Faire le
ménage !
Rappel des
épisodes précédents : nous avons laissé la gauche sur le bord d’une route
où elle venait d’être victime d’un double accident qui l’avait laissée mal en point.
Les secours étaient à son chevet…
Les choses vont-elles mieux ? La situation est confuse autour d’elle. Les
chocs ont été rudes et elle a du mal à se remettre. Elle a été admise à
l’hôpital et elle risque d’y rester un bon bout de temps. Cela ne semble pas
émouvoir les membres éminents du parti socialiste qui la mettaient à toutes les
sauces quand elle allait bien et qui là en quelques jours semblent totalement
l’oublier.
Elle pense.
Elle est malheureuse, la gauche, et elle fait une des rares
choses que l’on est capable de faire sur un lit d’hôpital : elle pense.
« Ils sont pas gênés quand même, ils m’ont mis dans la
panade, ils se sont servis de moi de façon éhontée, ils étaient tous de gauche,
ils n’avaient que ce mot à la bouche. La réforme des retraites, on peut pas
faire mieux, c’est la gauche, le pacte de responsabilité, c’est la gauche. Tu
parles ! J’ai mal partout et quand je pense à ça, j’ai encore plus mal. Ce
qui ne cessera pas de me surprendre, c’est qu’ils ont trouvé des gens pour le
croire et le répéter. Mais perdre ainsi la boussole : croire qu’en
réduisant les cotisations patronales pour les allocations familiales, on va
contraindre les patrons à créer des emplois, croire qu’en réduisant les droits
des chômeurs, on va lutter contre le chômage, croire qu’en supprimant des
remboursements de la sécurité sociale, on va mieux se soigner, croire qu’en rognant sur les moyens des
hôpitaux, on peut leur permettre d’être plus efficaces… Tiens cela fait demi-heure
que j’‘ai sonné pour appeler l’infirmière et j’attends toujours. C’est sans
doute parce qu’il y a pléthore de personnels. Ces gens-là ne connaissent pas la
vraie vie, ou plutôt ils s’en foutent de la vraie vie. Ne compte que leur
pouvoir, pas ce qu’ils en font. De toute façon ils n’en font que ce qui est
capable de le leur préserver le plus longtemps possible…
La
preuve :
On a la preuve sous les yeux : l’électorat de gauche,
mon électorat, n’était pas content et il l’a dit aux municipales, il a dit que
ce n’était pas bien d’avoir dit qu’on allait s’attaquer à la finance et de
faire le contraire, il a dit que ça ressemblait à une trahison. Et pan sur les
doigts socialistes privés de pouvoirs municipaux dans de nombreuses
villes ! Que croyez-vous qu’il arrivât ? Qu’Hollande, le grand
lucide, le grand stratège, comprenne la leçon, et donne un coup de barre à
gauche, un pédalo, ça va où on veut ! Eh bien non, il s’était caché
pendant des mois derrière Ayrault, l’endormi, pour nous faire avaler les
couleuvres ; là il va chercher celui qui pense qu’il suffit de faire la
gueule pour faire croire que l’on est un dur de dur et que vous allez voir ce
que vous allez voir et que même la droite l’apprécie. Donc à droite
toute !
Que la gauche soit mal
en point, il s’en tamponne le coquillard et il n’est pas le seul. Aucun n’est
venu me voir à l’hôpital ! Ils sont sans doute trop occupés à tout faire
pour tenter de sauver leurs portefeuilles. Et le portefeuille on peut le mettre
où on veut, à gauche, mais aussi à droite, c’est parfois plus sûr !
C’est pas malheureux : se nourrir de l’espoir et puis
sans vergogne le trahir. Il va falloir faire un sacré ménage. Dès que je sors
de là avec tous ceux qui savent encore que le progrès, la solidarité, la
justice sociale sont des mots riches de sens, il faut se lancer dans la grande
lessive… »
Ça peut commencer très vite dans la rue, le 12 Avril, aux
Européennes en mai avec la vraie gauche. La seule.
Jean-Marie Philibert.
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