Farandole
et carmagnole.
Il n’y a pas qu’à Mediapart qu’ils savent des choses, il n’y
a pas que la NSA qui a de grandes oreilles pour tout écouter, nous aussi au TC
nous écoutons et nous entendons et nous sommes en mesure de faire des
révélations époustouflantes sur ce qui se dit dans les plus hautes sphères du
pouvoir, pas nécessairement dans les réunions officielles où les propos sont le
plus souvent convenus et adaptés à une vérité officielle, supportable et
acceptable par le plus grand nombre, mais dans les coulisses, dans les
couloirs, dans les antichambres, là où parler clair et cru entre initiés est la
règle.
Un
témoignage du petit personnel.
Voici ce que des témoins (il faut toujours se méfier du petit
personnel) nous ont assuré avoir entendu. Imaginez la scène, nous sommes dans
le Palais de l’Elysée, il y a là plusieurs ministres encostumés et propres sur
eux qui font les cent pas dans le long couloir menant au salon Murat où se
tient régulièrement le conseil des ministres et dont la porte est fermée.
Arrive le premier d’entre eux, d’un pas
ferme et assuré, un certain Manuel, il bombe le torse, fait la gueule comme
d’habitude. Il est fier, il doit annoncer la mise en œuvre du contrat de
confiance. Il piaffe d’impatience devant la porte fermée, il salue à peine ses
petits copains ministres. Il s’adresse à la cantonade :
« -Où est François ? Encore en retard ! Je
n’ai pas vu son scooter dans la cour !
Avec moi, ça ne sera pas comme avec Ayrault, je vais le secouer. Le club
des endormis, c’est terminé ! Au turbin, et vite !
Vite, des
mesures fortes.
-Oh ! Oui tu as raison, Manu, comme tu l’as si bien dit,
le peuple est inquiet, il l’a dit aux municipales. Il faut faire vite, il faut
des mesures fortes, il faut trouver de l’argent pour faire plaisir à l’Europe,
aux patrons, à la finance ; ça suffit de vivre au-dessus de ses moyens…
(C’est un obscur ministre qui répond à manuel),
-Avec moi, ils ne seront pas déçus. On ne peut pas continuer
comme ça. Gattaz l’a bien dit, le SMIC est beaucoup trop élevé, les retraités
n’arrêtent pas de se gaver, les chômeurs veulent continuer à être payés à ne
rien faire, les salariés veulent gagner toujours plus et travailler toujours
moins, les précaires ne veulent plus l’être, les fonctionnaires croient qu’on
va encore les supporter longtemps. Mais dans quel pays
vivons-nous ? »
Et tous de reprendre en chœur « dans quel pays
vivons-nous ? »
Et le Manu de poursuivre :
Le Waterloo
des droits sociaux.
« Ecoutez, il faut un choc violent. Ils croient qu’ils sont encore dans le monde des
bisounours, que l’état va continuer à les cajoler, les dorloter. Ils croient
que le PS est à gauche. Ils croient au Père Noël toute l’année et à tous les
âges. Profitons de nos amis syndicalistes ramollos (vous voyez de qui il
s’agit). Faisons leur avaler toutes les couleuvres d’un coup : non
seulement on ne va rien leur donner pendant des mois et des mois, les retraites
ne seront pas augmentées, les salaires non plus, les allocations multiples et
variées seront rognées, supprimées, les médicaments, les soins médicaux seront
de moins en moins remboursés… Le Waterloo des droits sociaux, mais l’acmé des
marché financiers (je parle bien n’est-ce-pas ?) ! Ils seront sans
protection, tout nus. Et puis nous sommes socialistes quand même : quel
meilleur signe d’égalité entre les citoyens que de les mettre tous à poil, plus
de différences sociales…
-A poil ! Tout le monde à poil ! Les grands, les
petits… »
Et tous les ministres nouveaux et anciens de fredonner cet
air connu, les plus téméraires
esquissent les pas d’une farandole dans les couloirs du palais de la
République autour d’un Manu, raide comme un piquet et plus matador que jamais…
« Euh ! Les enfants, qu’est-ce qu’il vous arrive ? Coucou,
je suis là ! » C’est François Hollande qui arrive pour se mêler
timidement à la farandole.
Les témoins oculaires de la scène, qui dans ces lieux de
pouvoir en ont vu de toutes les couleurs,
n’en croient pas leurs yeux et leurs oreilles. Ils décident de tout
raconter.
A cette farandole
ministérielle, opposons notre carmagnole à nous, cette farandole des
révolutionnaires qui en a fait trembler plus d’un.
Jean-Marie Philibert.
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