Le mouvement social… Vite !
C’est
aujourd’hui vendredi, vendredi saint, comme disait ma mémé, profondément
croyante et pour qui le vendredi saint était un jour sinistre, puisque c’était celui de la mort du Christ, venu
sauver les hommes et tellement incompris qu’ils l’ont mis sur la croix.
Et en ce
vendredi saint 2013, à écouter tous les commentateurs qui occupent les ondes et
le petit écran plat, il y a un autre
grand incompris. C’est François, le pédagogue, celui qui hier est venu nous
expliquer longuement qu’il tenait sereinement le cap, que ses priorités
restaient inchangées, l’emploi et la croissance, qu’il s’était un peu trompé,
mais pas trop, que la crise durera plus longtemps que prévu, et qu’il fallait
attendre, fin 2013, ou 2014, ou la saint glin-glin.
Que des mauvaises nouvelles.
En dehors de
ces vœux pieux et des phrases ronflantes, que des mauvaises nouvelles :
les impôts, quoi qu’il en dise, vont augmenter puisque qu’on n’a pas modifié
les barèmes, les retraites vont voir des
durées de cotisations plus longues, les allocations familiales vont être revues
à la baisse pour certains, l’accord
minoritaire sur la flexibilité (l’ANI) va devenir force de loi… Et on dit merci qui ?
Le pédagogue
est très mauvais, et l’argument de la pédagogie repris par tous les
journalistes, c’est du pipeau (tous les pédagogues conséquents vous diront que
la pédagogie quand elle est mise en
avant de façon ostensible vise avant tout à camoufler le vide du discours). La
chute dans l’opinion va se poursuivre, inexorable,et les Français qui avaient
espéré un changement après Sarkozy auront le sentiment d’être couillonnés.
La
souffrance sociale, les pertes de pouvoir d’achat, l’inquiétude du chômage, les
vicissitudes de la précarité, le sentiment d’un monde injuste et inhumain, la
galère quotidienne resteront ce qu’ils sont, toujours aussi inacceptables dans
un pays riche, développé, qui en d’autres temps a su affronter des défis au
moins aussi sérieux. D’autant plus inacceptables que se joue, en coulisse, une modification en profondeur des modèles
qui ont fait notre histoire, en particulier le modèle social. Les protections
construites, acquises, gagnées dans les luttes contre la maladie, la vieillesse,
le chômage, les aléas familiaux, contre l’arbitraire, contre l’exploitation,
ces protections sont progressivement remises en cause, attaquées, et détruites.
Le code du travail risque de devenir un champ de ruines. La question des
retraites est emblématique, on vit plus longtemps, il faut donc cotiser plus
longtemps. Elémentaire, non ? Le progrès que pourrait constituer du temps
ainsi libéré après une vie de labeur : à la trappe !
Imparable ?
Avec à la
manœuvre quelques stratèges (ils peuvent parfois même se prétendre de gauche et
même socialistes) qui vont tenter de nous convaincre que tout cela est
imparable, que la lutte c’est du passé, qu’il faut pour être de notre temps
nous adapter à un monde qui change et perdre tout espoir de voir s’améliorer
notre situation. C’est le monde du « No future » et
du « ferme ta gueule » !
Dans ce
scénario catastrophe, il y a une inconnue et elle est dans nos mains, dans nos
consciences, dans nos aspirations, c’est le mouvement social pour dire que la
coupe est pleine, que le changement est non seulement souhaitable, mais
possible, et qu’il sera d’autant plus conséquent qu’il se fera sur du concret,
du tangible, du réel, que ce qui se joue là ce sont nos vies, celles de nos
enfants, de nos villages, de nos villes.
Mais le
mouvement social, c’est tout sauf de la pure spontanéité, (foi de
syndicaliste !), c’est de l’engagement collectif, de la discussion sans
concession, de l’organisation multiforme, de la détermination, de la
solidarité, de l’unité, c’est du syndicalisme à forte dose, mais pas n’importe
lequel. C’est un horizon politique. Et pas n’importe lequel
Mais c’’est
aussi des moments difficiles, des interrogations, quelques lâcheurs, quelques
pécheurs en eaux troubles aussi, des tièdes, des sans illusion. Actuellement il
semble un peu éteint, il ne tient qu’à nous de le ranimer. Sans attendre !
Le mouvement
social, vite ! Il se travaille. Il se construit. Jamais tout seul. Nous le
travaillons, nous le construisons. Souvent dans la peine et la difficulté, mais
aussi et surtout dans l’espoir de plus d’humanité.
Certes, ce n’est pas le monde des bisounours,
il est dans la violence du monde réel. Mais il est avant tout fait de notre
ambition d’en finir avec ce qui nous aliène. Et il est plus que temps.
Jean-Marie
PHILIBERT.
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