les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mardi 27 mai 2014

le péché



Le péché de Kerviel.
Pour entrer dans la culture judéo-chrétienne qui, quoi qu’on dise, ou quoi qu’on pense, a contribué à fonder nos modes de pensée, la voie du péché est une voie royale. C’est la voie que je souhaite vous faire emprunter, le temps de ce billet d’humeur. N’ayez crainte, je n’ai aucune volonté diabolique de vous pervertir.  Seulement l’ambition de pénétrer avec vous dans l’âme (tiens !) humaine.
L’affaire Kerviel qui ré-occupe l’univers médiatique depuis que le susnommé après avoir connu l’onction papale a fait la connaissance des geôles de Menton m’en fournit l’occasion.  Kerviel, vous connaissez, c’est ce trader de la Société générale qui a pris des risques fous en gérant l’argent de sa banque en abusant d’un peu tout le monde, en multipliant dans un premier temps les gains sous le regard admiratif de tous, , en allant toujours plus loin dans le non-respect des règles, jusqu’à … la chute, le trou noir, la dégringolade, l’impossibilité de camoufler quoi que ce soit, les milliards perdus par la banque, l’arrestation, le procès….La faute, le péché et la punition.
Fabriquer de l’or sur du vent.
Le péché d’orgueil sûrement devant le sentiment de toute-puissance face à l’argent que lui offrait son métier : il fabriquait de l’or sur du vent pour ses patrons qui ne tarissaient pas d’éloges pour lui ; ses résultats professionnels étonnaient son entourage ; il semblait, lui, en mesure de rivaliser avec cette divinité financière qui nous obsède tous les mois, le saint pognon, il le multipliait comme les petits pains, à l’image du christ. Pendant que nous, nous courons après sans jamais l’attraper.
La faute était impardonnable et elle n’a pas été pardonnée.
 Kerviel a été condamné, comme un coupable solitaire qui a contrevenu aux sacro-saintes lois de la morale financière : tu ne toucheras pas au pognon qui ne t’appartient pas. Ça, c’est un péché. L’incurie, la naïveté ( ?), la duplicité de ses patrons sont certainement des erreurs, mais pas des péchés. Il est donc facile de les faire oublier.
La rédemption.
Pour les péchés, c’est plus délicat, mais pas désespéré, la culture judéo-machinchouette dont nous avons déjà parlé a tout prévu : après la faute, le pardon, après le péché, la rédemption. La rédemption impose une cure d’humilité : au moment du péché on faisait le fier, après le péché on devient tout petit, tout fragile, tout faible. Kerviel a bien senti cette obligation de changer de registre, d’autant qu’il avait en face de lui la toute-puissance des banques et toute la collusion dont elles sont capables avec l’état qui, c’est connu, préfère l’argent aux hommes. C’est guidé par cette nécessité qu’il a entrepris son pèlerinage à pied à Rome, qu’il a touché la main du pape, et qu’il en est revenu si ce n’est absous, au moins quelque peu allégé du fardeau du péché.
Reste la dernière étape : celle qui peut demander le plus de temps, mais qui semble dans ses cordes. L’étape de la transfiguration : le pécheur est transformé en son contraire, il peut devenir héros vertueux, parangon d’honnêteté. Dans son cas cela pourrait être génie de la lutte anticapitaliste et pourfendeur de la nocivité diabolique des banques. Le péché aura là terminé son parcours, puisqu’il  a transformé le mal en bien… et que tout peut continuer comme avant… jusqu’au prochain péché.
Les péchés en eaux troubles.
Je crois que beaucoup de nos grands pécheurs devraient méditer sur le péché de Kerviel, ils devraient s’en inspirer plutôt que de finasser avec une justice qui risque de les rattraper et avec une opinion publique qui ne les croit qu’à moitié. Les DSK, les Cahuzac, les Tapie et consort, cessez de jouer les oies blanches et redevenez les pécheurs que nous sommes tous. Humblement.
Parce que c’est là la super-réussite de la culture judéo-machin-truc : pécheurs, nous sommes, pécheurs, nous resterons. Tous, tous, tous !
Tout le reste est dérisoire et inutile: comme par exemple notre prétention à changer le monde, comme notre volonté de réduire le pouvoir de la finance, comme notre ambition d’un monde solidaire, comme notre folie de croire à l’engagement responsable.
Dérisoire ? Inutile ? L’espérance du peuple !
Dérisoire, le plein emploi ? Les salaires décents ? Le progrès social ?
Sus au péché ! Il est grand temps d’en finir avec tous ces péchés en eaux troubles et ces idéologies qui nous enfarinent.
Jean-Marie Philibert.

dimanche 18 mai 2014

choses vues ou pas



CHOSES VUES OU PAS !
Première chose vue (ou presque) :
La semaine dernière, quand notre vénéré président fêtait les deux premières années de son mandat, un événement a été rapporté à la rédaction du T.C. qui est un scoop absolu et qui n’a eu que très peu de témoins. Nous nous faisons donc un devoir de le faire connaître : même si pour nos lecteurs il ne constitue pas une grande découverte. En effet ce jour-là, au moment du repas, des témoins fiables ont vu rue du Faubourg Saint Honoré, aux portes de l’Elysée, le patron des patrons, Gattaz II°, qui sonnait à la porte du palais de la république avec un magnifique gâteau d’anniversaire flanqué de deux bougies. Interpellé par des passants il n’a pas voulu dire ce qu’il venait faire là, mais nos espions à l’intérieur ont confirmé nos soupçons. Cet anniversaire a été entièrement financé par le patronat en remerciement des services rendus.
Autre chose vue :
Depuis qu’il a décidé de faire ce qu’il avait dit qu’il ne ferait pas, c’est-à-dire être à la fois maire de Perpignan et président de l’agglo, le maire de Perpignan a décidé  d’organiser tous les matins un footing, avec toute son équipe, qui part de la mairie du centre-ville pour se rendre au siège de l’agglo derrière la gare. Donc tous les jours sur les coups de onze heures vous pouvez les apercevoir en tenue sportive et en petites foulées. Cette initiative n’a que des avantages : on voit le maire et son équipe au travail et on coupe court à des rumeurs malveillantes, on constate de visu la forme physique de nos élus et l’avenue de la gare que l’on avait un temps envisagé d’appeler l’avenue Nobody, puisqu’on n’y voyait plus personne, connaît ainsi un regain d’activité. C’est un spectacle que nous vous recommandons. Il fait plaisir à voir.
Encore une autre chose vue.
Là nous sortons des frontières du département qui, et c’est normal, en matière d’expression de la bêtise n’a aucune monopole. Les lycéens d’un établissement scolaire nantais  avaient prévu d’organiser une journée de la jupe qui consiste pour les garçons et les filles  ensemble à porter ce jour-là une jupe pour dénoncer le machisme ambiant qui dans les établissements scolaires pousse les filles à éviter de mettre des jupes et à nier leur féminité en suivant le grégarisme imposé par une phallocratie galopante. Que croyez-vous qu’il arriva, les réacs locaux, adversaires du mariage pour tous, et phobiques de la théorie du genre, ont crié au scandale, ont tenté de s’opposer à l’initiative des jeunes et il a fallu faire appel à la police. Comme si la police pouvait quelque chose contre la sottise !
Une chose pas encore vue, mais lue dans la presse bien informée.
Vous pourrez bientôt faire dodo dans l’avion et dans un vrai lit. Vous ne serez plus obligé de vous tordre en quatre, en six, ou en huit pour tenter de piquer un petit roupillon dont vous sortez le plus souvent cassé. En effet les compagnies aériennes envisagent très sérieusement d’installer des couchettes dans les avions : c’est une exigence nouvelle de la clientèle richissime, en particulier celle des émirats arabes. L’hôtesse pourra venir vous border dans votre couchette en vous faisant le poutou du soir. Mais ne rêvez pas, l’espace nécessaire à ces nouvelles installations sera pris en rognant encore un peu plus sur l’espace accordé au voyageurs de la classe économique, qu’il serait même envisagé d’inciter pour pouvoir s’allonger à s’empiler les uns sur les autres, du sol au plafond de la carlingue. On le fait bien pour les marchandises. Comme cela il n’y aurait pas de discrimination, tout le monde serait couché !
Dernière chose, ni vue, ni lue, ni entendue.
A propos de l’affaire Alstom, un fleuron de notre industrie qu’on s’apprête à livrer aux américains ou aux allemands, le mot nationalisation semble avoir disparu du vocabulaire de la langue française, il n’a été ni vu, ni lu, ni entendu dans les discours autorisés.
Jean-Marie Philibert.

mardi 13 mai 2014

l'usap toujours



Le théorème de l’USAP
Sempre en davan !  Maï morirem !
Pour quelques temps, et pour les usapistes confirmés-pur-jus- avec-des-quartiers-de catalanité-derrière, c’est passablement compromis et c’est terriblement douloureux. A lire la prose qui déferle dans les périodiques locaux on ne peut qu’être consternés, abasourdis, confrontés à une interrogation majeure : « Comment, avec un effectif de 35 joueurs dont 20 internationaux, un titre de champion 2009, une finale en 2010, un club qui n’a jamais quitté l’élite en 103 ans peut-il descendre en pro D2 ? » C’est ce qu’écrit un supporter effondré pour qui la Pro D 2 semble un équivalent de l’ENNNNFFFFFEEEERRRR… Si j’ai choisi de vous parler des mésaventures de l’USAP et des souffrances des usapistes, ce n’est pas pour me moquer. J’ai été nourri de ce lait-là par mon pépé qui m’amenait régulièrement au stade suivre les exploits d’une équipe de géants qui enthousiasmaient. Mon destin est quasiment parallèle avec celui de l’USAP : Ils ont été champions de France en 1955 et moi en 1955, j’ai été reçu à l’examen d’entrée en 6° ? C’est dire s’il s’agit là d’évènements marquants, ineffaçables de ma mémoire.
Le sens d’un refus.
Eh bien ! Dans quelques mois, l’USAP risque de ne plus être l’USAP dans l’enfer de la pro D2 et je saisis cette occasion pour m’interroger  sur le sens de ce refus d’une telle descente aux enfers vécue comme un outrage personnel et infamant par beaucoup de ceux qui vouaient à leur équipe préférée un attachement réel et régulier. Ici, l’attachement est à prendre dans son sens propre puisqu’il repose sur une identification très étroite entre le supporter et son équipe. Ainsi se construit un sentiment collectif qui nous rassemble, qui construit notre destin commun et qui va proportionnellement aux victoires sportives obtenues nous valoriser ou pas. Que les enjeux ne soient que sportifs et quelque peu dérisoires, importe peu : ce qui compte, c’est le fait que dans ce collectif-là j’existe, sans nécessairement y perdre mon âme ! Bien sûr il y a du business là-dessous  qui lui ne rêve pas, il encaisse. Mais passons, ce n’est pas là mon propos.
Mon propos est dans cette identification dans le collectif, dans le rejet de l’adversité, dans la volonté de continuer à se battre : il y a là du sens, un sens auquel on aurait intérêt à être plus attentif en particulier sur le terrain social et politique.
Sur le terrain social et politique.
Prenons l’action syndicale : pour l’avoir longuement expérimenté, avec les succès les plus divers, le théorème de l’USAP est aussi efficace que sur le stade. Si les camarades, comme on dit encore, se reconnaissent dans les mots d’ordre, dans les revendications, dans les finalités de l’initiative envisagée, vous pouvez être sûr de son effet d’entraînement et de la participation massive à la grève, à la manifestation. Une des difficultés actuelles avec le mouvement social tient à son éclatement, à sa dispersion qui fait les beaux jours du pouvoir en place  parce que la masse des salariés, en dépit des difficultés concrètes qu’il a du mal à affronter, ne s’y reconnaît que partiellement.
Sur le plan politique, dans le cadre de la gauche de la gauche, la place prise par le Front de Gauche aux dernières présidentielles a représenté  une percée sérieuse. S’y sont reconnus tous ceux qui aspirent à bousculer un peu les choses pour que la société et nos destins soient plus justes. Nouvelle illustration du théorème de l’USAP : cette volonté de ne pas accepter la régression sociale, comme horizon indépassable était un sentiment collectif fort. Et il le reste : à nous d’être vigilants pour le renforcer dans les pratiques les plus unitaires et dans notre vote aux européennes. C’est un pôle de résistance précieux avec la perspective d’une transformation sociale profonde.
Parce que ce qu’on nous propose en face dans les différentes boutiques n’a aucune chance de susciter le moindre courant d’adhésion : élire une majorité de députés socialistes au Parlement européen… quand on voit ce qu’ils font au parlement français… on ne s’enthousiasme pas. Accepter un pacte de responsabilité qui va nous enfoncer un peu plus dans la mouise… faut être masochiste. Quant à accepter une nouvelle couche d’austérité… Le cauchemar des Grecs serait-il notre seul avenir ?
Non ! Non ! Défendre ce que l’on croit juste, le défendre avec tous ceux qui ont chevillé au corps et au cœur l’espoir d’un monde possible et humain à construire d’urgence, devrait susciter des adhésions, des attachements anciens et nouveaux, des sympathies de toutes les couleurs, des engagements affectifs et volontaires comme ceux que l’USAP ne cesse d’enfanter malgré les difficultés de l’heure.
La vérité du théorème de l’USAP est moins folklorique que l’on pourrait le penser. Sempre en davan !
Jean-Marie  Philibert.