LE REMEDE
D’habitude j’ai une chance énorme par rapport à mes petits
copains et petites copines du comité de rédaction : eux ils font dans le
sujet imposé, « Tu feras la manif de mardi… Tu couvriras la conférence de presse de
Tartempion … Tu t’occuperas de la page spéciale sur Finestret … Tu feras bien
un peu la culture, mais oui, il n’y a personne d’autres que toi pour s’en
charger… » Pendant ce temps je vagabonde au gré de mes humeurs : je
reconnais qu’il y a une profonde inégalité dans la rédaction du T.C. Sans doute
pour y mettre une fin, que j’espère provisoire,
ne voilà-t-il pas que profitant de la journée des assises sur le Travailleur
Catalan du 20 avril, avec toutes sortes de grandes pointures, on m’impose un
sujet, la presse.
Et d’abord un premier mouvement d’humeur sur le terme
« assises », comme si au T.C. on était du genre « assis ».
C’est vrai qu’ « assis », c’est moins pire que couché (comme
beaucoup dans la grande presse aujourd’hui), mais au T.C. on est plutôt du
genre debout et rassemblé. Cette presse-là, engagée et progressiste, en défriserait même quelques-uns, des penseurs
BCBG de la presse momolle, mais très donneuse de leçons (de résignation).
Les affaires multiples
qui nous assaillent lui en fournissent l’occasion.
Des affaires
(qui rapportent).
Avec l’affaire Cahuzac et la kyrielle de séquelles qui semble
y être attachée, la presse fait la une de la presse. Sa capacité à sortir,
comme on dit, des « affaires »
semble la partie la plus visible de son activité aujourd’hui ; mais n’est-ce pas l’écume des choses ? Il est de plus en
plus nécessaire et urgent que les citoyens s’interrogent sur ce qu’elle doit
être, sur ce qu’elle doit dire, sur le rôle qui doit être le sien dans une
démocratie, et sur les dérives dans lesquelles elle semble se laisser emporter
sans résistance pour des raisons politiques et financières.
Ce quatrième pouvoir, comme disent les spécialistes, est
essentiel à la démocratie : le citoyen a besoin, pour choisir, de toute
l’information, il a besoin de savoir et de comprendre pour se forger sa propre
opinion. Connaître les faits, être en mesure de les analyser, de les relier
entre eux, d’en voir les soubassements, les causes et les effets, d’en
comprendre le ou les sens et mesurer leur retombées dans le quotidien :
c’est une tâche énorme parce que les domaines des faits sont quasiment infinis,
de l’ultra local qui peut avoir son intérêt, au global le plus global qui nous
touche de plus en plus. De Finestret à Wall Street !
Comprendre ? Certes ! Mais la presse m’aide-t-elle
vraiment à comprendre ?
Les adeptes
du désordre dominant.
Telle radio, qui s’est fait de l’info en continu une
spécialité, qui répète à satiété tous les quarts d’heure la même information,
réduite à sa plus simple expression, sans donner les éléments qui permettraient
d’en voir les tenants et les aboutissants, et qui passe à la vitesse grand V
d’une info à une autre, pour que l’auditeur reste accroché à l’antenne. Parce que
le souci de l’audience est primordial. Et l’audience passe bien avant la
compréhension d’un monde, qui est bien opaque, mon bon monsieur. Pour cette presse-là, il doit le rester
opaque et le plus longtemps possible. Ça
arrange tous les adeptes du désordre dominant.
Devant nos écrans, laissons-nous alors distraire par le choc
des mots et l’impact des images présentés par des gens très propres sur eux,
qui parlent et présentent bien, qui savent, eux, parce qu’ils fréquentent tous
les pouvoirs et tous les puissants. Ils nous en amènent même sur le plateau des
journaux télévisés de ces puissants d’un jour qui viennent le plus souvent nous
dire qu’ils n’ont pas grand-chose à dire. Il paraîtrait même que beaucoup
d’initiatives politiques sont programmées par des conseillers en communication
surpuissants pour passer dans une mise en scène convenu au grand JT de 20 H.
Nous sommes dans la politique-spectacle et de plus en plus loin de la
compréhension du monde.
C’est à ce prix que l’on standardise les esprits, que l’on
endort les consciences, que l’on enterre les volontés de changement. Les
presses radiophoniques, télévisées et écrites (dans leur énorme majorité)
participent de cette entreprise. Et le mot « entreprise » est à
prendre ici dans tous ses sens, y compris et surtout, dans celui que le MEDEF lui donne, une
machine à produire et à produire du fric, sur notre dos ! En nous invitant
à acheter, à consommer, un produit qui
participe de notre aliénation.
Y a-t-il un remède Docteur ?
Mais oui, bien sûr, une forte dose d’esprit critique, une
volonté inébranlable d’en finir avec l’injustice du monde et une lecture
régulière de la presse progressiste, le Travailleur Catalan est un bon produit.
Il a fait ses preuves.
Jean-Marie PHILIBERT.
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