« Plomber
et déplomber »
Il est fréquent d’entendre un constat qui a sans doute un
fond de vérité : il est fait le plus souvent par des gens qui le déplorent
et qui le vivent comme une dérive néfaste pour tous ceux qui aspirent à une
société plus progressiste. La société
française glisse progressivement mais sûrement de plus en plus à droite ;
le phénomène n’est pas absolument nouveau, mais les indices tendent à se
multiplier. Et les victoires électorales du parti socialiste (ils dirigent le
plus grand nombre de départements, la quasi-totalité des régions, ils sont
majoritaires au Parlement, le chef de l’état appartient à ce parti) semblent
être sans effet sur cette évolution.
Des signes
concordants.
Les signes sont concordants : l’extrême-droite, certes
avec l’aide de média complaisants, ne
cesse de croître et de proliférer, le racisme ambiant dont elle se nourrit
n’est pas en voie de se calmer, la droite classique n’hésite plus à montrer son
attirance pour le discours du FN et pourrait donner le sentiment qu’elle
prépare les esprits à des rapprochements impensables il y a quelques années, un
ministre de l’intérieur socialiste tient à l’égard des sans-papiers et des
roms des discours caricaturaux qui visent l’exclusion de l’étranger et qui
plaisent à droite.
Ce qui peut se lire en France en ce moment sur le drame de
Lampedusa qui a fait des centaines de
morts et de disparus parmi les Africains qui tentaient de passer en Europe
clandestinement est à l’opposé de ce qu’exprime l’Italie, ici des discours
techniques sur les moyens d’arrêter ces immigrations sauvages, là-bas une société bouleversée par l’ampleur du
drame.
Aux abonnés absents.
Et la gauche alors : elle est où ? Aux abonnés
absents ? Les valeurs qu’elle est censée promouvoir paraissent souvent
bien empoussiérées ? Les promesses faites par le parti socialiste au
moment des élections ont sombré corps et biens. La remise en cause des
injustices, l’enrichissement de la démocratie, la promotion des droits sociaux,
le renforcement des protections sociales passées à la moulinette, l’éventualité
de changements sociaux progressistes sont des vestiges d’aspirations de gauche
qui ne seraient plus au goût du jour. Ce qui n’empêche pas les stratèges du PS quand ils en ont besoin,
au beau milieu de leurs discours, d’utiliser
la référence à la gauche, en pensant que le mot suffit à remplacer la
chose, et qu’une belle incantation lyrique les exonèrera de tout geste
significatif, visant à s’attaquer aux difficultés réelles des Français.
Le PS aurait-il « plombé » la gauche ? Je le
crains, je le subodore … et ce n’est pas la première fois. Et ce
« plombage » leur va si bien pour imposer leurs orientations faites
de beaucoup de renoncements, pour donner l’impression qu’ils font ce qu’ils
peuvent, mais qu’ils peuvent si peu. Les contraintes économiques, financières,
internationales, européennes ne sont pas de gauche, elles !
Un bien commun.
Parce que la gauche est le bien commun de tous ceux qui se
reconnaissent dans ses valeurs, nous avons toutes les raisons pour ne pas
laisser faire. D’autant que ces valeurs de gauche sont bien vivantes,
contrairement à ce que tous les manipulateurs d’opinions, à tous les
spécialistes de communication, tentent de nous faire croire, dans les têtes, dans les comportements, dans
les cœurs. Elles sont en lien avec de grands moments de notre histoire, elles
participent des valeurs culturelles qui nous fondent, elles sont constitutives
de notre identité profonde et traversent notre société.
Au moment où se préparent les élections municipales, nous
avons à assumer cet héritage (nous sommes les seuls, à gauche, à pouvoir le
faire avec une certaine efficacité) et à ne pas laisser détruire un peu plus
encore ce qui peut constituer un bon tremplin pour relancer notre marche en
avant. Le progrès, camarades !
C’est l’affaire du plus grand nombre. L’enfermement dans un carré
d’irréductibles me paraît illusoire, même si intellectuellement il a sa
cohérence.
Il serait naïf de croire que, seul, le Front de gauche
pourra être l’artisan de ce changement profond qui suppose une renaissance de
l’espoir à gauche : il y faudra le maximum d’unité avec tous ceux qui
n’ont pas renoncé à changer, il y en a dans toutes les composantes de la gauche
(y compris chez certains qui se réclament du P.S.). Il y faudra le maximum
d’ambition et de clarté sur les objectifs pour éviter les errements cités plus
haut. Il y faudra une démarche largement démocratique qui associe les citoyens
aux choix et à leur mise en œuvre.
C’est à ce prix que l’on « déplombera » la
gauche ! Il y a comme une urgence. La preuve par Brignoles.
Jean-Marie PHILIBERT.
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