôme Cahuzac était ministre du budget  qu’il devait dire la vérité aux impôts. Dans la vraie vie, personne ne dit la vérité au fisc, voyons !
 Ainsi guidé par ta bonne étoile, tu fus dans le gouvernement Ayrault l’homme de la situation. Celui qui dicte aux ministres les coupes sombres à faire dans les budgets, celui qui impose au bon peuple qui n’en peut mais, la rigueur et l’austérité. Pendant ce temps ton compte en Suisse faisait des petits et tu nous disais les yeux dans les yeux que ceux qui disaient que tu avais du pognon caché étaient d’odieux menteurs, que tu étais plus blanc que neige. Vive la vie ! Vive la morale ! Tout le monde (pardon tous tes petits copains) te trouvait toutes les vertus du monde. Vertu, c’est vraiment le mot qu’il faut !
Parce que toutes ces misères qu’on te fait maintenant, ce n’est qu’une simple affaire de morale, une petite erreur personnelle, un moment d’égarement et comme tu as avoué, penaud, tu dois être pardonné et tes turpitudes doivent être oubliées. Une petite confession, une petite contrition et une grosse absolution. Quelques petites lois,  une fâcherie de François, et tout pourra recommencer comme avant dans la vraie vie. Celle des injustices, des inégalités, du droit bafoué, de la morgue affichée… Une vraie vie de m…
Il serait temps de la purger.
Jean-Marie PHILIBERT.

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