Le feuilleton de la gauche
Rappel des épisodes
précédents : après un double accident, deux dimanches consécutifs, la
gauche qui souffre de multiples blessures est hospitalisée depuis plusieurs
jours déjà. Elle souffre ; elle tente de comprendre ce qui a pu se passer,
qui est responsable. Elle prend très vite conscience que ceux qui se
prétendaient ses meilleurs amis (la bande à Hollande) l’ont laissé tomber. Même
pas un coup de fil pour prendre de ses nouvelles. Elle est seule et
tristounette dans sa chambre.
L’atmosphère
lourde de l’hôpital commence à lui peser ; les bruits de la ville qui lui
parviennent lui rappellent que la vraie
vie est ailleurs et il lui tarde d’y reprendre toute sa place. Le personnel de
l’hôpital lui a dit qu’ils étaient nombreux dehors à être inquiets pour elle, à
faire des vœux pour qu’elle recouvre sa santé, sa force, sa place, qu’ils ont
même manifesté le 12 avril pour qu’elle guérisse le plus rapidement possible.
Elle est faite d’espoirs, la gauche, elle espère donc.
On frappe.
Toc-toc !
On frappe à la porte de sa chambre … Enfin de la visite, peut-être ? Deux
têtes, connues, apparaissent dans l’entrebâillement. Ils ont l’air intimidé et
ils ouvrent de grands yeux pour bien regarder celle qui leur donne quelques
soucis, et se faire une idée de son état de santé réel.
« -Tu
nous as fait bien peur, tu sais !
Cela nous fait un énorme plaisir de te voir, et les nouvelles que l’on
nous a données sont relativement optimistes. On t’a apporté un bouquet pour
enjoliver ta chambre, mais on a évité les roses, tu comprends pourquoi. Les
épines tu as eu ta dose !
Pierre et Jean-Luc.
-Pierre
et Jean-Luc, vous me faites extrêmement plaisir et je vous attendais, je savais
que vous seriez les premiers à vous soucier de moi. J’ai des choses à vous dire
et je ne vais pas m’en priver… »
Du
bruit dans le couloir ! Toc-Toc ! Sans attendre de réponse, une
troupe de joyeux gauchistes qui font un ramdam pas possible entre en masse dans
la petite chambre.
« Salut !
Camarade la gauche ! Le peuple est avec toi… »
Elle
reconnaît là des amis, turbulents, qui lui ont causé bien des inquiétudes, il y
a Olivier, Alain, et quelques autres.
Les verts.
Re-toc-toc !
Une petite troupe de jeunes gens et de jeunes filles, plutôt du genre BCBG et
tous vêtus de vêtements verts s’agglutine à son tour dans la chambre.
« On
ne savait pas trop si on devait venir ou pas, on a décidé à une très courte
majorité de ne pas participer au gouvernement Valls et de venir te saluer parce que parfois les
verts penchent un peu à gauche. »
La
gauche est émue de cette sollicitude, de ces marques d’affection, mais elle
garde la tête sur les épaules. Pour une fois où je les ai tous ensemble autour
de moi, je pourrais le leur dire ce que
je pense vraiment.
« Ecoutez
mes amis ! L’heure est grave : l’extrême droite gagne du terrain en se parant des vertus de
la démocratie, les media lui font la courte échelle, la droite qui était
exsangue s’est refait une santé en étant plus à droite que jamais, les
socialistes se mettent à singer la droite en ne faisant que des risettes au
patronat, Gattaz jubile. Pour défendre le peuple, il n’y a plus que nous. Mais
ce « nous » n’aura aucune efficacité, s’il n’est fait que de bric et
de broc, s’il n’est fait que des idées différentes et pas nécessairement
lumineuses des uns contre les autres. On ne s’en sortira qu’ensemble, qu’en
attaquant ces puissances financières qui
nous font crever, qu’en acceptant de faire de notre pluralisme une richesse, et
non plus un handicap, qu’en écoutant ce que dit le peuple et non pas ce que
parfois nous lui faisons dire, qu’en travaillant au plus large rassemblement
politique et syndical pour construire les conquêtes nouvelles qui aujourd’hui
nous font cruellement défaut. U-NI- TE, mes amis, mes camarades ; Ces
derniers temps, vous faisiez le contraire. Il faut arrêter les bêtises, parce
que le peuple, à force, ne vous le pardonnera pas, ni à vous, ni à moi. »
Ils
sont tous un peu penauds ; ils ne s’attendaient pas à être aussi
rapidement confrontés à leurs responsabilités. Certains regardent le plafond.
D’autres baissent les yeux. Les plus ambitieux se mettent à siffler
l’internationale …
La
suite au prochain numéro…Non ! Non ! La suite, nous l’écrirons ensemble !
Jean-Marie
Philibert.
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