les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mercredi 30 avril 2014

ils les cumulent



CUMULARDS !
Il y a des semaines où il faut vous creuser la tête pour trouver un sujet gai ou triste pour faire passer votre humeur. L’actualité est comme pétrifiée dans une morosité généralisée et comme vous n’avez pas envie de rire de tout, vous cherchez une petite idée qui va vous permettre de dire ce que vous avez sur le cœur sans désespérer le ban et l’arrière ban des lecteurs du Travailleur Catalan. Ces dernières semaines, les résultats des municipales ont plombé l’atmosphère et pourtant ils n’ont rien de surprenant : quand vous semez l’austérité, vous récoltez des gamelles. Le PS en fait l’expérience, mais plus grave, la gauche prend un coup sur la casaque et la gauche de la gauche s’en tire clopin-clopant.
La bande de rigolos ?
Mais la bande de rigolos au pouvoir a vraiment décidé de nous dérider et ces derniers jours les annonces se sont succédé pour bien nous faire comprendre qu’ils n’avaient pas compris le message, que les palais de la république restent hors du monde et qu’on continue comme avant… en pire. Pour cela on remplace le mou-mou Ayrault, par un semblant dur-dur, coqueluche de l’opinion (pourquoi tu tousses ?), Valls, qui nous dit  que le pacte de confiance,  les 50 milliards ponctionnés dans le budget, que les cadeaux au patronat,  que le rognage des droits sociaux, ça continue. Le comportement électoral dit le contraire, mais le pouvoir semble autiste … et même parfois un peu téméraire ou inconscient.
Et les occasions de sujets d’humeur prolifèrent !
Le socialisme : un ornement du discours.
Faut-il une dose de naïveté peu commune à Hollande et à ceux qui le conseillent pour choisir cette période pour aller rendre hommage à Jaurès à Carmaux au moment où il tourne le dos à toute perspective d’orientation, ne serait qu’homéopathiquement, socialiste de sa politique ; dans cette démarche la sottise et la trahison font bon ménage. Il s’est fait huer.  Bien fait ! La référence aux pères fondateurs du socialisme n’est là que pour faire passer la pilule de tous les renoncements, le mot socialisme devient un simple ornement de discours.
Mais quand on sait que l’homme des discours d’Hollande, un certain Aquilino Morelle, préfèrent les pompes de luxe aux mots qui ont du sens, quand on sait qu’on lui doit « je ne serai pas le président de la finance » et qu’on voit la souplesse d’échine du président devant les patrons et donc la finance, quand il donne des leçons de morale, pardon de déontologie, et qu’il n’a pas hésité à fricoter avec les hautes sphères de l’industrie pharmaceutique en tant que haut fonctionnaire du ministère de la santé, on se dit qu’on aurait là un autre sujet de manifester une humeur chagrine. IL s’est fait vider. Bien fait !
Gloser et se gausser.
Et pour rester toujours dans le cadre de l’IGAS, entendez l’Inspection générale des Affaires sociales, la presse s’est fait l’écho (timide) de la promotion que vient d’y connaître Madame Voynet, l’ex-ministre de l’écologie, l’ex-maire de Montreuil, elle vient d’y être nommée par la volonté du même président qui n’oublie pas nécessairement tous ceux qui ont pu lui rendre de petits services, surtout quand ils sont empreints d’anticommunisme. Il y aurait là aussi à gloser et à se gausser. Et vivent les économies budgétaires !
Comme il y aurait à faire du côté de l’actuelle ministre de l’écologie, une certaine Ségolène Royal qui défraie la chronique, en interdisant les décolletés dans son ministère, en imposant un huissier qui précède ses pas pour qu’on se lève à son passage, en imposant le silence dans les couloirs : son patronyme lui aurait-il fait oublier que depuis 1789 la royauté et la société des privilèges qu’elle imposait ont été abolies.
Conclusion provisoire : ils les cumulent, en grand et en petit. Ils font le bonheur des chroniqueurs en tous genres. Merci pour eux.
Mais ils oublient l’essentiel : le pays qui souffre, les plus humbles qui trinquent, le monde qui travaille quand il le peut,  ceux qui aspirent à changer le monde pour plus de justice, de solidarité, de démocratie. Le 1° mai, le 15 mai, le 23 mai, le 3 juin, tous ceux-là  ont prévu de se faire entendre. Ce n’est qu’un début. Et cela ne me fait pas rire. Ça me met en joie !
Jean-Marie Philibert.

mercredi 23 avril 2014

farandole et carmagnole



Farandole et carmagnole.
Il n’y a pas qu’à Mediapart qu’ils savent des choses, il n’y a pas que la NSA qui a de grandes oreilles pour tout écouter, nous aussi au TC nous écoutons et nous entendons et nous sommes en mesure de faire des révélations époustouflantes sur ce qui se dit dans les plus hautes sphères du pouvoir, pas nécessairement dans les réunions officielles où les propos sont le plus souvent convenus et adaptés à une vérité officielle, supportable et acceptable par le plus grand nombre, mais dans les coulisses, dans les couloirs, dans les antichambres, là où parler clair et cru entre initiés est la règle.
Un témoignage du petit personnel.
Voici ce que des témoins (il faut toujours se méfier du petit personnel) nous ont assuré avoir entendu. Imaginez la scène, nous sommes dans le Palais de l’Elysée, il y a là plusieurs ministres encostumés et propres sur eux qui font les cent pas dans le long couloir menant au salon Murat où se tient régulièrement le conseil des ministres et dont la porte est fermée. Arrive  le premier d’entre eux, d’un pas ferme et assuré, un certain Manuel, il bombe le torse, fait la gueule comme d’habitude. Il est fier, il doit annoncer la mise en œuvre du contrat de confiance. Il piaffe d’impatience devant la porte fermée, il salue à peine ses petits copains ministres. Il s’adresse à la cantonade :
« -Où est François ? Encore en retard ! Je n’ai pas vu son scooter dans la cour !  Avec moi, ça ne sera pas comme avec Ayrault, je vais le secouer. Le club des endormis, c’est terminé ! Au turbin, et vite !
Vite, des mesures fortes.
-Oh ! Oui tu as raison, Manu, comme tu l’as si bien dit, le peuple est inquiet, il l’a dit aux municipales. Il faut faire vite, il faut des mesures fortes, il faut trouver de l’argent pour faire plaisir à l’Europe, aux patrons, à la finance ; ça suffit de vivre au-dessus de ses moyens… (C’est un obscur ministre qui répond à manuel),
-Avec moi, ils ne seront pas déçus. On ne peut pas continuer comme ça. Gattaz l’a bien dit, le SMIC est beaucoup trop élevé, les retraités n’arrêtent pas de se gaver, les chômeurs veulent continuer à être payés à ne rien faire, les salariés veulent gagner toujours plus et travailler toujours moins, les précaires ne veulent plus l’être, les fonctionnaires croient qu’on va encore les supporter longtemps. Mais dans quel pays vivons-nous ? »
Et tous de reprendre en chœur « dans quel pays vivons-nous ? »
Et le Manu de poursuivre :
Le Waterloo des droits sociaux.
« Ecoutez, il faut un choc violent. Ils croient  qu’ils sont encore dans le monde des bisounours, que l’état va continuer à les cajoler, les dorloter. Ils croient que le PS est à gauche. Ils croient au Père Noël toute l’année et à tous les âges. Profitons de nos amis syndicalistes ramollos (vous voyez de qui il s’agit). Faisons leur avaler toutes les couleuvres d’un coup : non seulement on ne va rien leur donner pendant des mois et des mois, les retraites ne seront pas augmentées, les salaires non plus, les allocations multiples et variées seront rognées, supprimées, les médicaments, les soins médicaux seront de moins en moins remboursés… Le Waterloo des droits sociaux, mais l’acmé des marché financiers (je parle bien n’est-ce-pas ?) ! Ils seront sans protection, tout nus. Et puis nous sommes socialistes quand même : quel meilleur signe d’égalité entre les citoyens que de les mettre tous à poil, plus de différences sociales…
-A poil ! Tout le monde à poil ! Les grands, les petits… »
Et tous les ministres nouveaux et anciens de fredonner cet air connu, les plus téméraires  esquissent les pas d’une farandole dans les couloirs du palais de la République autour d’un Manu, raide comme un piquet et plus matador que jamais…
« Euh ! Les enfants, qu’est-ce qu’il vous arrive ? Coucou, je suis là ! » C’est François Hollande qui arrive pour se mêler timidement  à la farandole.
Les témoins oculaires de la scène, qui dans ces lieux de pouvoir en ont vu de toutes les couleurs,  n’en croient pas leurs yeux et leurs oreilles. Ils décident de tout raconter.
A  cette farandole ministérielle, opposons notre carmagnole à nous, cette farandole des révolutionnaires qui en a fait trembler plus d’un.
Jean-Marie Philibert.

mercredi 16 avril 2014

le feuilleton 3ème épisode



Le feuilleton de la gauche
Rappel des épisodes précédents : après un double accident, deux dimanches consécutifs, la gauche qui souffre de multiples blessures est hospitalisée depuis plusieurs jours déjà. Elle souffre ; elle tente de comprendre ce qui a pu se passer, qui est responsable. Elle prend très vite conscience que ceux qui se prétendaient ses meilleurs amis (la bande à Hollande) l’ont laissé tomber. Même pas un coup de fil pour prendre de ses nouvelles. Elle est seule et tristounette dans sa chambre.
L’atmosphère lourde de l’hôpital commence à lui peser ; les bruits de la ville qui lui parviennent lui rappellent  que la vraie vie est ailleurs et il lui tarde d’y reprendre toute sa place. Le personnel de l’hôpital lui a dit qu’ils étaient nombreux dehors à être inquiets pour elle, à faire des vœux pour qu’elle recouvre sa santé, sa force, sa place, qu’ils ont même manifesté le 12 avril pour qu’elle guérisse le plus rapidement possible. Elle est faite d’espoirs, la gauche, elle espère donc.
On frappe.
Toc-toc ! On frappe à la porte de sa chambre … Enfin de la visite, peut-être ? Deux têtes, connues, apparaissent dans l’entrebâillement. Ils ont l’air intimidé et ils ouvrent de grands yeux pour bien regarder celle qui leur donne quelques soucis, et se faire une idée de son état de santé réel.
« -Tu nous as fait bien peur, tu sais !  Cela nous fait un énorme plaisir de te voir, et les nouvelles que l’on nous a données sont relativement optimistes. On t’a apporté un bouquet pour enjoliver ta chambre, mais on a évité les roses, tu comprends pourquoi. Les épines tu as eu ta dose !
Pierre et Jean-Luc.
-Pierre et Jean-Luc, vous me faites extrêmement plaisir et je vous attendais, je savais que vous seriez les premiers à vous soucier de moi. J’ai des choses à vous dire et je ne vais pas m’en priver… »
Du bruit dans le couloir ! Toc-Toc ! Sans attendre de réponse, une troupe de joyeux gauchistes qui font un ramdam pas possible entre en masse dans la petite chambre.
« Salut ! Camarade la gauche ! Le peuple est avec toi… »
Elle reconnaît là des amis, turbulents, qui lui ont causé bien des inquiétudes, il y a Olivier, Alain, et quelques autres.
Les verts.
Re-toc-toc ! Une petite troupe de jeunes gens et de jeunes filles, plutôt du genre BCBG et tous vêtus de vêtements verts s’agglutine à son tour dans la chambre.
« On ne savait pas trop si on devait venir ou pas, on a décidé à une très courte majorité de ne pas participer au gouvernement Valls  et de venir te saluer parce que parfois les verts penchent un peu à gauche. »
La gauche est émue de cette sollicitude, de ces marques d’affection, mais elle garde la tête sur les épaules. Pour une fois où je les ai tous ensemble autour de moi, je pourrais le  leur dire ce que je pense vraiment.
« Ecoutez mes amis ! L’heure est grave : l’extrême droite  gagne du terrain en se parant des vertus de la démocratie, les media lui font la courte échelle, la droite qui était exsangue s’est refait une santé en étant plus à droite que jamais, les socialistes se mettent à singer la droite en ne faisant que des risettes au patronat, Gattaz jubile. Pour défendre le peuple, il n’y a plus que nous. Mais ce « nous » n’aura aucune efficacité, s’il n’est fait que de bric et de broc, s’il n’est fait que des idées différentes et pas nécessairement lumineuses des uns contre les autres. On ne s’en sortira qu’ensemble, qu’en attaquant  ces puissances financières qui nous font crever, qu’en acceptant de faire de notre pluralisme une richesse, et non plus un handicap, qu’en écoutant ce que dit le peuple et non pas ce que parfois nous lui faisons dire, qu’en travaillant au plus large rassemblement politique et syndical pour construire les conquêtes nouvelles qui aujourd’hui nous font cruellement défaut. U-NI- TE, mes amis, mes camarades ; Ces derniers temps, vous faisiez le contraire. Il faut arrêter les bêtises, parce que le peuple, à force, ne vous le pardonnera pas, ni à vous, ni à moi. »
Ils sont tous un peu penauds ; ils ne s’attendaient pas à être aussi rapidement confrontés à leurs responsabilités. Certains regardent le plafond. D’autres baissent les yeux. Les plus ambitieux se mettent à siffler l’internationale …
La suite au prochain numéro…Non ! Non ! La suite, nous l’écrirons ensemble !

Jean-Marie Philibert.