les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

vendredi 25 octobre 2013

léonarda



Léonarda
Y a-t-il un pilote dans le pédalo ? L’expulsion de Léonarda et les conséquences qu’elle va avoir sont en passe de déstabiliser un gouvernement et une majorité qui semblent s’être pris les pieds dans le tapis … et qui n’avaient pas besoin de ce nouvel épisode pour donner l’impression qu’ils avaient …les pieds à côté de leurs …pompes.
Une impasse.
Mais comment ne pas s’être rendu compte plus tôt que tout cela était cousu de fil blanc : un ministre de l’intérieur de « gauche » qui pratique la chasse aux sans-papiers avec la même hargne que ses prédécesseurs de droite et qui est tout fier de ses chiffres d’expulsion, une administration qui, pour cela, n’hésite pas à s’asseoir sur ce que les simples principes d’humanité pourraient lui suggérer, une opinion publique un peu lasse et que l’on a travaillée avec la peur de l’étranger, des média qui ne cessent de chanter les louanges d’un ministre qui est un des rares à ne pas sombrer dans les sondages calamiteux. Cela ne fait pas une politique, mais conduit à une impasse qui met dans la rue des milliers de lycéens et la cacophonie dans la majorité, au gouvernement et au plus haut sommet de l’état.
La force brute du pouvoir.
Comment s’étonner que les lycéens donnent un contenu concret aux savoirs qui leur sont transmis : la philosophie des lumières leur parle de droit, d’égalité, de respect de la personne, de justice et là, en direct presque, sous leurs yeux, on leur donne à voir le contraire, la force brute du pouvoir qui arrête un bus dans une sortie scolaire, malgré l’opposition des enseignants, pour en extraire une de leurs camarades qui a commis le seul délit de ne pas avoir de papiers en règle. Elle est embarquée manu militari et illico presto dans un avion  pour rejoindre un pays qui n’a jamais été le sien et dont elle ne parle pas la langue.  Que la révolte gronde devant un tel gâchis : c’est le contraire qui aurait surpris.
Une grosse bêtise.
Mais le plus grandguignolesque est dans les suites données à ces événements et aux tentatives infructueuses pour se tirer de ce mauvais pas : au gouvernement, des voix discordantes se font entendre, le premier secrétaire du P.S. se rappelle qu’il a dans un autre temps combattu le racisme (SOS racisme, vous vous rappelez, c’était lui), les forces politiques de gauche (la vraie) dont le PCF dénoncent une faute politique, la première dame proteste devant l’expulsion, le ministre de l’intérieur revient en catastrophe de Guadeloupe, une enquête est menée pour dire que les choses se sont passées normalement, quelques maladresses peut-être ont été commises, mais rien de grave, on annonce que le président ne parlera pas, puis on annonce le contraire. Il parle enfin pour dire une grosse bêtise : Léonarda peut revenir, mais toute seule. Il est critiqué de tous côtés, sauf par le ministre de l’intérieur qui oublie de se taire et qui pense que la république serait déstabilisée par le retour des parents de la jeune fille. Fin très provisoire de l’épisode.
Les lycéens sont en vacances, le gouvernement respire, mais la polémique est très vivace, elle laissera des traces. L’école sera peut-être sanctuarisée, mais les dégâts politiques perdureront, et les utilisations politiciennes  des populations immigrées ne cesseront pas tant que nous n’aurons pas  défini collectivement  (il s’agit de tous les pays dits riches) une politique claire et juste (compte tenu de l’hypocrisie et des égoïsmes ambiants cela risque de prendre du temps). Nous n’avons peut-être pas  la capacité de nourrir toute la misère du monde, mais nous avons l’obligation morale de ne pas laisser mourir à nos portes, ou sur nos terres, ceux que l’espoir d’un monde moins pire y a conduits.
Comme bien souvent, la mobilisation de la jeunesse a du sens.
Jean-Marie PHILIBERT.

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