Le théorème
de l’USAP
Sempre en davan !
Maï morirem !
Pour quelques temps, et pour les usapistes confirmés-pur-jus-
avec-des-quartiers-de catalanité-derrière, c’est passablement compromis et
c’est terriblement douloureux. A lire la prose qui déferle dans les périodiques
locaux on ne peut qu’être consternés, abasourdis, confrontés à une
interrogation majeure : « Comment, avec un effectif de 35 joueurs
dont 20 internationaux, un titre de champion 2009, une finale en 2010, un club
qui n’a jamais quitté l’élite en 103 ans peut-il descendre en pro
D2 ? » C’est ce qu’écrit un supporter effondré pour qui la Pro D 2
semble un équivalent de l’ENNNNFFFFFEEEERRRR… Si j’ai choisi de vous parler des
mésaventures de l’USAP et des souffrances des usapistes, ce n’est pas pour me
moquer. J’ai été nourri de ce lait-là par mon pépé qui m’amenait régulièrement
au stade suivre les exploits d’une équipe de géants qui enthousiasmaient. Mon
destin est quasiment parallèle avec celui de l’USAP : Ils ont été
champions de France en 1955 et moi en 1955, j’ai été reçu à l’examen d’entrée
en 6° ? C’est dire s’il s’agit là d’évènements marquants, ineffaçables de
ma mémoire.
Le sens
d’un refus.
Eh bien ! Dans quelques mois, l’USAP risque de ne plus
être l’USAP dans l’enfer de la pro D2 et je saisis cette occasion pour
m’interroger sur le sens de ce refus
d’une telle descente aux enfers vécue comme un outrage personnel et infamant
par beaucoup de ceux qui vouaient à leur équipe préférée un attachement réel et
régulier. Ici, l’attachement est à prendre dans son sens propre puisqu’il
repose sur une identification très étroite entre le supporter et son équipe.
Ainsi se construit un sentiment collectif qui nous rassemble, qui construit
notre destin commun et qui va proportionnellement aux victoires sportives
obtenues nous valoriser ou pas. Que les enjeux ne soient que sportifs et
quelque peu dérisoires, importe peu : ce qui compte, c’est le fait que
dans ce collectif-là j’existe, sans nécessairement y perdre mon âme ! Bien
sûr il y a du business là-dessous qui
lui ne rêve pas, il encaisse. Mais passons, ce n’est pas là mon propos.
Mon propos est dans cette identification dans le collectif,
dans le rejet de l’adversité, dans la volonté de continuer à se battre :
il y a là du sens, un sens auquel on aurait intérêt à être plus attentif en
particulier sur le terrain social et politique.
Sur le
terrain social et politique.
Prenons l’action syndicale : pour l’avoir longuement expérimenté,
avec les succès les plus divers, le théorème de l’USAP est aussi efficace que
sur le stade. Si les camarades, comme on dit encore, se reconnaissent dans les
mots d’ordre, dans les revendications, dans les finalités de l’initiative
envisagée, vous pouvez être sûr de son effet d’entraînement et de la
participation massive à la grève, à la manifestation. Une des difficultés
actuelles avec le mouvement social tient à son éclatement, à sa dispersion qui
fait les beaux jours du pouvoir en place
parce que la masse des salariés, en dépit des difficultés concrètes
qu’il a du mal à affronter, ne s’y reconnaît que partiellement.
Sur le plan politique, dans le cadre de la gauche de la
gauche, la place prise par le Front de Gauche aux dernières présidentielles a
représenté une percée sérieuse. S’y sont
reconnus tous ceux qui aspirent à bousculer un peu les choses pour que la
société et nos destins soient plus justes. Nouvelle illustration du théorème de
l’USAP : cette volonté de ne pas accepter la régression sociale, comme
horizon indépassable était un sentiment collectif fort. Et il le reste : à
nous d’être vigilants pour le renforcer dans les pratiques les plus unitaires
et dans notre vote aux européennes. C’est un pôle de résistance précieux avec
la perspective d’une transformation sociale profonde.
Parce que ce qu’on nous propose en face dans les différentes
boutiques n’a aucune chance de susciter le moindre courant d’adhésion :
élire une majorité de députés socialistes au Parlement européen… quand on voit ce
qu’ils font au parlement français… on ne s’enthousiasme pas. Accepter un pacte
de responsabilité qui va nous enfoncer un peu plus dans la mouise… faut être
masochiste. Quant à accepter une nouvelle couche d’austérité… Le cauchemar des
Grecs serait-il notre seul avenir ?
Non ! Non ! Défendre ce que l’on croit juste, le
défendre avec tous ceux qui ont chevillé au corps et au cœur l’espoir d’un
monde possible et humain à construire d’urgence, devrait susciter des
adhésions, des attachements anciens et nouveaux, des sympathies de toutes les
couleurs, des engagements affectifs et volontaires comme ceux que l’USAP ne
cesse d’enfanter malgré les difficultés de l’heure.
La vérité du théorème de l’USAP est moins folklorique que
l’on pourrait le penser. Sempre en davan !
Jean-Marie Philibert.
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