Les
irréductibles.
Ainsi donc nous sommes espionnés, et pas qu’un peu, du soir
au matin, et du matin au soir, n’importe qui, n’importe où, des millions et des
millions de communications téléphoniques interceptées en quelques mois…et pas
par la Stasi, pas par le KGB ( tu retardes ), non par les Américains des
States. Ils veulent tout savoir : les pensées secrètes d’Hollande, la
fiabilité des banques françaises, les déchirements de la droite hexagonale et,
plus modestement peut-être, le contenu du prochain TC. Il a fallu le courage de
Snowden consultant de la National Security Agency pour cracher dans la soupe et
dévoiler l’ampleur de la surveillance électronique pratiquée par les Etats
Unis. Big Brother et ses grandes oreilles seraient partout. Impossible d’y
échapper !
Ne pas
laisser percer nos secrets.
Eh bien non ! Il
existe à l’extrême sud de la France un département d’irréductibles catalans qui ont décidé de ne pas laisser
faire, ils ne veulent pas laisser percer les secrets de leur culture, ils ne
veulent pas laisser galvauder la magnificence de leur gastronomie, ils ne
veulent pas se laisser voler la moindre parcelle de leur liberté, de leur
originalité, de leur personnalité. Imaginez par exemple, le séisme culturel que représenterait la
divulgation internationale des recettes des boles de picoulats et de la
cargolade.
Le TC fidèle à son attachement indéfectible à la
liberté-de-pensée-comme-on-veut a décidé de lancer la contre-offensive :
il faut réinventer les bonnes et
vieilles recettes pour préserver nos secrets et faire en sorte que les grandes
oreilles ne puissent rien comprendre de ce qu’elles entendent.
Les
Français parlent aux Français.
Règle numéro un : ne communiquer qu’en langage codé,
oui, vous savez, du style, les Français parlent aux Français, « le
chou-fleur est dans la marmite, je répète, le chou-fleur est dans la
marmite ».
Je vous propose un florilège de phrases ultra-locales
susceptibles de vous aider à communiquer vos impressions, vos sentiments, vos
attentes… sans dévoiler votre intimité la plus intime aux amerlocs, mais
en disant quand même l’essentiel :
« -le fromage de Hollande sent le rance, ce n’est pas comme le fromaget
de chez nous, je répète, ce n’est pas comme le fromaget de chez nous…
-les cargols de droite sont plus racistes que les cargols de
gauche…
-la gare de Perpignan est au centre du monde, comme le nez
est au milieu de la figure...
-pourquoi la misère du peuple est-elle ici proportionnelle à
l’autosatisfaction des certains élus ?
Je répète
-il est illusoire de chercher un subterfuge dans la
palinodie, je répète, il est illusoire de chercher un subterfuge dans la
palinodie…
-la réforme des retraites n’est pas si éloignée que ça du
retrait de la réforme, je répète, du retrait de la réforme…
-des milliers de précaires, des milliers de chômeurs, des
jeunes en déshérence et des vieux sans le sou, ça peut faire boum, je répète,
ça peut faire boum !
-qui nous a mis dans cette panade ?
-je fais semblant de dire n’importe quoi, je répète, je fais
semblant de dire n’importe quoi ! »
Le langage codé suffira-t-il pour échapper aux mailles du filet ? Je ne sais ! D’autant qu’on annonce, avec l’approche des
élections municipales, l’arrivée dans le ciel catalan d’une escadrille de
drones ou de drôles (je n’ai pas bien entendu), de droite, mais peut-être aussi
d’ailleurs, venus brouiller les pistes et nous inciter à mettre notre destin
dans d’autres mains que les nôtres.
Ultime message :
« Il est grand temps de ne plus se laisser mettre, je
répète, de ne plus se laisser mettre »
Jean-Marie PHILIBERT.
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