Le défi
syndical : reconquérir le social !
Les moments de tension sociale, là où sont en jeu des
conflits majeurs qui renvoient aux valeurs qui fondent notre société, et le
conflit des retraites en fait partie, sont des moments privilégiés pour faire
l’expérience de l’action syndicale. On vit une leçon de choses
« sociale » dont on va tirer les enseignements qui correspondront à
nos attentes, à nos ambitions pour la société qui est la nôtre, en prenant
conscience à la fois de la complexité des problèmes, de la diversité des
réponses possibles, de l’extrême variété des opinions et du caractère limité
des choix qui s’offrent à nous.
Diversité
La diversité du syndicalisme français nous offre toutes ces
palettes de réactions, palettes très diverses
qui, de conflit en conflit, font les beaux jours du patronat et du
gouvernement : ils ont comme premier souci dans la majorité des conflits
de tout faire pour que le front syndical soit le moins uni possible parce
qu’ils connaissent la chanson « El pueblo unido… ». Elle ne leur
plaît pas du tout !
Et chaque organisation syndicale prend souvent aussi soin de
préserver les couleurs de sa palette en montrant que l’on n’est pas tout à fait
comme les autres. Ça permet rarement de
gagner, mais on préserve son fonds de
commerce. Et de plus, de brillants esprits n’arrêtent pas de répéter que
l’éclatement du syndicalisme en de multiples chapelles serait un gage de
démocratie. Qu’ils confondent ainsi et toujours avec autant de persévérance le
syndical et le politique n’étonne pas grand monde. Les seuls à en pâtir ce sont
les travailleurs eux-mêmes qui mesurent chaque jour la difficulté à agir
efficacement quand on n’est pas unis.
Que faire ?
Face à des politiques qui détruisent notre droit social, au
plan national comme européen et même au-delà, qui remettent au cause des pans
entiers de notre histoire sociale, qui n’hésitent pas à tenter de mettre des
peuples à genoux, aujourd’hui en Grèce, demain ailleurs, parce que la Banque
Européenne, le FMI et la Commission européenne
le demandent, qui laissent les jeunesses du monde en déshérence sur le
marché de l’emploi tout en imposant aux plus âgés de travailler de plus en plus
tard, que faire ?
Que dire ? Se lamenter ? Aller à la
pêche ? Enfiler des
perles ? Se diviser un peu plus
encore ? Laisser faire ceux qui savent ? Ou tout simplement agir de
façon opiniâtre, agir sans concession avec le plus grand nombre possible en
posant clairement les enjeux et en donnant à la démocratie syndicale et sociale
toute sa place. Y a-t-il une autre voie pour mettre chacun face à ses
responsabilités ? Les travailleurs savent d’expérience que le « tous
ensemble » aura plus de chance que le « chacun pour soi » pour nous permettre de partir à la reconquête
de ce social qui aujourd’hui fait cruellement défaut.
Le choix
Mais cette démarche-là impose des choix entre différents
niveaux d’exigences ; bien sûr l’action syndicale n’est jamais le domaine
du tout ou rien, ce serait plutôt le lieu de la bataille pied à pied où chaque
pas en avant compte et où il ne faut rien lâcher. Le conflit des retraites en
est l’illustration manifeste ; il y a ceux qui se disent que le pire a été
évité et qui restent à la maison, on les appellera les syndicats du moindre
effort et du peu de conscience, il y a ceux
qui veulent poursuivre la lutte dans des conditions difficiles avec
l’ambition de l’unité, appelons-les les syndicats FAUTQUECACHANGE.
La leçon de
choses.
Une leçon de choses, vous dis-je ! A nous de faire le tri, à nous de rappeler
que les reculs d’aujourd’hui préparent les abandons de demain, que pour nous,
nos enfants on ne peut sous aucun prétexte abandonner des conquêtes sociales
essentielles. En tentant de faire passer une réforme soi-disant light, le parti
socialiste trompe son monde, François Hollande se moque de ceux qui l’ont
élu : ils inventent le progrès à reculons. Le défi syndical est sur le
terrain des retraites, comme sur l’ensemble de la politique sociale de tout faire
pour stopper ces dérives avec toutes les
forces disponibles, le Front de Gauche en fait partie, NATURELLEMENT !
Il n’y a pas
d’alternative si l’on a pour ambition de travailler à la transformation de la
société, ce qui est, je crois, la finalité d’un syndicalisme véritable et
responsable. Une leçon de choses, vous dis-je ! L’avenir du syndicalisme,
comme du social, est entre nos mains.
Jean-Marie PHILIBERT
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