les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

jeudi 5 septembre 2013

l'unité



Questions sur l’unité
Entre Paul Laurent et Jean-Luc Mélenchon, il y a eu la semaine dernière comme de l’eau dans le gaz : aux journées organisées par le Front de gauche à Hyères quelques petites phrases ont fait l’actualité pour les commentateurs politiques patentés. Je ne reviendrai pas sur ce qui a été dit, d’autres le font dans ce journal. Il n’y a pas de quoi en faire tout un fromage, je crois, mais je pense qu’il faut saisir cette occasion pour traiter d’une question importante pour l’action politique et sociale : la question de l’unité et accessoirement celle de l’efficacité et donc de la conquête du pouvoir.
En prise avec le peuple dans sa diversité…
Pour avancer dans ces domaines, il n’y a pas d’autres moyens, dans une démocratie, que d’être porté et soutenu par des esprits brillants certes, mais surtout par de nombreux, très nombreux citoyens, de tout âge et de toute condition qui vont se reconnaître dans la démarche que vous tentez d’impulser. Il est vrai qu’une solide organisation politique peut faciliter la manœuvre, mais si elle est sans prise avec le peuple dans sa diversité, le résultat ne sera pas brillant.
D’où la quête de l’unité, la recherche du rassemblement, la construction des convergences, pour peser le plus possible. Cette exigence est encore plus importante quand, comme au Front de Gauche, on a l’ambition de transformer la société en s’attaquant aux rois de la finance et à leurs valets qui font leurs choux gras de nos misères. Cela suppose de ne pas être seulement spectateur, et de ne pas limiter son action politique à la gestion des affaires courantes et à la promenade en pédalo.
Une démarche crédible
Les présidentielles de 2012 et le bon score réalisé dans le cadre du Front de Gauche ont permis de remettre la gauche de la gauche dans le jeu politique et de rendre crédible une démarche politique progressiste qui était et reste sans illusion sur les capacités du PS à s’attaquer à la toute-puissance des capitalistes (plus d’un an d’Hollande en  a apporté une confirmation). Il s’agissait de créer un pôle de radicalité susceptible de servir de points d’appui à des changements politiques majeurs. C’est ce qu’exprimaient les meetings de Mélenchon, du PC, du PG, du Front de gauche, et de tous ceux qui s’y agglutinaient. Parce qu’il y a eu attractivité, unité, engagement collectif, même si les résultats ont peut-être été en deçà de nos espérances.
Le paysage politique n’avait pas fondamentalement changé : il avait bougé … parce qu’il y avait eu rassemblement, au sommet, comme dans l’électorat ; un rassemblement où chacun reste ce qu’il est, mais où on se retrouve pour faire front. Et dieu ou Marx ( rayez la mention qui vous dérange) sait que c’est nécessaire parce qu’il y a une vraie souffrance sociale, faite de chômage, d’exclusion, de précarité, de recours aux expédients de toutes sortes pour s’en sortir, le tout « agrémenté » d’une politique économique qui en rajoute une couche dans l’austérité au nom d’impératifs qui ont dans leur nature de nous dépasser encore et toujours, du moins tente-t-on de nous le faire croire. Notre seule satisfaction, c’est de n’être ni Grecs, ni Espagnols, ni Portugais qui sont confrontés au plus pire avec la bénédiction de l’Europe et du FMI.
Tout changer…
Il n’est pas étonnant que, dans ce contexte-là, ceux qui avaient envie de tout changer, aient encore envie de le faire et qu’ils cherchent à s’en donner les moyens. Par exemple en se battant contre des projets sociaux du gouvernement qui remettent en cause le droit à la retraite : ce sera dès le 10 septembre. Par exemple aussi en préparant les prochaines échéances électorales, les municipales : les communes peuvent aussi être des espaces où se réinvente le social, où s’enrichit la démocratie, où se construit un petit peu (soyons modestes) un monde plus juste.
Grande question d’actualité au cœur de la bisbille Laurent-Mélenchon : comment et avec qui ? Le degré d’attractivité du Front de Gauche est-il tel qu’il lui permette de renverser la montagne réactionnaire qui se nourrit de beaucoup de désespérance ? Peut-il seul conquérir ces espaces nouveaux dont nous avons besoin ? Doit-il faire comme si des stratégies unitaires à gauche, dans les communes, n’étaient pas en place depuis des lustres qui avaient donné des résultats non négligeables ? Où commencent les alliances présentables ? N’y a-t-il à gauche que la gauche de la gauche ? Peut-on faire l’économie de laisser des progressistes sincères qui désirent s’engager en dehors de nos démarches ? Est-on définitivement soumis à la loi du socialisme du pédalo. N’y a-t-il pas des batailles à mener au sein même de ces rassemblements de tous ceux qui aspirent à des changements ? La personnalité attachante de Mélenchon, son verbe haut et percutant, l’impatience de son parti, le parti de gauche, suffisent-ils à faire une politique ? Les contradictions sont nombreuses,  (la dialectique, camarades !), ne schématisons pas. Nous ne sommes pas seuls à être totalement insatisfaits d’un monde injuste et inhumain ; nous ne sommes pas seuls à savoir que nous ne  nous en débarrasserons pas en un soir (fût-il grand).
Serons-nous capables de nous rassembler, sans hésiter et sans œillères, avec tous ceux qui  veulent sincèrement remettre ce monde sur ses pattes ? Il n’y a pas d’autres voies possibles. Sinon d’avoir la nostalgie des voies de garage.
Jean-Marie PHILIBERT

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