les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 5 mai 2014

monochromes



Monochromes
La rue est un lieu de création et d’invention. Les artistes contemporains l’ont investie à travers le street-art, et son côté éphémère, provocateur. Mais la manifestation de rue peut être aussi un lieu où la créativité de ceux qui ont quelque chose à dire, à défendre, à montrer s’exprime avec souvent une grande originalité. La manifestation du premier mai à Perpignan en a fait une nouvelle fois la démonstration. Aux drapeaux des organisations syndicales ou politiques, clairement identifiées, aux banderoles  aux slogans revendicatifs explicites, s’étaient joints  quelques banderoles monochromes, d’un jaune riche et soutenu, d’un rouge étrange et séduisant, des drapeaux toujours monochromes, mais aux tonalités plus diverses et nettement plus sombres, des marron des verts, des noirs qui n’avaient rien d’autre à dire et à afficher que leur couleur et leur silence. Renseignement pris, il y avait des artistes (jeunes) derrière l’initiative et les étudiants des beaux-arts de Perpignan avaient voulu marquer leur présence, susciter notre curiosité et peut-être aussi nous faire réfléchir.
Le monde qui tourneboule.
Et je suis persuadé que le moment était bien choisi, parce que nous avons plus que jamais besoin de cette réflexion dans un monde qui tourneboule.  Un pouvoir qui n’a de socialiste que le nom. Des régressions sociales présentées comme des promesses d’avenir. Des fascistes  dans les urnes. Des précaires et des chômeurs comme s’il en pleuvait. Un pouvoir d’achat en berne pour le plus grand nombre… et le pire est à venir…Une situation sociale et économique qui ne satisfait que Gattaz. Et Valls qui vient nous expliquer que cela ira beaucoup mieux quand nous aurons voté massivement socialiste aux élections européennes pour mettre en place une majorité social-démocrate au parlement européen, celle qui gère avec la droite depuis des lustres toutes les reculades que l’Europe nous impose. IL veut nous enfariner. Comment retrouver ses petits là-dedans ? Alors vivent les monochromes !
Redessinons.
D’autant que les troubles ne sont pas qu’externes au mouvement social. Certes ça résiste, ça manifeste, ça va faire grève le 15 mai. Mais comprenne qui pourra le satisfecit accordé par quelques syndicats complaisants au contrat de confiance. Mais comment se satisfaire d’une division récurrente de tous ceux qui se veulent partisans d’une transformation profonde de la société ?  Comment faire avec les tiraillements qui agitent y compris le Front de Gauche ? Il serait pour le moins maladroit quand on vient de sortir de l’ornière, et ce n’était pas très lointain les présidentielles, de tout faire pour y retomber. Il y a un espoir à reconstruire, à redessiner, à ré-imaginer. C’est cela que je lis dans les monochromes du premier mai à Perpignan. Il y a des formes à trouver ; et elles sont dans les propos de ceux qui, de bonne foi, s’interrogent sur les temps difficiles qui sont les nôtres et sur les issues possibles.
Refonder les valeurs.
 Je pense aux trois textes publiés dans l’Humanité, la semaine dernière,  qui ouvrent un débat essentiel sur la bataille politique qui doit être la nôtre aujourd’hui et qui rappellent que le salut du Front de gauche ne viendra pas d’un leader aussi charismatique soit-il, mais de notre capacité à proposer une alternance, bien à gauche bien sûr, construite sur le rassemblement large et ouvert  de tous les citoyens qui aspirent à voir la société autrement qu’un grand marché où l’humain est à vendre comme le reste. Le PCF, le Front de gauche peuvent être les vecteurs de ces interrogations et de notre capacité à apporter des réponses, qui ne sont pas nécessairement écrites à l’avance, mais auxquelles il faut donner formes et sens pour fonder/refonder la justice sociale, le progrès, la transformation profondément démocratique de notre société, comme nous l’entendons, tous et chacun. Les élections européennes nous en offrent l’occasion.
Sur les monochromes dessinons/redessinons notre avenir. Il n’appartient à personne d’autre de le faire à notre place.
Jean-Marie Philibert.

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